avril 28, 2024

She-Hulk Avocate

D’Après une Idée de : Jessica Gao

Avec Tatiana Maslany, Ginger Gonzaga, Steve Coulter, Jameela Jamil

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 9

Genre : Super-Héros

Résumé :

Les aventures de l’avocate Jennifer Walters, cousine de Bruce Banner, qui hérite de ses pouvoirs et devient Miss Hulk (She-Hulk en VO).

Avis :

Créé en 1980 par Stan Lee et John Buscema, She-Hulk provient en fait d’une volonté des studios de ne pas se faire piquer une idée par les studios Universal. En effet, à la fin des années 70, le célèbre studio va profiter du succès de L’Homme qui Valait Trois Milliards pour sortir Super Jaimie, et Marvel avait peur de perdre des droits d’auteur sur un personnage potentiellement créable. Du coup, c’est un peu dans la précipitation que Jennifer Walters voit le jour, en plein boum de Hulk, aussi bien en comics qu’à la télévision. Aujourd’hui, le personnage est entré dans la pop culture, mais reste un protagoniste assez secondaire dans l’univers Marvel. Aussi, l’idée d’en faire une courte série via Disney+ est un bon moyen de tâter le pouls du public quant à l’arrivée de cette femme forte dans le MCU.

Pensée comme une sitcom, cette série va raconter le destin comico-tragique de Jennifer Walters, qui va devenir Miss Hulk à la suite d’un accident de voiture avec son cousin, Hulk. Dès lors, on aurait pu croire que le show allait se diriger vers une dualité entre les deux personnalités de l’héroïne, mais très rapidement, ce n’est pas ce qui est recherché par les scénaristes. Le ton léger, le fait de briser le quatrième mur, de jouer avec les codes de la sitcom, tout cela va permettre d’aborder divers thèmes, comme la place de la femme dans un gros cabinet d’avocats, mais aussi l’image que renvoie une femme forte, ou encore la place d’une héroïne dans la société. Plutôt que de se centrer sur le personnage et sa mentalité, on est clairement sur une volonté de replacer la super-héroïne dans un contexte sociétale, afin d’en étudier les réactions autour.

« La série […] aborde des sujets forts, notamment en ce qui concerne la place de la femme au travail, dans la société et lorsqu’elle est médiatisée. »

Et en un sens, c’est malin. En effet, nous avions déjà les interrogations de l’alter ego bestial à la Dr Jekyll et M. Hyde avec Bruce Banner, il n’y avait pas besoin de féminiser tout cela avec Jennifer Walters. Du coup, on se retrouve avec des enjeux plus terre à terre, et qui peuvent surprendre à la vue des super-pouvoirs de Miss Hulk. Il y a un fossé entre ce qui est raconté, et ce à quoi on aurait pu s’attendre, avec sa puissance et ses ennemis. Mais la série connait son matériau de base, avec un personnage rigolo, qui brise le quatrième mur dès son deuxième run en format papier, et tente alors de coller au plus près d’un protagoniste à la fois léger, mais qui aborde des sujets forts, notamment en ce qui concerne la place de la femme au travail, dans la société et lorsqu’elle est médiatisée.

Point de grands méchants donc, mais plutôt des apparitions succinctes de vilains assez drôles, qui n’arrivent jamais à la cheville de l’héroïne. Titania revient sur trois/quatre épisodes, mais elle est plus diva qu’une méchante solide. Leapfrog sera un fils de bourge assez drôle, qui ne sera qu’un faire-valoir pour le retour de Daredevil, qui vole la vedette à tout le monde. Quant à Hulkkking, il ne sera que le reflet d’une société patriarcale qui refuse qu’une femme soit plus forte que des hommes. Il ne faudra pas s’attendre à de gros combats donc, et la plupart des conflits se règleront au tribunal, mettant Miss Hulk dans un milieu professionnel complexe, où encore une fois, la femme n’a pas la même place que l’homme. L’avant-dernier épisode est assez équivoque là-dessus, avec la remise de récompense de l’avocate de l’année, avec plusieurs femmes récompensées au lieu d’une seule.

« Néanmoins, malgré tous ces défauts qui font de la série un non-évènement, on ne peut nier la légère fulgurance de Marvel quant à ses productions. »

Alors bien évidemment, la série contient son lot de déceptions, et certains éléments sont complètement à côté de la plaque. On peut bien évidemment parler des effets spéciaux rincés au possible, ou encore de certaines situations ridicules qui maintiennent un suspens inutile. Mais surtout, la déception viendra d’une conclusion qui souffre d’un réel manque d’enjeu. C’est-à-dire que l’on va suivre huit épisodes qui suivent une trame légère, pour arriver à un final qui déstructure l’ensemble, se voulant trop ambitieux et ne collant pas forcément aux tonalités de toute la série. Certains éléments s’imbriquent mal, comme le personnage d’Emil Blonsky qui ne sert à rien, et d’autres deviennent carrément ridicules, à l’image de Hulkkking et de son complexe d’infériorité. De même, certains protagonistes sont finalement renvoyés au rang de faire-valoir, comme la meilleure amie de Jennifer ou son associé (Josh Segarra vu dans Arrow notamment).

Néanmoins, malgré tous ces défauts qui font de la série un non-évènement, on ne peut nier la légère fulgurance de Marvel quant à ses productions. Lors du dernier épisode, pour régler le conflit qui se prépare et qui devient du grand n’importe quoi, Miss Hulk va briser le quatrième mur et s’inviter dans les studios Marvel pour revoir l’écriture de ce final, qu’elle trouve ridicule. Elle fait alors des pieds et des mains pour rencontrer un certain Kevin, le grand boss de la boîte de production. Et ce fameux Kevin n’est pas Feige, mais une IA qui semble tout savoir sur les goûts des « consommateurs ». Marvel se moque alors de se propres films, tacle les débats d’internautes et fait preuve d’une certaine lucidité quant à la qualité intrinsèque des films, qui se ressemblent tous. On peut même y déceler un certain cynisme qui n’est pas déplaisant.

Au final, She-Hulk Avocate n’est pas une série si catastrophique que ça. Il faut prendre le show comme il est, c’est-à-dire une sitcom qui pourrait être l’enfant bâtard entre Ally McBeal et un Marvel bas de gamme. Si on peut déplorer des effets spéciaux ignobles (la série en est consciente) et des enjeux qui ne pèsent pas lourd, il ne faut pas non plus bouder son plaisir face à un projet très proche du matériau de base et un format qui correspond à l’esprit recherché. Certes, il s’agit-là d’une petite série qui peut sembler opposée aux pouvoirs de She-Hulk, mais en l’état, ce n’est pas si mal, c’est frais et ça questionne vraiment sur la place de la femme dans la société, ainsi que de l’industrie Marvel dans la Pop culture. Bref, ce n’est pas la panacée, mais ça tient la route.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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