Avis :
Formé en 2000, Between the Buried and Me est un groupe américain qui officie dans le Métal Progressif, mais qui y apporte quelques éléments inédits, qui font dresser les cheveux longs et gras des métalleux qui se disent pure souche. En effet, la formation, stable depuis 2005, mélange dans ses titres très longs, des éléments de Metalcore, voire, parfois, des passages carrément Folk. Toujours étonnant, le groupe arrive pourtant à sortir des sentiers battus et propose, depuis 2009, un album tous les trois ans. Sauf en 2018 où il se décide à sortir deux efforts la même année, Automata I et Automata II, qui sortiront à quatre mois d’écart, sous la forme d’un concept plus ou moins intéressant. Car oui, si l’on écoute les deux albums à l’affilée, on se demande bien la filiation, et il y avait clairement matière à faire un seul et unique album.
D’ailleurs, comme pour la chronique concernant le premier opus, on se pose toujours la question de la démarche voulue par le groupe, qui scinde cet album en deux parties d’un peu plus d’une demi-heure. Est-ce une volonté de rendre l’ensemble plus « écoutable », plus mémorable ? Ou bien ne doit-on y voir qu’une volonté mercantile, vendant de ce fait deux albums pour le prix d’un aux fans ? Bref, les débats sont ouverts, et cela n’empêche pas le groupe de proposer un deuxième effort intéressant. Un peu moins percutant que la première partie, partant plus vers des délires Folk que Metalcore, le groupe arrive à titiller notre curiosité, à ne jamais nous perdre, et à fournir des titres à rallonge qui n’ennuient jamais. Même quand ces derniers dépassent les treize minutes, comme c’est le cas avec le premier morceau.
The Proverbial Bellow est clairement la pièce maîtresse de cet album, avec sa durée colossale et ses envies de venir percuter dans tous les domaines. Le chant ciré y est tout de même moins présent que dans l’opus précédent, et on sent que le groupe veut prendre son temps pour élargir sa gamme de genres. Ainsi, on aura une introduction de plus de deux minutes, ainsi qu’un démarrage assez lent, avec un chant lancinant. Les riffs saturés arriveront au bout de quasi cinq minutes, et on retrouvera l’alternance des deux chants, ainsi que des moments plus bourrins que d’autres. Le seul petit détail qui pourrait nous chagriner arrive vers huit minutes d’écoute, où il y a une vraie coupure, et le break manque de fluidité. Mais on reste dans un produit savamment exécuté, qui laisse d’ailleurs la part belle à tous les instruments, et notamment une belle ligne de basse.
Glide est un titre qui dure moins de trois minutes et qui va nous cueillir dès son démarrage. Il faut dire que l’on ne s’attendait pas vraiment à avoir de l’accordéon chez Between the Buried and Me. Puis la forte présence d’un piano va venir compléter un ensemble Folk très étrange, mais qui montre une nouvelle facette du groupe. La fin, qui part en délire jazz est très entrainante et permet d’entrevoir les contours du titre suivant, Voice of Trespass, qui va être un gros délire. Le début est tonitruant avec des riffs de malade, des cuivres et une rythmique endiablée. En fait, on a l’impression d’écouter le Diablo Swing Orchestra, sauf que plus on avance dans le titre, plus le côté Between reprend le dessus. C’est très malin et permet aussi de changer par rapport au premier opus. Celui-ci en devient plus rayonnant, plus joyeux et festif.
Et difficile de résister à cet air de guitare manouche qui vient ponctuer les phases plus puissantes, où le chant crié s’insère finalement à la perfection. Une sorte de freak show dégénéré que ne renierait pas un Shaârghot par exemple. Quant à The Grid, il viendra conclure cela comme une parfaite synthèse de ce que sait faire le groupe. C’est-à-dire un mélange très intéressant de Prog, de Metalcore et d’éléments divers et variés. Cet aspect protéiforme est fort plaisant, même s’il peut parfois nous perdre, ou ne pas rester en tête. A l’image de ce dernier morceau, excellent d’un point de vue technique, mais qui n’imprime pas vraiment, malgré ses fulgurances et son alternance accrue entre les phases violentes et les moments plus doux. Et de se poser la question de la nécessité de faire deux albums distincts pour ça.
Au final, Automata II, ce qui est considéré comme le neuvième album studio du groupe, est encore une fois une réussite, et pourrait se voir comme le penchant lumineux de la première phase. Cependant, pondre uniquement quatre pistes pour trente-trois minutes, c’est un peu prendre des gens pour des cons, et en cela, l’album perd en crédibilité et en intensité. Alors oui, c’est toujours parfaitement exécuté et on prend un très grand plaisir à écouter cela, même si le premier opus est plus réussi et plus marquant.
- The Proverbial Bellow
- Glide
- Voice of Trespass
- The Grid
Note : 15/20
Par AqME