Avis :
La Norvège est un pays musical où la Growl prévaut largement sur le chant clair. En effet, les groupes les plus connus issus de ce pays versent plutôt dans le Death, voire le Black, et rarement dans un autre style, même si on ne doute pas un instant qu’il existe du rock, de l’électro ou même du rap norvégien. Pour autant, l’un des groupes les plus emblématiques du pays n’officie pas dans un style bien dark, mais plutôt dans un Punk bien senti et presque parodique. Fondé à la toute fin des années 80, Turbonegro déchaîne les foules suite à ce nom qui semble raciste. En même temps, c’était ça ou Nazopenis, et le choix, pour mieux vendre, fut vite choisi. Subissant un grand nombre de changement de line-up, le groupe traverse les époques sans trop se soucier de son image et livrant avec une énergie insouciante des albums à la fois fun et dansant, qui ont fait la notoriété du groupe. Car oui, Turbonegro, c’est plutôt à voir sur scène que sur un album, le groupe dégageant une forte ambiance, avec des tenues toujours plus ridicules et une volonté de faire danser les foules et hocher les nuques. Rock’n’Roll Machine est le dixième album du groupe, signant ainsi l’arrivée d’un nouveau claviériste, avec un line-up stable depuis 2011. Alors que vaut cet album qui aura pris six ans au groupe ? En vérité, pas grand-chose…
Le skeud débute avec Chrome Ozone Creation (The Rock and Roll Machine Suite Part. I), un bon titre à rallonge qui ne contient que du synthé. Une manière comme une autre de présenter le nouvel arrivant, et on sent rapidement que les influences fleurent bon les années 80. On peut donc percevoir ce morceau comme une introduction, puisqu’on en a pour moins de deux minutes, avec une petite voix qui semble présenter l’album. Avec Part. II : Well Hello, on retrouve le punk rock énervé du groupe qui s’amuse avec les codes du genre, puisque là aussi, on est dans un titre qui dure moins de deux minutes et qui peut se voir comme une seconde introduction, un peu plus rock et généreuse. Le problème, c’est que tout ça sent le réchauffé et on se sentir un peu floué par ces deux titres légers, très courts, au sein d’un effort qui ne contient, de base, que onze titres. Part. III : Rock’n’Roll Machine contournera un peu tout ça pour être le premier véritable morceau de l’album. Sans être exceptionnel, le groupe fournit un petit morceau rock très agréable, qui manque un peu de solo et de technique, préférant travailler sur l’ambiance rétro des années 80, mais globalement, c’est plutôt cool. Hurry Up & Die sera dans la même veine, en plus nerveux, se reposant sur un Punk très classique mais qui fonctionne plutôt bien, notamment sur son refrain qui rentre bien en tête. Quant à Fist City, ce sera peut-être le meilleur morceau de l’album, avec un rythme bien punchy et un refrain qui monte crescendo pour bien rester en tête. Et c’est comme ça que l’on veut entendre Turbonegro, pas dans des morceaux courts et parodiques un peu trop faciles.
La seconde moitié de l’album débute avec Skinhead Rock & Roll et on ressent très rapidement les influences du groupe. Le clavier est omniprésent et remugle à fond les années 80 et le reste du morceau ne va pas nous surprendre. Plutôt rapide, assez bon enfant dans son style, le titre manque quand même de densité pour pleinement plaire. Cela manque de percussion et de moments réellement marquants. Hot for Nietzsche va venir nous rassurer sur la santé du groupe. Le titre est long, plus travaillé, plus complexe dans sa structure et démontre que le groupe est toujours capable de fournir de bon morceau, à la fois dense et rigoureux dans sa rythmique. Il s’agit d’ailleurs d’un vieux titre qui fut chanté trois ans auparavant dans les concerts et qui trouve enfin sa place dans un album. Un titre qui contient parfois des éléments qui évoquent The Who, et c’est bien. On the Rag est un morceau qui commence lors d’un live et qui va peu durer, car il s’agit d’un titre purement punk et le groupe se lâche enfin pour livrer un titre qui fait penser à The Exploited, ce qui n’est pas rien. Bon, tout ça manque d’impact et de nerf, mais c’est vraiment pas mal. Avec Let the Punishment Fit the Behind, le groupe recommence son délire année 80 et ne trouve pas vraiment le tempo pour nous surprendre. Le refrain fonctionne pas trop mal, mais ça reste un cache-misère pour un morceau qui aurait pu être beaucoup plus fun. Reste alors John Carpenter Powder Ballad qui fait plus écho au travail de Ghost que du célèbre réalisateur et même si ça reste bien, on a cette désagréable sensation d’avoir déjà entendu ça des centaines de fois… Pour clôturer son album, Turbonegro livre Special Education, plutôt sympathique, très dansant, très rythmé, très drôle dans les paroles, et qui synthétise un peu le groupe, sans être flamboyant.
Au final, Rock’n’Roll Machine, le dernier album en date de Turbonegro, n’est pas forcément une réussite. Très court (trop), sans morceau qui reste vraiment en tête, les norvégiens se perdent un peu dans une facilité déconcertante et qui manque de densité, d’envie de frapper fort et de ce fait, ce dixième opus ne marque pas les esprits. C’est dommage, on a connu le groupe plus en forme et attendre six ans pour ça, c’est un peu décevant…
- Chrome Ozone Creation (The Rock and Roll Machine Suite Part. I)
- Part. II – Well Hello
- Part. III – Rock’n’Roll Machine
- Hurry Up & Die
- Fist City
- Skinhead Rock & Roll
- Hot for Nietzsche
- On the Rag
- Let the Punishment Fit the Behind
- John Carpenter Powder Ballad
- Special Education
Note: 11/20
Par AqME