Titre Original : The Virtuoso
De : Nick Stagliano
Avec Anson Mount, Abbie Cornish, Anthony Hopkins, David Morse
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Résumé :
Un tueur professionnel se voit confier par son patron une dernière mission pour laquelle il ne dispose que de deux informations : le lieu – un restaurant dans une petite ville, et l’horaire – 17 heures. Lorsqu’il arrive sur place, il y a plusieurs cibles potentielles, dont un policier. Afin d’identifier sa proie, il se lance dans une véritable chasse à l’homme, et met sa vie en danger.
Avis :
Quand on jette un œil sur les sorties VOD, on se rend vite compte qu’il y a un genre qui prédomine sur les autres en ce moment, le thriller. Si dans les années 2000, le cinéma d’action était une source inépuisable de gros nanars en puissance avec de vaines tentatives pour Steven Seagal et consorts de sortir d’une inactivité crasse, aujourd’hui, le thriller passe devant, avec là aussi des acteurs qui cachetonnent plus qu’autre chose. Et si l’on outrepasse les Netflix, Prime et Disney, on retrouve des sorties DVD qui peuvent paraître alléchante via leur casting, mais qui le sont beaucoup moins à l’image. En ce sens, Le Virtuose est un cas d’école. Car mettre ensemble Anthony Hopkins, Abbie Cornish, Anson Mount, David Morse, Richard Brake et Eddie Marsan pour un tel résultat, on peut pleurer des larmes de sang. En même temps, il nous suffisait de regarder le réalisateur…
Derrière ce joli casting, on retrouve Nick Stagliano, un illustre inconnu qui a commencé sa carrière dans la production à la toute fin des années 90, mais aussi dans la réalisation avec The Florentine, drame larmoyant avec Luke Perry et Virginia Madsen. Après cela, le nom de Stagliano disparait durant douze ans. Il revient alors en 2011 à la réalisation d’un policier à tendance thriller avec Good Day For It, porté par Robert Patrick. Il faudra alors attendre de nouveau dix ans pour revoir le type derrière la caméra, avec un projet qu’il a lui-même écrit, produit, et donc réalisé. Ce film, c’est Le Virtuose, qui suit l’itinéraire d’un tueur à gages qui se retrouve dans un café avec quatre cibles potentielles pour remplir son contrat. On va alors voir les méthodes de cet homme, qui essaye de comprendre qui il doit tuer.
Relativement mutique, le film essaye de donner de l’épaisseur à un anti-héros taiseux qui commence à en avoir ras le bol de tuer des gens et de vivre dans l’ombre, au milieu des bois. Sans jamais trop en faire, l’histoire va essayer de nous montrer les rouages d’un quotidien huilé mais pesant, et les loupés qu’engendre la venue d’une jolie blonde. Le film est lent, il prend son temps pour tenter de donner du charisme à son personnage central, qui peine à convaincre tant il reste stoïque à toute émotion. Un gros problème d’écriture porté par une voix off qui raconte les vertus du tueur, mais aussi ses points faibles. Peut-être un peu rouillé, on aura du mal à trouver une accroche à ce type qui ne parle que très peu et qui n’arrive pas à résoudre sa dernière quête.
Preuve d’une écriture faiblarde, le type ne se méfie pas de la seule personne qui le manipule, et surtout, il demande de but en blanc le nom de ce qu’il rechercher, à savoir une rivière blanche. En manière d’investigation, on a connu beaucoup mieux, et plus subtile. D’ailleurs, pour dire à quel point le film est mal écrit, la résolution du problème va prendre à bras le corps tous les personnages présents dans le bar. Ainsi, plutôt que de poser des questions ou espionner, notre personnage va directement rentrer chez les gens et les buter les uns après les autres. Entre le type qu’il empoisonne mal, lui faisant faire une crise cardiaque, le couple qu’il va devoir buter par balles, ou encore la courte traque dans les bois, il est sûr que nous sommes face à un tueur à gages et pas un détective privé.
Ce qui sauve un peu le film, c’est sa mise en scène qui, même si elle reste très plan-plan, a le bénéfice de ne pas faire cheap et d’explorer différents lieux. Certes, on reste enfermé dans des chambres de motel, un vieux bar miteux ou une petite baraque, mais le tout est lisible et ne vise pas plus haut que son budget. Nick Stagliano n’est pas un orfèvre en la matière, mais il essaye de donner un peu de cadre à son histoire, en la plaçant notamment dans un lieu froid et sordide, où les hommes battent leur femme devant tout le monde. C’est une maigre consolation, mais force est de constater que ça tient la route. Tout du moins, ça ressort un peu du lot de tous les DTV que l’on se mange chaque année.
Il est juste triste que voir qu’avec un tel casting, rien n’est fait pour embellir l’histoire. Anson Mount (Hell on Wheels) joue le tueur à gages qui doit remplir une dernière mission. Si l’acteur est d’habitude plutôt bon, il est ici l’ombre de lui-même et n’arrive pas à donner de l’épaisseur à son personnage. A ses côtés, Abbie Cornish joue les atouts charme, mais on reste sur notre faim. Notamment parce que son personnage est grillé dès les premières minutes, mais aussi parce que l’actrice n’arrive pas à élever son jeu. Quant à Anthony Hopkins, il cachetonne en patron qui déverse un monologue bien trop long. Pour le reste du casting, Eddie Marsan, Richard Brake et David Morse, malgré des gueules bien connues, on reste dans la figuration et les personnages chair à canon sans intérêt.
Au final, Le Virtuose est un tout petit thriller qui mise le paquet sur sa comm’ et son casting relativement luxueux. Malheureusement, du côté du scénario, c’est la douche froide avec une histoire simple qui enfile les maladresses, comme ce tueur à gages expérimenté qui bute au lieu de mener l’enquête, ou qui baise lors d’une scène complètement gratuite. Bref, on est sur un long-métrage qui était destiné à la VOD et qui ne sortira jamais de l’anonymat dans lequel il végète.
Note : 07/20
Par AqME