octobre 5, 2024

Gemini Man

De : Ang Lee

Avec Will Smith, Mary Elizabeth Winstead, Clive Owen, Benedict Wong

Année : 2019

Pays : Etats-Unis, Chine

Genre : Action, Science-Fiction

Résumé :

Henry Brogan, un tueur professionnel, est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements.

Avis :

Ang Lee est un réalisateur avec une filmographie très intéressante. D’origine taïwanaise, il commence sa carrière de réalisateur au début des années 90, avec des comédies dramatiques. Il connait alors son premier éclat en 1994 avec Sucré Salé, et il affirme son talent avec son film suivant, Raison et Sentiments, qu’il part tourner en Angleterre. Dès lors, la carrière internationale d’Ang Lee est lancée, et plus rien ne va l’arrêter. Entre film d’arts martiaux avec Tigre et Dragon, film de super-héros avec Hulk ou encore drame homosexuel avec Le Secret de Brokeback Mountain, les succès s’enchainent dans des genres différents. Etrangement, d’un point de vue populaire, Ang Lee se fait assez discret, et certains de ses films sont des flops, comme Un Jour dans la Vie de Billy Lynn, alors que le long-métrage est une superbe réussite.  Pour autant, une tendance chez le cinéaste pointe le bout de son nez.

En effet, Ang Lee est très attiré par les nouvelles technologies dont il peut se servir pour donner une nouvelle épaisseur à son cinéma. Et il va pousser les potards à son maximum avec son dernier film en date, Gemini Man. Jouant sur la confrontation d’un homme face à lui-même en version plus jeune, le réalisateur va utiliser une nouvelle technique d’effets visuels pour créer de toutes pièces un acteur en CGI et le rendre plus vrai que nature. Et si visuellement c’est assez bluffant, le scénario est à la peine et l’ensemble manque vraiment d’implication.

En effet, au niveau du scénario, on ne peut pas dire que Gemini Man nous surprenne. On fait rapidement connaissance avec le héros du film, Henry Brogan, un tueur à la solde d’une grande société privée. Fatigué par son métier, il décide de prendre sa retraite après un dernier contrat. Alors qu’il va rendre visite à un ami, ce dernier lui explique que la cible qu’il a tuée n’était pas un terroriste, mais un chercheur en biologie. Dès qu’il sait cela, Henry devient une menace pour la société, qui va le traquer et lui foutre un agent foutrement doué à ses trousses. Mais tout devient compliqué quand Henry découvre que le tueur n’est autre que lui-même, plus jeune, et donc plus fort. C’est à partir de là qu’Ang Lee va alors partir sur un délire entre clonage, armée privée et conscience paternelle d’un homme qui n’a jamais eu de vie.

Alors oui, en filigrane, le film tente d’aborder quelques sujets intéressants, essayant de rendre son film plus « intelligent ». On retrouvera alors des élucubrations autour de l’armée et du fait de créer des armes humaines à partir du clonage, en prenant des gènes d’un soldat très fort, ici Will Smith. Ang Lee parlera alors de l’inhumanité de cette technologie, qui crée des humains, mais les considère comme des armes, des objets, de la matière jetable. Il crée le trouble avec cet homme d’affaires (Clive Owen) qui a éduqué le premier clone comme son fils, mais auquel il accorde finalement que peu d’amour. Derrière le côté bourrin du métrage, on peut aussi y retrouver cette volonté d’être père, entre un méchant qui manipule son fiston, et un tueur qui trouve en ce lui-même plus jeune, l’occasion de créer une filiation et de rattraper le temps perdu.

Bref, on pourrait croire que Gemini Man vise bien plus haut que le simple actioner sans âme, en créant du fond. On pourrait, bien évidemment, y rajouter la petite historiette d’amour avec une toute mim’s Mary Elizabeth Winstead, ou encore de la camaraderie avec Benedict Wong, mais cela ne prend jamais le pas sur la finalité du bousin, à sa voir la guerre, c’est de la merde, et utiliser des technologies de clonage pour créer des enfants soldats, c’est encore plus de la merde. Le problème, c’est qu’ici tout est convenu et on sent que le réalisateur ne sait pas trop comment se dépatouiller avec son intrigue pour lui rendre plus de grain à moudre. Tout est téléphoné à l’avance et rien ne viendra surprendre le spectateur, qui s’attend à tout et suit le spectacle sans jamais être étonné. Si ce n’est par la prouesse technique.

Car oui, Gemini Man est assez impressionnant d’un point de vue visuel, du moins sur ses scènes d’action, ou encore sur les effets spéciaux pour rajeunir Will Smith. La première partie est d’ailleurs très puissante, tant Ang Lee s’éclate avec les séquences de combat. La course-poursuite à moto est carrément dingue, et l’ensemble est lisible. De plus, on y voit une volonté de bousculer les codes, avec l’usage d’une moto comme arme de kung-fu. Malheureusement, le soufflé retombe assez vite, avec de l’action parfois un peu fatiguée, et des scènes dispensables au sein du scénario. Comme ce combat à mains nues dans les catacombes qui ne sert à rien et ne trouve aucune justification. On en devient presque nostalgique de la première séquence, qui évitait avec brio la shaky cam et proposait vraiment quelque chose de nouveau.

Et enfin, on peut dire ce que l’on veut sur la prouesse technologique pour créer un jeune Will Smith, il en ressort que rien ne pourra remplacer un vrai acteur. Malgré la finesse des traits du visage, on ne sera jamais touché par cette version qui manque d’humanité. Une preuve, si besoin l’en est, que rien ne peut remplacer l’humain dans les émotions et leurs expressions. On peut aussi ressentir un certain agacement devant le film, la faute à une hégémonie de Will Smith. On sait l’égo de l’acteur, et c’est ici multiplié par mille, avec une sorte d’omnipotence, tant les autres acteurs sont relayés comme des faire-valoir, à commencer par Mary Elizabeth Winstead et Benedict Wong. Leurs personnages sont peu intéressants et ils ne servent pas vraiment à grand-chose. Tout comme Clive Owen qui caricature tous les méchants possibles.

Au final, Gemini Man fait illusion durant sa première partie. Le démarrage en trombe est bien filmé et on sent une nouvelle fougue chez le cinéaste taïwanais. Mais notre enthousiasme retombe vite lorsque le film tente d’aborder de thèmes téléphonés et déjà vus mille fois, au service d’une action qui se banalise. Certes, la prouesse technique est louable, mais elle prend vraiment le pas sur le fond, qui manque d’âme, tout comme ce jeune Will Smith en CGI…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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