Avis :
On ne présente plus Muse, groupe britannique de Rock, qui a connu un succès fulgurant avec ses premiers albums, qui furent tous des chefs-d’œuvre. Entre la voix sublime de Matthew Bellamy et des accords qui deviendront de gros hits, Muse a rapidement imposé son style. Après huit albums et un dernier (Simulation Theory) qui ne fera pas l’unanimité, Warner Bros a proposé au groupe de sortir un super best-of. Ce que le groupe ne voulait pas et a donc refusé. Néanmoins, Muse a eu l’idée de sortir une sorte de best-of mais avec de nouveaux morceaux. En effet, afin de balayer tous les styles qu’ils ont utilisé, et tous les thèmes de leurs précédents albums, le groupe a voulu écrire de nouvelles chansons faisant écho à leur passé. C’est ainsi qu’est né Will of the People, neuvième skeud du groupe qui, là encore, divise grandement les fans. Pourquoi ?
Comme l’avait annoncé Matthew Bellamy dans plusieurs interviews, Will of the People doit se voir comme un mélange de tout ce qui fait et a fait Muse. Le seul gros défaut a été fait sur la communication de cet album. En affichant dès le début Won’t Stand Down, le groupe s’est clairement affiché avec une envie de frapper fort et d’aller vers un côté Métal. Et certaines entrevues avec le chanteur allaient dans ce sens. Donc, forcément, certaines personnes avaient des attentes toute particulières sur cet opus, qui ne sont pas tenues. Le début est assez clair là-dessus avec le titre éponyme de l’album, qui est plutôt rock, mais qui demeure assez joyeux dans son ambiance. Pour autant, on reste dans ce que fait Muse depuis des années, avec un Rock sympathique, mais loin des belles années du trio. Et d’autres titres iront dans ce sens.
On peut donc citer Euphoria, qui essaye de renouer avec le Muse des premières années et ses nappes un peu électro aérienne, tout en gardant une rythmique rapide et percutante. Alors certes, l’innovation n’est pas là, mais on reste sur un titre très agréable et qui rentre rapidement en tête. Et We are Fucking Fucked, qui clôture l’album, est un peu dans le même moule. Il est cependant plus brut de décoffrage, délaissant les claviers pour des riffs plus incisifs et un refrain catchy en diable. On regrette simplement la durée assez courte du morceau et son absence de prise de risque. Il est loin le temps de Knights of Cydonia et son aspect grandiloquent pour conclure un album. Mais la vraie force de frappe de cet album réside surtout dans ses deux morceaux « Métal », Won’t Stand Down et Kill or be Killed.
Le premier est un mélange intéressant qui évoque l’album Drones. On retrouve une construction qui monte crescendo, avec une imagerie intéressante, faite d’une sorte de secte qui contrôlerait un peu le sort de la planète. Bref, Muse est en colère et c’est tant mieux, car cela donne une vraie plus-value à l’ensemble. Pour Kill or be Killed, on va encore plus loin dans le mélange Rock/Métal, avec notamment un pont très rugueux dans lequel Matthew Bellamy s’amuse à faire du growl. C’est non seulement étonnant et inattendu, mais c’est surtout très bien fichu. Il s’agit-là du meilleur titre de l’album, ce qui va créer un net déséquilibre avec le reste. Car si on ressent quelques influences venues de chez Royal Blood (You Make me Feel Like it’s Halloween) ou Queen (Liberation), on reste dans un album très calme. Peut-être même trop.
La preuve en est avec Compliance, qui est un jeu de mot sur le fait d’accepter ce que nous dicte les puissants sans broncher. Le titre fait irrémédiablement écho à Simulation Theory avec un forte présence d’électro rétro dans l’instru. Si certains y voient quelque chose de mauvais, cela fait aussi partie intégrante du corps de Muse et sa métamorphose opérée en 2018. On sera moins complaisant avec Liberation, sorte de sous Queen qui ennuie plus qu’autre chose. Et pour finir, Ghosts (How Can I Move On) et Verona sont à mettre dans le même moule, jouant à fond la carte de l’émotion. Cela ne marche qu’à moitié car on sent tous les simagrées du chanteur, qui deviennent des tics et enlèvent toute sincérité à l’ensemble. Les titres ne sont pas mauvais, mais il reste anecdotique. Encore plus dans la grande discographie du groupe.
Au final, Will of the People, le dernier effort de Muse, est un album qui souffle le chaud et le froid et qui essaye de faire une synthèse de carrière. Si certains titres sont très bons, d’autres sont carrément anecdotiques, et dans la balance, à cause de la faible durée de l’album, on a tendance à rester sur les mauvais côtés. Pour autant, le plaisir immédiat est là, et ce déséquilibre, qui provient simplement de la trop grande différence de ton entre chaque titre, profite à une volonté créatrice qui peine à se montrer, mais qui commence à émerger. En espérant un dixième album qui en tirera les leçons.
- Will of the People
- Compliance
- Liberation
- Won’t Stand Down
- Ghosts (How Can I Move On)
- You Make me Feel Like it’s Halloween
- Kill or Be Killed
- Verona
- Euphoria
- We are Fucking Fucked
Note : 13/20
Par AqME