avril 25, 2024

Down with the King

De : Diego Ongaro

Avec Freddie Gibbs, Bob Tarasuk, Jamie Neumann, David Krumholtz

Année : 2022

Pays : Etats-Unis, France

Genre : Drame

Résumé :

Sous l’impulsion de son manager, la star du rap Money Merc s’isole dans une maison de campagne du Berkshire pour écrire son nouvel album. Désabusé par les contraintes qu’impliquent sa carrière musicale et la célébrité, Merc n’a aucune envie de continuer. À la place, il passe la plupart de son temps dans la ferme de son voisin où il apprend l’agriculture et apprécie la simplicité de la vie à la campagne. Après qu’il ait annoncé brutalement sa retraite sur Twitter, son manager se précipite alors pour le faire revenir dans l’industrie du rap.

Avis :

Réalisateur français, Diego Ongaro s’est installé aux Etats-Unis il y a une bonne quinzaine d’années. Loin d’Hollywood ou des grandes villes, le cinéaste s’est retiré à la campagne dans une toute petite ville. Diego Ongaro a débuté sa carrière en 2005 avec le court-métrage « Me, My Bag And My Ball« . Depuis ce premier film, le réalisateur s’est fiat grandement remarquer en réalisant quatre courts-métrages qui vont être multi-primés. C’est en 2015 qu’il réalise son premier long, « Bob and the Trees » qui est ni plus ni moins que l’adaptation de son dernier court.

Ecrit avec Xabi Molia (réalisateur des films « Les conquérants » et « Comme des rois« ), pour son deuxième film, Diego Ongaro s’aventure dans un film pour le moins original, puisqu’il parle d’un rappeur qui pour trouver l’inspiration s’installe à la campagne et prend goût à cette nouvelle vie qu’il entrevoit. Étonnant, beau et touchant, « Down with the King » est une très belle surprise qui offre une intrigue très intéressante, car elle pose de justes réflexions sur sa place dans la société, sur ce dont on a envie et sur sa condition. Entre comédie et drame, « Down with the King » est un film qui saura nous faire sourire, comme il est capable de nous émouvoir aussi. Bref, un joli coup de cœur que je n’avais pas vu venir.

Money Merc est un célèbre rappeur qui doit enregistrer son nouvel album, mais le jeune homme se lasse de son métier, de son milieu, de la célébrité, et la pression que l’industrie lui met. Ayant besoin de partir pour retrouver l’inspiration, Money s’installe à la campagne et tout en écrivant et enregistrant des sons, le rappeur prend surtout plaisir à découvrir les gens qui l’entourent, et ce milieu qu’il connaît mal. Mais s’il pensait que cet éloignement allait le rapprocher de son art, c’est le contraire qui se produit, et au fil des jours, l’envie de tout arrêter et de changer de vie se fait ressentir.

Ah ! Le cinéma et sa capacité infatigable qu’il a de surprendre. D’ailleurs, c’est même dans les moments où l’on s’y attend le moins qu’il est capable de nous sortir de petites merveilles, comme c’est le cas avec ce film. « Down with the King« , sur le papier, est un film qui ne me donnait pas plus envie que cela, et je suis entré en salle parce que le film était en compétition et j’ai bien fait d’oser, car le film de Diego Ongaro est une petite merveille. Un petit film qui se pose comme une bouffée d’air frais et qui en plus de ça, se fait plus intelligent et pertinent qu’il ne le laissait paraître à première vue.

Si le film de Diego Ongaro demeure très simple dans sa mise en scène, dans le sens où le cinéaste ne nous offre rien d’incroyable du point de vue de ses images, ses cadres, ou encore ses séquences, son film demeure un joli moment de cinéma, car il est doté d’une ambiance envoûtante. Le réalisateur nous entraîne, et comme son personnage, nous enferme au fin fond de la campagne états-unienne, et l’on se laisse totalement prendre par cette histoire. On notera toutefois que même si l’on ne voit pas son film passer, « Down with the King » aura du mal à se conclure. On aurait très facilement pu lui enlever ses dix dernières minutes et ça aurait rendu l’ensemble plus impactant.

Mais malgré ce petit défaut, le film de Diego Ongaro reste une merveille, et sa magie, on la trouve dans son scénario qui se pose comme un petit bijou d’intelligence, d’originalité et de pertinence.

« Down with the King » est un film qui questionne avec délicatesse l’envie et la raison. Qu’avons-nous envie de faire de la vie, et surtout est-on vraiment sûr d’être heureux dans la vie ? Pour appuyer ces questions, le réalisateur s’est alors aventuré dans le portrait d’un personnage assez étonnant, puisqu’il nous peint ici le portrait d’un rappeur, jeune de cité, qui lassé et désillusionné de son milieu, se verrait bien tout envoyer valser et s’installer définitivement à la campagne pour embrasser un métier à la ferme. Un synopsis pour le moins curieux et en même temps très intéressant, d’autant plus qu’avec cette histoire-là, Diego Ongaro livre une intrigue universelle qui parlera à tous, car on a tous eu l’envie un jour ou l’autre de dire merde et de se barrer loin, très loin.

Derrière cette première intrigue, « Down with the King » est aussi un film qui peint le portrait d’une Amérique profonde. Diego Ongaro filme ses habitants, leur amour pour leur vie, ou encore l’envie d’autres de partir loin. D’ailleurs, une scène est très touchante entre Money Merc et l’une des habitantes, quand lui ne demanderait qu’à rester et embrasser cette vie, elle ne rêve que de partir, n’importe où, pour le simplement quitter cette région.

Avec ce film, Diego Ongaro peint aussi le portrait de ces hommes et femmes qui vivent de l’agriculture. Le cinéaste filme les petits gestes et son film dégage quelque chose de l’ordre de l’apprentissage, quand il s’aventure à mettre en scène son rappeur en pleine alchimie avec un fermier. Puis enfin, « Down with the King » questionne les conditions de vie et le destin. Sommes-nous obligés de vivre la vie qu’on se croit être bonne pour nous, car le regard des autres fait peur ? Propos illustrés avec ce jeune de cité, devenu rappeur pour sortir de la rue, alors que ce « métier » ne fait que le ramener de plus en plus à la rue. Un rappeur qui derrière reste un homme qui a envie d’autre chose, et pourquoi pas d’être fermier. Et pourquoi un homme noir des cités ne pourrait pas devenir fermier ? Bref, ce scénario est une petite merveille qui pose tout un tas de bonnes questions et réflexions.

L’autre très bel atout du film de Diego Ongaro, c’est son acteur principal qui est une grande délicatesse. Dans la peau de ce rappeur, Freddie Gibbs livre là une composition remarquable et l’on aurait envie de le suivre n’importe où. Beau, tendre, drôle, gauche et touchant, l’acteur et son réalisateur nous livrent un magnifique film personnel qui est à mille lieues de tous les clichés possibles.

« Down with the King » se pose donc comme un très joli coup cœur et peut-être même le film surprise de ce festival de Deauville 2021. Simple dans sa mise en scène, tenant une ambiance superbe, porté par un acteur qui crève l’écran, Diego Ongaro, hors les dix dernières minutes de son film qui ne sont pas utiles, réussit tout ce qu’il entreprend et pour ma part, j’ai déjà envie de me replonger dans cette histoire, à côté de son personnage, c’est dire.

Note : 16/20

Par Cinéted

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