avril 26, 2024

Hybrid Harmony – Mislaid Myths

Avis :

Faire du Métal symphonique n’est pas une chose facile, quand on sait la prod qu’il faut derrière. Mais cela devient un chemin de croix lorsque l’on est français, et peu de groupes de l’hexagone se tâtent à ce genre. D’ailleurs, quelques chanteuses lyriques décident de partir vers des groupes étrangers afin de vivre de leur talent. On pense par exemple à Clémentine Delauney qui est allée chez Visions of Atlantis. Ce n’est pas le cas de Hybrid Harmony, originaire de Toulouse, et qui a sorti en 2017 son second album, Mislaid Myths. Après quelques déconvenues avec leurs chanteuses, le groupe ne baisse pas les bras et se lance corps et âme dans un genre complexe, avec un label peu connu Brennus Records. Cela est-il suffisant pour offrir une galette digne de ce nom ? Ou sommes-nous en présence d’un objet un peu cheapos ?

Ce qu’il faut savoir avec cet album, c’est qu’il s’appuie sur un thème intéressant, celui des mythes. Ainsi, à travers tous les morceaux, on aura droit à diverses histoires qui utilisent des folklores de plusieurs pays. Cela justifie alors les différentes langues utilisées (espagnol, japonais, français et anglais) pour raconter les histoires qui parsèment l’effort. Inside Fire ouvre alors le bal, et la surprise est au rendez-vous. Le début est très bucolique, avec des bruits d’animaux, puis un duo violons/piano qui montre les intentions du groupe de faire quelque chose d’assez grandiloquent. On reste dans les rouages d’un Sympho classique, même lorsque les grattes prennent le relais, où l’on va sentir un léger problème de production. Disons que le son n’est pas optimal, mais cela reste tout de même correct. Il ne faut pas oublier que nous sommes sur une production française, loin des carcans d’une variété calibrée.

Il réside dans ce premier morceau une réelle envie de faire les choses correctement. Non seulement on a droit à de bons riffs, et une mélodie fort agréable, mais en plus de cela, les chœurs masculins offrent une belle épaisseur à l’ensemble. Bref, c’est très surprenant et cela donne vraiment envie d’aller écouter la suite. D’autant plus que la voix de la chanteuse est vraiment divine. Même si on la sent plus à l’aise en espagnol et en français. Avec Thunderstorm, le groupe reste un peu trop en surface d’un gros potentiel. Les instruments classiques adoucissent trop le propos, et on sent que la chanteuse n’exploite pas pleinement son potentiel. Certes, c’est toujours bien fichu, mais on a la sensation qu’il manque un petit quelque chose à l’ensemble pour mieux fonctionner. Même le pont, avec les ajouts de clavier manque de profondeur. Mais on est loin d’un ratage !

Divine Elements reste dans le même moule. On aura droit à tous les atours d’un Métal Symphonique, avec en prime, un joli duo de chanteuses qui se répondent. Le seul défaut que l’on peut lui reprocher, c’est qu’au niveau de la prod, on n’est pas à la hauteur des espérances du groupe. On sent une forte envie de faire quelque chose de grand et de décomplexé, mais il y a de la retenue. Northern Lore sera un morceau plus nerveux, plus puissant, avec en prime, un chant guttural qui sied à merveille à l’ambiance nordique voulue. De plus, cela amène une vraie variation dans l’album. Le groupe ne tombe pas non plus dans la surenchère et n’essaye pas d’imiter des formations qui utilisent ces thèmes, comme Amon Amarth, par exemple. Hybrid Harmony trouve un juste milieu qui permet de vraiment prendre du plaisir avec ce titre.

Call of the Sea sera aussi une très belle réussite. En utilisant le bruit des vagues, en faisant un pont en français et en exploitant au maximum leur thématique, le groupe offre un morceau aux relents folk fort appréciable. Et en plus de cela, c’est très beau. Bref, avec une production plus solide, on aurait eu droit à un chef-d’œuvre du genre. Clef de Sang sera le seul et unique morceau entièrement en français, et c’est plutôt une réussite, même si l’on doit dire que les paroles du refrain sont assez mal écrites, avec une pléthore de rimes pauvres. Dommage, car les riffs sont bien puissants et l’ambiance globale du titre est très intéressante. On lui préfèrera largement Bright Dark World, en honneur à Amaterasu, la légende japonaise.

A l’image de son titre, le morceau est à la fois lumineux et triste, lui octroyant une dichotomie inattendue et vraiment touchante. Il s’agit-là du plus beau morceau de l’album, avec en prime de jolis moments de guitare. Mother’s Gaze sera bien plus Heavy malgré son doux démarrage aux pépiements des oiseaux. Les riffs seront bien lourds et il se dégage une sensation de puissance assez inattendue. Enfin, le groupe offre Mislaid Myths en clôture de son album, et là, on est dans du gras et du puissant. Etant une vraie conclusion à toutes les histoires racontées auparavant, montrant que tous nos mythes se recoupent d’une façon ou d’une autre, le titre permet de finir sur une note nerveuse et qui donne envie d’y revenir.

Au final, Mislaid Myths, le dernier album en date de Hybrid Harmony, est une belle réussite, assez surprenante. Groupe qui ne fait pas vraiment de vague, encore très peu connu, et sans une prod digne de ce nom, et pourtant, il délivre un second album plein de promesses et de volontés, faisant montre d’un talent inné pour le Métal Sympho. On espère alors un troisième effort, et une suite de carrière plus radieuse, car Hybrid Harmony le mérite grandement.

  1. Inside Fire
  2. Thunderstorm
  3. Divine Elements
  4. Northern Lore
  5. Call of the Sea
  6. Clef de Sang
  7. Bright Dark World
  8. Mother’s Gaze
  9. Mislaid Myths

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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