mars 29, 2024

Gourmand – The Inquisitionist

Avis :

S’il y a bien un domaine qui reste assez extrême en son genre, c’est le Technical Death progressif. Beaucoup de mots pour finalement décrire des choses simples : de longs morceaux techniques, avec un chanteur qui beugle. Un sous-genre pas vraiment tout public, mais qui trouve des adeptes dans le métal, notamment chez ceux qui recherchent constamment les limites d’un genre et des solos un peu tarés. Venant tout droit des Etats-Unis, Gourmand (que j’aime ce nom) fait son apparition dans les années 2010 à Kansas City. Ne trouvant point de label pour commencer, c’est de façon indépendante que le groupe va sortir son premier album en 2017, The Inquisitionist (et il fera de même pour son second album paru en 2018). Musique extrême, ambiance macabre, blast à toutes les sauces, le groupe ne fait pas dans la dentelle et offre un effort classique, mais efficace.

Comme pour beaucoup de groupes, on a droit à une petite introduction. From Eden (to the End) commence avec un petit piano, qui sera accompagné par la suite par la batterie. L’ensemble est très aérien, tout en restant dans un registre assez sombre. Le morceau instaure une ambiance glauque et on sent que l’on n’est pas là pour rigoler. Ce qui se confirmera avec The Tempter. D’entrée de jeu, le groupe nous assène un riff très lourd et lent, un gros blast, et on va en prendre plein la tronche. Le chanteur en profite pour poser un growl puissant et sans faille, pour un résultat global fortiche. Alors certes, on est dans un truc très balisé et sans grande surprise (n’oublions pas que c’est un premier album), mais ça fonctionne. Et cela même si le morceau s’arrête de façon très abrupte.

Philosophic Purgatory sera dans le même moule, avec une batterie qui semble être jouée par un poulpe. Non seulement le blast est de sortie, mais surtout, toutes les autres percussions sont assez dissociées et c’est très surprenant. Reste la ligne de basse qui prend souvent le dessus et cela montre les failles d’une production un peu aux fraises. Mais il n’empêche que l’ensemble est très efficace. Scrupulous laissera un peu plus mitigé, avec notamment un rythme en dents de scie et un chant qui lorgne sur le cri de cochon. On n’est pas dans du Grind, mais pas loin. Et la rythmique, syncopée, manque de cohérence et de liaison. Ce n’est pas mauvais non plus, certains fans de Raw Death adoreront, mais on reste dans un truc qui n’est pas très musical. Tout comme Engorge, qui part parfois très loin dans la violence, au mépris d’une mélodie appréciable.

Et ce n’est pas le feat avec Devon Ferrara de Marasmus qui changera quelque chose. Par contre, Acolyte of Rationality va mettre tout le monde d’accord. Long titre de lus de huit minutes, on se rapproche clairement d’un Technical Death dans son sens le plus noble. Certes, ça gueule, mais derrière, les musiciens assurent et il y a de la cohérence dans tout le morceau. On retrouvera même quelques éléments mélancoliques, ce qui manquait clairement à l’ensemble du disque. Une preuve que le groupe peut tenir sa barque sur des morceaux plus longs. Bon, Intellectual Incest repart sur des bases un peu trop violentes, mais c’est le propre du Death que de proposer des trucs comme ça. C’est dommage, l’introduction laissait croire à un morceau plus apaisé. Et par la suite, le groupe va enchainer quelques titres un peu plus « transparents », qui marqueront moins.

Skulls of Millions avec Brent Turnbow de Ahtme manque de moments marquants, ou tout du moins ne sort pas du lot. The Hive Switch avec Kris Bolton de Unmerciful reste sur les mêmes codes que le titre précédent et n’arrive pas vraiment à se démarquer, si ce n’est par une longue introduction qui montre tout le talent du batteur. Greater Questions rehaussera le tout avec un riff très Heavy et une saturation moins épaisse. Globalement, le morceau est plus agréable que le reste. Enfin, le diptyque Emerge (instrumental) et Emanate viendra clôturer l’album de façon intéressante, offrant une synthèse de ce que peut faire le groupe, sans pour autant prendre de grands risques. En même temps, on reste sur un premier album assez confidentiel…

Au final, The Inquisitionist, le premier album de Gourmand, est un effort en demi-teinte. Certes, il ne faut pas oublier que c’est un premier skeud autoproduit, et que globalement, on prend du plaisir à l’écoute, mais c’est aussi un album redondant, qui oublie parfois la mélodie. Si la violence est là, elle est parfois exagérée et le groupe semble avoir du mal à doser son énergie et ses envies de frapper un grand coup. Bref, sans être une purge, ni un coup d’éclat, ce premier album demeure sympathique et ravira certainement les fans d’un genre extrême et trop peu mis en avant.

  • From Eden (to the End)
  • The Tempter
  • Philosophic Purgatory
  • Scrupulous
  • Engorge feat Devon Ferrara de Marasmus
  • Acolyte of Rationality
  • Intellectual Incest
  • Skulls of Millions feat Brent Turnbow de Ahtme
  • The Hive Switch feat Kris Bolton de Unmerciful
  • Greater Questions
  • I. Emerge
  • II. Emanate

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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