novembre 9, 2024

Kreator – Hate Über Alles – Le Thrash Allemand en Forme

Avis :

Il semblerait que l’année 2022 soit celle du comeback des groupes de Thrash allemands. En effet, durant les années 80, trois groupes teutons vont se faire remarquer, et même se faire renommer le Big Three. Il s’agit de Sodom, Destruction et Kreator. Et étonnement, les trois formations ont sorti un nouvel album cette année. Fort de cette grande forme, Kreator arrive en dernier dans le calendrier avec Hate Über Alles, leur quinzième album studio, qui permet aussi d’accueillir le nouveau bassiste, le français Fred Leclercq (anciennement DragonForce). Bien loin de faire des comparaisons avec les deux albums « concurrents » parus auparavant (pas encore écouté), Kreator doit faire suite à Gods of Violence, un opus tonitruant et qui nous avait laissé sur le carreau. Qu’en est-il avec cette nouvelle proposition qui promet de lourds moments percutants ?

La première chose qui frappe, c’est cette introduction qui faire très western. Avec Sergio Corbucci is Dead, le groupe rend hommage, mais rentre dans un style particulier, qui ne fait écho ni à leur Thrash, ni à l’ambiance voulue par la jaquette. Un petit hors sujet qui, pour autant, fait son petit effet, même s’il amuse plus qu’autre chose. Il faudra donc se pencher sur le morceau éponyme de l’album pour tâter le pouls des allemands. Et ça démarre très fort. Le groupe balance des riffs assassins sur une rythmique infernale pour bien nous en mettre plein la tronche. La production est fortiche, et on sent que le groupe souhaite vraiment en découdre, après cinq ans de silence. Les solos démontent tout, et globalement, on ne peut qu’être satisfait pour ce morceau. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Avec Killer of Jesus, Kreator nous refait la même salade, avec un rythme toujours aussi survolté, et une volonté de frapper fort dans les refrains. Catchy en diable, on regrettera cependant un manque de variation au sein même du morceau. Tout va vite, mais on reste sur quelque chose de très conventionnel, qui ne sort pas des clous du Thrash. Alors c’est efficace, mais ça reste presque faiblard dans l’écriture. Crush the Tyrants ira un peu plus loin, avec la volonté d’instaurer une introduction massive, donnant un élan guerrier à l’ensemble. On entend bien que les allemands ne sont pas des nouveaux sur la scène, et ils font tout pour s’assurer une adhésion des premiers fans. Le solo est bien placer et vient offrir une petite bouffée d’air dans un maelström de puissance. Bref, dès les trois premiers morceaux, on est dans un bain douillet fait de sang.

Et tout le reste de l’album sera du même acabit. Strongest of the Strong plonge dans un Thrash teinté de Heavy où le refrain ressort en tête, avec une folle envie de faire bouger les nuques. D’ailleurs, le groupe ne s’est pas trompé en utilisant ce morceau comme hit pour vendre l’album. Become Immortal sera un poil en deçà, mais gardera une rage intacte. Tout comme Conquer and Destroy et son démarrage un peu lent qui installe une ambiance conquérante et guerrière. On peut aussi citer le gros morceau qu’est Midnight Sun qui insère une petite nouveauté avec un chœur féminin porté par Sofia Portanet, une chanteuse de Pop allemande. L’effet est étonnant, mais l’ensemble fonctionne et apporte même un petit plus dans l’atmosphère, comme une sorte de fin du monde inéluctable. Il y a presque un côté démoniaque qui se dégage de cette voix féminine, et c’est intelligemment utilisé.

Malgré tous les bons côtés que l’on peut trouver dans cet album, il y a tout de même un très mauvais point, et il provient essentiellement des refrains. Si techniquement, c’est irréprochable, on va se rendre compte qu’au niveau de l’écriture, ce n’est pas folichon. Et notamment des refrains qui ne font que répéter inlassablement le titre même de la chanson. On retrouve cela dans Hate Über Alles, Dying Planet, Become Immortal, Killer of Jesus ou encore Pride Comes Before the Fall. Ici, on ne parle pas d’une phrase avec ces mots, mais bel et bien une répétition du titre, plusieurs fois, en guise de refrain. Alors certes, c’est facilement mémorisable, mais ça reste bien trop léger pour convaincre totalement. Le groupe était-il en manque d’inspiration ? Peut-être. Mais force est de constater que ça s’entend et ça laisse une étrange sensation dans les oreilles.

Au final, Hate Über Alles, le dernier né de chez Kreator, est un album qui ménage la chèvre et le chou. Les fans adoreront et retiendront surtout la qualité technique de l’ensemble, qui allie à la perfection vitesse et mélodie Thrash. Malheureusement, on ne peut passer à côté d’une faiblesse d’écriture crasse, où les allemands se contentent de répéter inlassablement le titre de leur morceau, au lieu de faire des phrases plus structurées, et peut-être plus marquantes. Bref, on fait face à un album sympathique et qui ne renie jamais ses origines, mais qui reste en deçà de nos attentes.

  • Sergio Corbucci is Dead
  • Hate Über Alles
  • Killer of Jesus
  • Crush the Tyrants
  • Strongest of the Strong
  • Become Immortal
  • Conquer and Destroy
  • Midnight Sun
  • Demonic Future
  • Pride Comes Before the Fall
  • Dying Planet

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.