mai 8, 2024

Le Doudou

De : Julien Hervé et Philippe Mechelen

Avec Kad Merad, Malik Bentalha, Romain Lancry, David Salles

Année : 2018

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Michel a perdu le doudou de sa fille à l’aéroport de Roissy. Il dépose un avis de recherche avec une récompense. Sofiane, employé à l’aéroport, y voit l’occasion de se faire un peu d’argent et prétend avoir retrouvé la peluche. Le mensonge révélé, Michel et Sofiane se lancent malgré tout sur les traces du doudou. Une mission plus compliquée que prévu…

Avis :

On ne le dira jamais assez, mais le cinéma français est un vivier de talents. Et pourtant, beaucoup reste avec cet a priori comme quoi, le cinéma français, ce n’est que des comédies racistes et des drames larmoyants. Cela est dû à la distribution qui est faire des films produits, et à une communication caduque autour de films grand public, et pas forcément intéressants. Pas besoin de citer d’exemples, tant on a droit, tous les mois, à de la comédie franchouillarde bas du front. Mais il en faut bien pour tout le monde et pour tous les goûts, même les plus pourris. Julien Hervé et Philippe Mechelen sont les scénaristes de la saga Les Tuche. Après le deuxième opus, les producteurs leur donnent l’opportunité de réaliser leur première comédie, et ce sera Le Doudou. Film très court (1h18), on va vite se rendre compte de la paresse du bousin.

L’histoire est d’une simplicité accablante. Ici, un père de famille placarde dans l’aéroport de Roissy des photos du doudou de sa fille, qu’elle a perdu dans l’aéroport. Sofiane, chargé des chariots et petit magouilleur à ses heures perdues, voit en cette recherche l’opportunité de se faire de l’argent facile. Malheureusement, il sera difficile de rouler Michel, qui veut à tout prix récupérer le doudou de sa fille, sans lequel elle ne peut s’endormir. A deux, ils vont alors aller de péripéties en péripéties pour retrouver la peluche convoitée. A partir de ce pitch, on ne pet que remercier les deux réalisateurs de la courte durée de leur premier métrage. En effet, il semblerait que les deux hommes ont vu les limites de leur écriture, et qu’il ne servait à rien de tirer sur la corde pour dépasser l’heure et demi. Cela n’empêchera pas le film de paraître long.

Partant sur les bases du Buddy Movie (deux types que tout oppose vont devoir faire équipe pour résoudre un problème), Le Doudou va rapidement présenter son personnage principal, un raté de première qui essaye d’arnaquer les gens pour gagner de l’argent. Sans jamais parler de son métier (chargé des chariots dans un aéroport) et de la précarité de ce dernier, le film va nous montrer un type pénible, roublard et pas forcément attachant. Bien sûr, en rencontrant Michel, chargé de l’urbanisme dans une petite ville, son regard va changer et l’aventure vécue va lui permettre de faire une introspection sur lui-même et de se rendre compte de son égoïsme et de son opportunisme. Au milieu de tout ça, on nous met un petit mélo qui va devenir la conclusion du film. Bref, tout ça pour dire que le personnage de Sofiane (Malik Bentalha) reste un beau connard.

Le film va alors prendre plus de temps pour arrondir les angles avec Michel (Kad Merad), un père stressé par la disparition du doudou de sa fille, et qui se voit contraint de faire équipe avec un tocard. Cependant, il n’est pas tout blanc non plus, partant avec des a priori sur les gens, et arrivant à communiquer avec les bourgeois, chose infaisable pour Sofiane. Oui, le film tente quelques saillies envers une catégorie de population, mais cela reste timide. Pour en revenir au personnage de Michel, on est dans un stéréotype de la classe moyenne plutôt aisée, qui trouve dans cette recherche de doudou une aventure intéressante à se mettre sous la dent. Bref, sans être aussi pénible que Sofiane, le personnage de Michel reste assez lisse, et parfois donneur de leçon quand il fait la morale à son acolyte.

Comme rapidement évoqué précédemment, le film tente de tirer des balles sur certaines catégories de population, afin d’en faire des critiques acerbes. Malheureusement pour nous, cela n’ira jamais bien loin, et on reste bien trop dans la gaudriole pour y voir un effet réflexif. A titre d’exemple, on peut rigoler de ces bourges qui adoptent un jeune portoricain issu des gangs et qui envoient des peluches dans des pays pauvres pour se donner bonne conscience, mais on reste dans la vanne et l’exagération, ce qui dénature un peu le sous-texte. De plus, Elie Semoun en fait des caisses et il est, comme à son habitude, assez pénible. On trouvera aussi une critique des agents de sécurité des aéroports, qui sont de gros débiles sans cerveau, ou encore des lycéens de la Sorbonne qui vont contre la police, tout le temps. Tout ça est très maladroit.

C’est dommage, parce que s’il y a un truc que les deux réalisateurs ont bien compris, c’est que leur scénario ne tient pas la distance, et qu’il faut donc un film court, avec du rythme. Et c’est ce que l’on va avoir avec Le Doudou. Le film démarre avec la découverte de l’affiche de recherche, et rapidement, les deux personnages vont se trouver et partir à la recherche de cette peluche. Si l’osmose n’est pas forcément au rendez-vous avec les deux protagonistes, la course effrénée va pâlir à la faiblesse de l’écriture et aux deux acteurs qui semblent ne pas se trouver. De plus, certains guests semblent bien s’amuser à jouer dans ce film, dont Guy Marchand, qui joue un vieux roublard qui veut avoir accès au porno dans sa maison de retraite. Certains passages ne sont pas désagréables, on retrouve quelques répliques rigolotes, mais tout cela reste assez faiblard.

Au final, Le Doudou est une comédie française qui rentre dans le tout-venant du genre. Se voulant tout le temps drôle avec son rythme et son enchainement de rencontres digne d’un album de jeunesse, le film de Julien Hervé et Philippe Mechelen loupe pourtant le coche, n’arrivant jamais à donner du grain à moudre dans ce qu’il veut critiquer. On se retrouve donc avec des situations grotesques, qui vont trop loin pour marquer le coup, et l’ensemble manque clairement d’ambition, que ce soit dans l’écriture ou la mise en scène. Loin d’être minable ou raciste comme peuvent l’être certaines comédies franchouillardes (coucou Christian Clavier), Le Doudou reste tout de même un film mineur et sans grand intérêt.

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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