avril 26, 2024

Fuis-Moi je te Suis – Romance Nippone

Titre Original : The Real Thing

De : Kôji Fukada

Avec Win Morisaki, Kaho Tsuchimura, Shosei Uno, Kei Ishibashi

Année : 2022

Pays : Japon

Genre : Romance

Résumé :

Tsuji a décidé d’oublier définitivement Ukiyo et de se fiancer avec sa collègue de bureau. Ukiyo, quant à elle, ne se défait pas du souvenir de Tsuji… mais cette fois, c’est lui qui a disparu.

Avis :

Il y a vingt ans de cela, Kôji Fukada est alors étudiant et il tombe le manga « Honki no Shirushi » et de suite, il se dit que cela fera un film génial. Alors qu’il commence à réaliser ses films, Kôji Fukada garde cette idée dans un coin de sa tête, mais personne ne s’y intéresse vraiment, ou le prend au sérieux. Puis en 2016, il tombe sur un producteur qu’il finit par convaincre de lire le manga et c’est payant. Le projet se développe alors sur une série. Une série de dix épisodes de vingt-cinq minutes. C’est une première pour Kôji Fukada. Aimant le cinéma, une fois la série bouclée, le cinéaste décide alors de remonter le tout pour faire un film de quatre heures, destiné au cinéma japonais. Le film fonctionne bien et s’exporte même à Cannes, sur l’année où le festival sera annulé. Le cinéma de Kôji Fukada fonctionne bien en France, du coup, les distributeurs, frileux sur un film de quatre heures, vont bosser avec le réalisateur pour livrer alors deux films d’un peu plus de deux heures chacun.

Présenté au Festival Hanabi à Paris, c’est une séance assez étrange en un sens que j’ai vécu. Pour m’expliquer, les deux films de Kôji Fukada y étaient présentés, mais leur titre étant tellement similaire (« Suis-Moi, je te Fuis » et « Fuis-moi, je te suis« ), je me suis emmêlé les pinceaux, et j’ai alors commencé par la fin. J’ai donc été voir le chapitre deux, sans rien en savoir des deux premières heures de cette histoire d’amour contrarié. Je me suis donc retrouvé à déduire, à base d’indices et autres révélations au détour de répliques, pour comprendre l’ensemble et si j’ai eu du mal à entrer dedans, « Fuis-moi, je te suis » aura toutefois réussi à m’emporter et me toucher avec cette belle histoire d’amour.

Tsuji a décidé d’oublier Ukiyo, et pour cela, il se met en couple avec l’une de ses collègues de bureau. Mais il est difficile d’oublier un tel amour, surtout quand cette dernière revient dans sa vie. Entre temps, au travail, Tsuji est approché par un nouveau client qui finira, au vu de ses compétences, par lui proposer un poste. Quand Tsuji comprend que son amour pour Ukiyo ne s’efface pas en un claquement de doigts, il cesse, puis il disparaît…

Le cinéma de Kôji Fukada, je l’ai découvert il y a assez peu, lorsqu’il a sorti son film « L’infirmière« . Intriguant et prenant, il s’est fait une jolie place dans le top de 2020 et le réalisateur est entré d’emblée dans ceux que j’avais envie de découvrir et de suivre n’importe où. Depuis, je me suis bien rattrapé et c’est donc avec plaisir que j’entre dans ce projet romanesque de plus de quatre heures.

Je dois bien avouer que le fait de m’être emmêlé les pinceaux avec ces titres similaires a véhiculé une crainte : et si j’étais largué ? et si je ne comprenais strictement rien à ce qui allait m’être raconté ? Et si je n’étais pas touché par ces personnages et par leur histoire ? Bref, beaucoup de questions d’entrée de jeu et finalement, tout s’est bien passé. Bien sûr, comme je le disais plus haut, j’ai eu du mal à entrer dans le film, car il s’est posé comme un puzzle à moitié construit. Un puzzle que je prenais en cours de route, sans en connaître le motif, mais finalement, pièce par pièce, ce dernier s’est dessiné et s’est imposé de très belle manière.

Romanesque, voilà le premier mot qui me vient en tête face à cette fresque amoureuse, où trois personnages s’aiment, se rejettent et au final se recherchent pendant des années. « Fuis-moi, je te suis » est un film qui respire la série télé. D’ailleurs, son ouverture est tout à fait équivoque, car Kôji Fukada nous jette en plein action si l’on peut dire ça ainsi. Le rythme est, au départ, assez lent et le film se fait longuet, comme si l’intrigue cherchait à rattraper son spectateur. Puis petit à petit, l’histoire s’emballe, les étaux se resserrent et l’on se laisse happer par ces personnages ô combien beaux dans la recherche de leur sentiment.

Le scénario, à travers leurs histoires et leurs sentiments, aborde tout un tas de thèmes, l’amour, la famille, la décision de la famille et le regard de la famille par rapport à cette histoire et de manière plus large encore, le film peint une société japonaise très patriarcale, où les femmes ont peu de place. Ce sujet-là en particulier est d’ailleurs très joliment traité, car en cours de séance, les rôles finissent par s’inverser, ce qui amènera cette intrigue vers plus d’émotion et plus de romantisme. Un romantisme sublime et presque absolu dans son final, ce qui démontre bien le talent de son réalisateur.

Ce qui touche aussi, c’est ce trio d’acteurs qui, de par la pudeur de leur personnage, et le talent de ses interprètes, nous entraîne vers de jolies émotions et beaucoup d’intrigues, alors même que parfois, il faut aussi dire que certains rebondissements penchent vers le prévisible. Mais face à cela, il reste le naturel de ces trois comédiens que sont Win Morisaki, Kaho Tsuchimura et Shugo Oshinari. Ensemble, ils forment un très beau trio, qui parfois s’aventure sur les sentiers du « je t’aime, moi non plus », et pourtant, on se laisse prendre.

Romantique et romanesque, beau, lumineux, amoureux, cette deuxième partie est très belle, et même si elle peut avoir du mal à se lancer, Kôji Fukada arrive à nous attraper et ça, même quand il vous manque deux heures de film (les titres se ressemblent tellement, que je pense que je ne vais pas être le seul à me faire avoir, quand les deux films vont sortir et se retrouver à l’affiche des cinémas en même temps). Après cette séance, j’ai surtout hâte d’aller découvrir cette histoire en entier. Donc une fois qu’on aura été voir le nouveau Robert Eggers qui sortira (sauf un report) cette semaine-là, le nouveau Fukada se pose comme un très bon choix et une très belle aventure.

Note : 14/20

Par Cinéted

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