Titre Original : Miljung
De : Kim Jee-Woon
Avec Byung-Hun Lee, Gong Yoo, Song Kang-Ho, Ji-Min Han
Année: 2018
Pays: Corée du Sud
Genre: Drame, Guerre, Espionnage
Résumé :
Les années 1920, pendant la période d’occupation de la Corée par le Japon. Lee Jung-chool, un capitaine de police coréen travaillant pour la police japonaise, doit démanteler un réseau de la résistance coréenne dont il réussit à approcher l’un des leaders, Kim Woo-jin. Les deux hommes que tout oppose – mais qui connaissent chacun la véritable identité de l’autre – vont être amenés à se rapprocher, tout en continuant à dissimuler l’un à l’autre leurs propres desseins.
Avis :
Kim Jee-woon fait partie de cette nouvelle génération de réalisateurs sud-coréens qui ont fait et vont continuer de faire exploser le cinéma de leur pays. Après un début de carrière impressionnant avec des titres comme « A bittersweet life« , « Le bon, la brute et le cinglé » ou encore le diabolique « J’ai rencontré le diable« , Kim Jee-woon s’est quelque peu égaré l’espace d’un film, en allant prêcher chez les Américains avec « Le dernier rempart » et notre Arnold Schwarzenegger adoré.
Et après trois ans d’absence, le réalisateur est de retour aux affaires avec « The Age of Shadows« . Évincé d’une sortie cinéma, le dernier-né de Kim Jee-woon débarque donc directement en DVD et Blu-ray et autant dire que même s’il reste injuste que le film soit privé de sortie en salle, il n’en est pas moins fabuleux. Classe, sombre, percutant, touchant, très touchant même, allant jusqu’à oser le mot épique, cette épopée d’espionnage est tout simplement passionnante. Et le seul regret qu’on ait à la découverte de ce film, c’est justement de ne pas l’avoir découvert sur grand écran.
Les années 20, la Corée est occupée par le Japon et la résistance œuvre pour défendre encore et toujours la liberté. Lee Jung-chool est le capitaine de la police coréenne qui collabore avec le gouvernement japonais. Lee Jung-chool se voit confier une mission d’infiltration. Il doit prendre contact avec la résistance et jouer sur le statut de son poste. Or, Jung Chae-san, chef de la résistance, qui sait que Lee Jung-chool est un infiltré, décide de le manipuler dans l’espoir de le retourner contre les Japonais.
Partant avec un scénario aux petits oignons, « The age of shadows » nous livre un thriller d’espionnage très bien ficelé qui nous tient jusqu’à son final, quelque peu prévisible certes, mais diablement beau et touchant.
« The age of shadows« , c’est deux heures vingt d’un cinéma intense. C’est deux heures vingt d’une intrigue qui n’est que jeu de manipulation. Kim Jee-woon sait parfaitement tenir les rênes de son histoire et s’amuse plusieurs fois de la situation qu’il présente à ses personnages. Infiltration, mensonges, vérités, trahisons, soupçons, devoir, conséquences, patriotisme, liberté, sont les ingrédients de cette épopée superbement menée. Ici, on ne voit pas le temps passer, les doubles jeux sont plus que présents, le doute est là, et le réalisateur, en parfait chef d’orchestre, sait comment nous « torturer » en installant de puissants moments de suspens. Il y a plusieurs scènes qui sont assez insoutenables, dans le sens où la tension, les enjeux et les doutes se mélangent parfaitement dans un jeu du chat et de la souris, certes évident dans ce genre de film, mais si bien tenu qu’on a l’impression de le redécouvrir.
Ce qui est aussi très bien avec cette intrigue, c’est l’évolution de ses personnages. « The age of shadows » nous offre de beaux enjeux et toute une panoplie de personnages tous plus touchants les uns que les autres et plus particulièrement celui tenu par Song Kang-ho, l’un des acteurs fétiches du réalisateur, qui lui offre encore une fois un rôle à sa mesure. L’acteur bien connu de nos services pour ses rôles dans ni plus ni moins que « Memories of murder« , « Le bon, la brute et le cinglé« , ou encore « The host« , « Lady Vengeance » et « Snowpiercer » (rien que ça !) n’a jamais été aussi touchant et marquant. Le reste du casting est peuplé de Lee Buyng-hun (« J’ai rencontré le diable« ), Gong yoo (« Dernier train pour Busan« ), Um Tae-goo (« J’ai rencontré le diable« ) et enfin la très jolie découverte qu’est Han Ji-min.
Si l’histoire que nous raconte là Kim Jee-woon est passionnante, il ne faut pas oublier la mise en scène qui ajoute énormément à ce film. Classe, sobre et en allant même chercher dans l’épique, « The age of shadows« , c’est tout ce que l’on adore du cinéma sud-coréen. Bourré de moments intenses, de scènes incroyables, d’idées de mise en scène sublimes, Kim Jee-woon sait décidément tenir une caméra ! Bourré d’actions, sans pourtant autant en faire trop. Tenant une ambiance puissante. Sachant se faire violent quand il le faut, ayant même quelques moments gores, « The age of shadows » n’oubliera jamais d’être un vrai drame profond, humain et très touchant. Bref, encore une fois, le réalisateur est au meilleur et le cinéma coréen démontre bien son écrasante fulgurance, renvoyant les plus grosses productions calibrées made in Hollywood à l’état de petits joueurs.
« The age of shadows » est donc un excellent film qui traite aussi bien de l’occupation de la Corée par le Japon, que de la résistance, et le tout soutenu par une intrigue qui nous tient jusqu’à sa dernière scène. Avec ce film, kim Jee-woon nous revient à son meilleur et c’est vraiment dommage que le film ne sorte pas sur nos écrans de cinéma.
Note : 17/20
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Par Cinéted
Une réflexion sur « The Age of Shadows »