avril 25, 2024

Freaks Out – Bête de Film!

De : Gabriele Mainetti

Avec Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto, Giancarlo Martini

Année : 2022

Pays : Italie, Belgique

Genre : Fantastique

Résumé :

Rome, 1943, sous occupation nazie, la Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire. Israel, le propriétaire du cirque et figure paternelle de cette petite famille, tente d’organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre « Freaks » vont tenter de survivre dans un monde en guerre…

Avis :

Venu d’Italie, aujourd’hui, on s’arrête sur un jeune cinéaste qui va faire parler de lui, Gabriele Mainetti. Réalisateur âgé de quarante-cinq ans, Gabriele Mainetti passe les années 2000 et le début des années 2010 sur ses courts-métrages. Entre des petits jobs, en douze ans, il va réaliser quatre courts et petit à petit se faire remarquer. C’est en 2015 qu’il réalise alors son premier film. Un premier film qui va être grandement remarqué, « On l’appelle Jeeg Robot  » où l’histoire d’un voleur qui va devenir un super-héros malgré lui. Mal distribué, le film jouit d’un joli bouche-à-oreille, et s’impose comme un petit succès. Depuis, le réalisateur était retourné en écriture, et après un nouveau court sorti en 2016, Gabriele Mainetti va prendre son temps pour revenir.

Il lui aura fallu six années pour faire son retour, mais quel retour que voici. Encore une fois mal distribué, après les super-héros, Gabriele Mainetti s’attaque cette fois à ceux qu’on appelait les monstres de foire, pour un film parfaitement incroyable.

D’une richesse folle, débordant de cinéma à tout instant, « Freaks Out » est autant un film qui aborde les monstres, qu’un film qui parle du passage à l’âge adulte, qu’un film qui parle de la Seconde Guerre mondiale et toute la folie et l’horreur qu’elle a pu véhiculer avec elle. En mutation permanente, cette histoire de monstres sans cirque va petit à petit se transformer en une histoire de rébellion, conjuguée à une ode sur la tolérance et la diversité, ainsi qu’un soupçon de film de super-héros, qui n’a rien, absolument rien, à envier à toutes les « Hollywooderies » qui sortent en salle par parquet de cinq tous les ans. Pour le coup, j’aurais même envie de dire que c’est plus le contraire qui devrait se produire !

Italie, 1943, Matilde, Cencio, Fulvio et Mario travaillent dans un petit cirque ambulant tenu par Israël. Chacun a un don particulier, ce qui fait qu’en-dehors du cirque, ils sont regardés comme des bêtes de foire. Après que le cirque eût été bombardé lors d’une attaque, ces quatre survivants s’engagent sur les routes dans l’espoir de pouvoir fuir en Amérique. Or bientôt, ils vont être séparés et Israël disparaît avec les économies de chacun. Livré à eux-mêmes, le petit groupe va devoir faire face à la guerre, aux regards des autres et plus dangereux encore, ils vont devoir affronter Franz, un musicien nazi qui entrevoit l’avenir, et qui est convaincu qu’avec leur pouvoir le Führer peut changer l’avenir qu’il a déjà écrit.

Plongée merveilleuse dans une ambiance baroque parsemée de « déjanteries », de folie, mais aussi de gore, pour une intrigue qui oscille entre les genres (guerre, drame, fantastique, conte), le nouveau film de Gabriele Mainetti est ni plus ni moins qu’une belle et grosse bombe qui restera dans les mémoires et s’assurera une très belle place parmi les meilleurs métrages étranges de cette année 2022.

Il faut dire que le réalisateur de « … Jeeg Robot » a fait fort avec ce retour, nous apportant un film qui joue sur plusieurs fronts sans jamais se perdre. « Freaks Out » est un film qui réinvente les monstres de foire, et les emmène dans une aventure aussi passionnante qu’elle ose se faire poétique et démesurée dans sa mise en scène.

« Freaks Out« , c’est l’aventure de quatre personnages tous plus différents les uns que les autres, mais qui se trouvent être ensemble de par leur différence. Des personnages touchants, humains, et démesurés en même temps. Des personnages qu’on se plaît à suivre avec beaucoup d’intrigue. En un peu moins de deux heures et demi, Gabriele Mainetti nous offre une histoire pleine de surprises. Une histoire qui ne va cesser de se renouveler pour nous entraîner dans quelque chose de très originale qu’on n’aura pas vu venir, même si le final est assez convenu dans sa logique (en même temps, on n’en aurait pas voulu autrement). Une intrigue qui mélange des réflexions bien fichues sur la différence, sur l’acceptation de soi, et un parcours presque imposé qui fera évoluer de manière obligatoire l’ensemble des personnages, les faisant passer et avancer sur un autre âge.

Puis derrière ça, Gabriele Mainetti nous offre du grand spectacle, avec toute cette aventure en période de Seconde Guerre mondiale. Une aventure qui fait dans la rébellion, qui n’occulte pas les horreurs de la guerre, et surtout, derrière, une aventure qui nous offre un personnage nazi complétement cinglant et parfois jouissif. Un personnage qui entrevoit l’avenir, ce qui donnera lieu à des scènes d’une folie furieuse passionnante. Le scénario écrit par Gabriele Mainetti et son complice de toujours, Nicola Guaglianone, ne laisse rien au hasard. C’est un scénario parfaitement écrit et tenu où chacune de ses ficelles sert et enchérit l’intrigue.

S’allie à ce scénario la mise en scène de Gabriele Mainetti qui déborde de cinéma à chaque instant. Magnifiquement filmé, tenu avec intrigue, tension et surprise, le réalisateur nous bouscule avec des moments fous. L’ouverture de son film est une claque, et après cette dernière, le film ne cesse d’aller de fulgurance en fulgurance. Esthétiquement parlant, c’est sublime, Gabriele Mainetti n’hésite pas à nous bousculer avec un film violent, qui n’aseptise pas son intrigue, et l’époque dans laquelle cette dernière se passe. Le film offre aussi des effets spéciaux à tomber par terre. Des effets spéciaux fait avec pas grand-chose, ou du moins avec bien moins de moyen que beaucoup de productions américaines, et franchement, ça a tellement plus de gueule. Puis, sensoriellement parlant, c’est une claque, avec notamment la BO du film qui est composée par son réalisateur, et l’on a juste envie de dire « Waouh » tant elle imprègne et souligne parfaitement l’intrigue, l’aventure, les drames et ses personnages. Bref, ce film est une bombe.

Des personnages qui d’ailleurs sont parfaitement interprétés par une bande d’acteurs géniaux, qu’on adore découvrir et suivre à la fois. Si l’on pourrait regretter que, parfois, certains personnages auraient mérité d’être plus employés, comme par exemple Fluvio, l’homme loup, interprété par Claudio Santamaria, sur l’ensemble, ça reste tellement bon et les personnages sont si attachants, et même touchants, que finalement, on se laisse emporter de bout en bout de film et l’on se plaît tellement à partager cette aventure avec Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto et Giancarlo Martini. On notera toutefois l’incroyable interprétation de Franz Rogowski, qui incarne un nazi complétement cinglé qui s’éclate à se jeter dans une certaine caricature génialement jouissive.

« Freaks Out » est donc la bombe de ce mois de Mars et même l’une des bombes de cette année de cinéma. Cette semaine-là, on a « Morbius » qui est arrivé sur nos écrans et franchement dans une catégorie de super-héros, le film de Gabriele Mainetti, avec sept fois moins de budget que la superproduction hollywoodienne, le metteur en scène italien, à force de vision, de sincérité, d’envie de cinéma et de proposition, met à l’amende tout le monde et ça fait du bien, tellement de bien !

Note : 18/20

Par Cinéted

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