avril 26, 2024

Daybreakers

De : Michael et Peter Spierig

Avec Ethan Hawke, Willem Dafoe, Isabel Lucas, Sam Neill

Année : 2010

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Science-Fiction

Résumé :

En 2019, les vampires ont pris le contrôle de notre planète. Les humains ne sont plus qu’une petite minorité, entretenue uniquement pour nourrir la population dominante. Edward Dalton est un vampire qui travaille dans la recherche. Il refuse de se nourrir de sang humain et oeuvre sans relâche à la mise au point d’un substitut qui pourrait à la fois nourrir ses semblables et sauver les derniers spécimens d’hommes. Lorsqu’il rencontre Audrey, une jeune survivante humaine, il va découvrir un secret biologique qui peut tout changer. Désormais, fort d’un savoir que vampires et humains veulent s’approprier à tout prix, Edward va se retrouver au centre d’un affrontement absolu dont l’enjeu décidera de l’avenir des deux espèces…

Avis :

Tout d’abord superviseurs d’effets spéciaux, les frères Spierig sont rapidement venus à la réalisation pour faire de petits films d’horreur. Undead est l’un de leur premier méfait, et il s’avère un spectacle fauché assez sympa, qui démontrait déjà une forte envie de faire du cinéma. Petit à petit, les frangins ont monté les échelons et ils atteindront un certain sommet avec Daybreakers. Film de vampires assez révolutionnaire pour l’époque, il s’agit-là d’une histoire originale, qui mélange allègrement la science-fiction avec l’horreur. En plaçant cette histoire de buveurs de sang dans un futur plus ou moins proche, avec une pénurie d’humains pour se nourrir, les deux frères ont eu une bonne idée, qu’ils vont exploiter avec ingéniosité pour mieux nous bousculer dans nos codes. Et même si le film est imparfait et souffre un peu du temps qui passe, il n’en demeure pas moins, encore aujourd’hui, un long-métrage original.

Daybreakers nous place dans un futur plus ou moins lointain où les vampires sont devenus dominants, et les humains sont élevés comme du bétail. Quelques résistants tentent de survivre, mais ils sont traqués pour leur précieux liquide. Le sang vient d’ailleurs à manquer, puisqu’il n’y a quasiment plus d’humains. Alors qu’il est en pleine recherche pour un sang de synthèse, Edward rencontre une poche de résistance humaine et découvre que l’un d’entre eux a réussi à redevenir humain. Curieux et voulant trouver un remède à ce qu’il considère être une malédiction, il va s’allier aux humains et tenter de trouver comment redevenir comme avant. Manque de bol, les vampires ont trouvé l’endroit de résidence de la résistance, et le chef du laboratoire d’Edward veut mettre un terme à cette activité rebelle. C’est à partir de ce postulat que le film va tenter de nous surprendre avec divers thèmes et rebondissements.

La première chose qui frappe dans ce film, c’est son univers. On plonge en plein dans une science-fiction assumée, où la Terre est ravagée par les vampires, qui ont fondé une société comme la nôtre, mais qui vit de nuit, et avec des gens qui ne vieillissent plus. Allant au bout de leur concept, les deux frères filment alors des enfants qui zonent, qui fument et qui ont aussi des dépressions, allant jusqu’au suicide en plein soleil. C’est dans ce contexte que l’on va voir Edward, un vampire scientifique qui a pour mission de créer un sang de synthèse, car l’humain est en voie d’extinction. Mutique, désespéré, ce vampire refuse de se nourrir et espère trouver une solution pour subvenir aux besoins de son peuple. De plus, il subit la pression de son patron, un égoïste qui est devenu vampire pour échapper à une tumeur cérébrale fatale.

La mise en scène est assez intéressante dans la présentation de cet univers, puisque l’on retrouve de nombreux codes de la SF, avec les voitures qui se dirigent à l’aide de caméra, des néons pour éclairer la nuit, ou encore des fermes à humains qui font froid dans le dos. Afin de donner un aspect clinique à leur œuvre, les réalisateurs ont accentué les lumières froides, alternant les teintes bleues et grises pour offrir un film presque glacial la nuit, dénué de vie, alors même que les vampires arpentent le sol. Cela est contrasté avec le rouge du sang, mais aussi les passages de jour, où le soleil brille et les teintes jaunes prennent le dessus. C’est assez malin, et cela distingue bien les deux mondes et le jeu des émotions qui se déroule sous nos yeux. Même le choix du domaine viticole pour les humains assure une vision chaleureuse.

Outre les bons choix entre son univers qui change des vampires de base, et sa mise en scène assez intéressante, Daybreakers tente aussi de casser les codes, tout en respectant certaines mythologies. Les vampires n’ont pas de reflet et ils craignent le soleil. C’est en jouant avec cela que le scénario tire de bonnes ficelles, offrant alors une intrigue qui oscille entre besoin animal et valeurs humaines. Le héros est tiraillé entre son envie d’humanité et sa peur de redevenir mortel. On trouvera alors diverses raisons d’être devenu un vampire pour plusieurs personnages, comme la peur de mourir, ou encore le besoin de se sentir entourer pour toujours, créant alors des conflits au sein même des familles. Sans trop tirer sur la corde de ce côté-là, les deux frères amènent une bonne réflexion sur l’immortalité et la bestialité de l’homme.

Enfin, on peut aussi saluer l’effort sur la représentation du vampire. Là aussi, c’est très original, avec une créature qui se transforme en monstre lorsqu’elle ne se nourrit plus assez. La violence prend alors le pas sur la décence, les émeutes éclatent et les vampires difformes font leur apparition. La société est au bord de la rupture, mais personne ne semble enclin à écouter les scientifiques qui ont trouvé une solution. C’est malin et rejoint à quelque part une dystopie que l’on pourrait superposer avec des révoltes plus terre à terre, comme pour les religions ou le racisme. Seuls les effets spéciaux numériques ont pris un petit coup derrière la nuque, avec des moments assez gênants, comme lorsque le sang coule à flot. Mais ça reste du chipotage.

Au final, Daybreakers est une jolie réussite dans le domaine du film de vampire. Si on pourrait lui reprocher quelques facilités scénaristiques et des effets spéciaux numériques pas toujours de bon aloi, pour le reste, c’est très intéressant. Original dans sa démarche et dans son univers, les frères Spierig exploitent à fond le mythe du vampire pour le transposer dans un univers SF cohérent et intelligent. Ne tombant jamais dans la surenchère ou le gore gratuit, les deux réalisateurs australiens s’éloignent de certains carcans et autres adaptations pour fournir une œuvre originale, même plus de dix ans plus tard.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.