De : Peter Sollett
Avec Jaeden Martell, Isis Hainsworth, Adrian Greensmith, Joe Manganiello
Année : 2022
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie
Résumé :
Deux ados pas vraiment populaires se jettent à fond dans le métal afin de remporter la Battle of the Bands, d’accéder à la gloire… Et d’être vénérés comme des dieux.
Avis :
Pour le commun des mortels, la musique métal se résume à des types tatoués et peu fréquentables qui beuglent dans un micro. Si cette idée reçue est totalement fausse, il est difficile de se détacher de cette image d’Epinal. Pour autant, c’est le genre musical qui entretient le plus de passion, et dont les groupes durent dans le temps, devenant de véritables légendes. Quand on aime la musique, la vraie, on aime fondamentalement le métal et sa grande diversité. Au cinéma, le métal a déjà été plus ou moins exploré avec des films comme Rock Academy (même si on reste dans quelque chose de plus rock) ou encore Deathgasm. Des comédies sympathiques, mais qui n’exploraient pas forcément la passion et ce sentiment d’être en dehors des codes. Il faudra alors attendre Metal Lords, par les producteurs de Game of Thrones, pour avoir le sentiment d’un sujet bien traité.
Le métal est la rébellion
Ici, on va suivre le parcours atypique de deux amis qui sont animés par le métal. L’un est guitariste avec un bon niveau, alors que l’autre commence à peine la batterie. Ils apprennent un peu par hasard qu’un battle de groupes va se faire dans leur lycée. Ils décident alors de s’y inscrire, mais ils leur manquent un bassiste. Perdu entre une relation amoureuse compliquée et un jeune homme passionné qui dénigre les autres, le duo va battre de l’aile au pire moment. Sorte de comédie dramatique à la sauce ado, Metal Lords va aborder des sujets intéressants, avec pour fond la passion de la musique métal. Et c’est peut-être la première fois que cette musique est abordée sous ce prisme, ce révélant salvatrice pour les lycéens, en manque de reconnaissance, aussi bien à l’école qu’à la maison.
L’intelligence du propos tient surtout du fait que le principal personnage, guitariste émérite, a une vie familiale relativement compliquée. Sa mère s’est visiblement barrée, le laissant seul avec son père, un chirurgien esthétique porté sur la boisson et queutard, qui ne suit pas son fils dans ses délires. Autodestructeur, ce jeune garçon amène lui son meilleur ami, lui faisant découvrir un monde à la fois chaotique et exultant. On retrouve tout ce que le métal peut représenter pour un jeune de cet âge. La sensation d’être à part, de toucher du doigt des arcanes connus de seulement quelques adeptes, et donc de faire partie d’une élite. Ce garçon va donc se faire plus d’ennemis qu’autre chose, jusqu’à rompre avec son meilleur ami, qui découvre tout autre chose.
Trop codifié
Et c’est peut-être là que Metal Lords va battre un peu de l’aile. En effet, si d’un côté l’aspect dramatique du guitariste est intéressante et peut faire référence à plusieurs cheminements de vie, de l’autre, on se retrouve avec un mélo pas forcément intéressant. Le film se focalise sur une relation amoureuse étrange, avec une fille timide qui a besoin d’antidépresseur et qui joue du classique, mais qui va découvrir un tout nouveau monde avec le métal. Le métrage explore alors la découverte de soi, de son corps et de son cœur, mais c’est fait avec un côté cliché assez pénible. Il y a un vrai ventre mou au milieu du film à cause de cette relation qui se veut sobre, mais qui manque d’émotions.
De plus, le film est très stéréotypé dans son scénario. On retrouvera tous les atours d’une comédie pour adolescents. C’est-à-dire que la structure même du film repose essentiellement sur des codes connus et qui ne bougeront pas d’un iota. Ainsi, le début s’évertue à nous présenter les deux personnages principaux, avec un timide et un métalleux pure souche qui va vouloir vivre plus ou moins dangereusement. On ne nous épargnera pas le côté en dehors des normes, avec la musique extrême et les codes du Black, mais aussi le jeu de rôle et l’aspect imbu du mec. Bien évidemment, cela va amener une scission du duo, puis une reconstruction pour aboutir à un final où tout le monde se retrouve et joue ensemble. C’est très codifié, et ce manque de surprise ternit un peu l’image du film qui, lorsqu’il parle musique, le fait avec le cœur.
Hail for the King
Car très clairement, le film assume ses références au métal et délivre un joli cri d’amour à cette musique de passionné. Bon, il faut dire que Tom Morello (guitariste culte de Rage Against the Machine) a produit le film, mais on retrouve tous les éléments que l’on aime. Des posters ultra référencés à une bande-originale faite de Metallica, Megadeth ou encore Avenged Sevenfold, les amateurs apprécieront. On aura aussi droit à un dernier morceau culte, avec un énorme solo, qui démontre toute la ferveur que peut déclencher le métal, pour peu qu’on s’y intéresse. Le seul reproche que l’on pourrait faire concernant la musique, c’est que finalement, les morceaux sont un peu faciles et on tombe rapidement sur des morceaux connus et un peu « normy ». On aurait aimé plus de prise de risque.
Au final, Metal Lords est un film qui souffle le chaud et le froid. Les fans de métal qui veulent se taper du headbanger sur un bonne BO seront certainement ravis. Les autres seront forcément un peu déçus face à un film qui ne sait que choisir entre comédie dramatique, comédie romantique ou comédie adolescente. On rit finalement assez peu, à cause d’un scénario cousu de fils blancs, et seul le parcours du guitariste, qui va devoir suivre une thérapie pour se rendre compte de son intolérance et son côté autodestructeur, apporte un peu de fond à l’ensemble. Néanmoins, malgré un côté simpliste et une mise en scène bien trop sobre, Metal Lords a son petit côté attachant. Et il montre bien la passion qui anime tous les amateurs de métal.
Note : 13/20
Par AqME