De : Louis-Julien Petit
Avec Audrey Lamy, François Cluzet, Chantal Neuwirth, Fatoumata Kaba
Année : 2022
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Depuis toute petite, Cathy rêve de diriger son propre restaurant. Mais à quarante ans, rien ne s’est passé comme prévu et elle se retrouve contrainte d’accepter un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants. Son rêve semble encore s’éloigner… ou pas ?
Avis :
Le cinéma français a toujours aimé le cinéma social, et au fil des années, et parmi les nouveaux cinéastes, cette règle, ou pourrais-je dire cet amour, est toujours là. Bien sûr, ces dernières années, on pourrait citer des mecs comme Philippe Lioret ou Stéphane Brizé, et dans une certaine mesure Thomas Lilti, mais parmi eux, il y a un nom qui est en train de prendre du galon. Ce nom, c’est celui de Louis-Julien Petit. Réalisateur ayant débuté sa carrière de metteur en scène en 2015, Louis-Julien Petit dès son premier film, « Discount« , a annoncé la couleur et ce n’est pas ses films suivants, « Carole Mathieu » ou « Les invisibles« , qui diront le contraire. Louis-Julien Petit aime le cinéma social, et il fait un bon cinéma social. Un cinéma qui, tout en traitant un sujet fort, n’oublie jamais de se faire drôle, divertissant et touchant.
Après s’est intéressé à la distribution avec « Discount« . Après s’est intéressé aux femmes sans domicile fixe et aux associations avec « Les invisibles« , voici que le réalisateur français est de retour sur les écrans avec « La brigade« , un chouette petit film qui s’intéresse cette fois aux mineurs réfugiés, à travers une comédie qui colle le sourire. Amusant tout en enrichissant le fond de son film, « La bridage » est un film qui peut rebuter, c’est vrai, notamment avec sa bande-annonce qui nous vend assez mal le métrage, mais pourtant, une fois embarqué au cœur de cette association, le film de Louis-Julien Petit s’avère rafraîchissant, enchaînant les gags et les bons petits plats, tout en n’oubliant pas, comme toujours, d’offrir de l’émotion et des personnages beaux et humains. Ce cinquième film pour Louis-Julien Petit confirme donc encore un peu plus la place du réalisateur dans le paysage du cinéma français.
Marie Cathy est cheffe de cuisine, et elle a toujours rêvé d’ouvrir son propre restaurant. Or, aujourd’hui, après avoir démissionnée de son poste car elle refusait par éthique de bosser pour une starlette qui se prenait pour un chef, elle se retrouve en difficulté. Obligée de trouver vite un nouveau travail, elle accepte sur une « méprise » d’être cantinière dans une association qui s’occupe de placer des mineurs sans papier et réfugiés. Ce n’était pas ce dont elle rêvait, mais ça fera l’affaire, le temps de se retourner, puis finalement, au gré des rencontres, des motivations et surtout de ses aides de cuisine ou de salle, il semblerait qu’une autre route s’ouvre à Cathy Marie.
Ce que j’aime avec le cinéma, c’est qu’il a toujours le moyen de nous surprendre, en bien ou en mal. Parfois, on pense entrer en salle pour aller voir ce qui semble être une comédie lourde et pleine de clichés, et l’on tombe sur un petit vent de fraîcheur. Alors j’aurais dû m’en douter, car à la réalisation de cette « … brigade« , on trouve Louis-Julien Petit et pourtant, malgré lui, il y avait cette bande-annonce qui donnait l’impression de connaître ce film par cœur et au-delà de ça, l’ensemble paraissait lourd et clientéliste. Heureusement pour son réalisateur, ses équipes et pour moi-même, cette « … brigade« , c’est tout le contraire de ce que l’on pouvait imaginer.
Encore une fois, Louis-Julien Petit confirme qu’il est un très bon metteur en scène, capable de parler de sujet de société fort, de manière différente. Comédie dramatique, feel good movie, vent de fraîcheur, « La brigade » est de ces films qui font du bien parce qu’ils véhiculent avec eux une légèreté, une bonne humeur et tout un tas d’émotions amenées par des personnages tendres et beaux, et des parcours touchants. Bon, en même temps, je suis un peu le bon client, car de manière générale, j’adore ces histoires d’hommes et femmes qui pensaient avoir tout perdu, et puis finalement le destin leur présente un nouvel horizon. Ici, on est pile dans cette idée.
Ce qui est bon avec ce film, c’est que « La brigade » s’aventure sur tout un tas de terrains au travers d’un scénario aussi intéressant qu’il est cool. « La brigade » est un film qui parle de ceux qu’on appelle les migrants et des associations qui s’occupent des mineurs. Comment les placer, quoi faire eux, comment s’en occuper, et derrière ça, quels espoirs attendent-ils, pourquoi sont-ils partis de leur pays, quels sont leur trajectoire, leur parcours ? Louis-Julien Petit traite tous ces sujets graves avec intérêt et humanité. Puis derrière ça, « La brigade » est aussi un film qui parle de la cuisine, du métier, de la rigueur et de la créativité de chef. Le film aborde aussi la solidarité, l’entraide, l’altruisme, et puis la transmission aussi, le savoir-faire, et des différentes cultures culinaires. Ici, malgré les sujets graves traités au premier abord, Louis-Julien Petit n’oublie jamais d’offrir un film dynamique et de la comédie qui fait mouche. Bref, c’est un petit régal de suivre ces personnages mûrir tous ensemble.
Après, au sein de ce scénario, tout n’est pas parfait non plus, et l’on pourra reprocher à cette « … brigade » de prendre de très gros raccourcis. Franchement, tout ce qui tourne autour de l’émission télé arrive très vite et la résolution du film se fait en très peu de temps. On a une impression sur la fin de précipitation, et même si on est touché par les trajectoires et ce que le film raconte, l’ensemble va bien vite, trop vite.
Ce dynamisme et cette humanité, on les doit aussi à ce casting parfaitement choisi et surtout tenu par une Audrey Lamy pétillante et tout à fait adorable, aussi râleuse qu’elle est humaine. Louis-Julien Petit retrouve aussi Chantal Neuwirth, et il lui offre un rôle très amusant. Puis il faut aussi mentionner le casting impeccable d’adolescents, tous bien campés et particulièrement Alpha Barry, Yannick Kalombo et Mamdou Koita, qui apportent, chacun, une vérité à leur personnage et un parcours. Seul François Cluzet, dans ce tableau, tombe un peu dans l’excès, étant parfois la caricature de Cluzet.
Intelligent dans sa façon de traiter tous ses sujets, drôle tout en étant humain et émouvant, le nouveau film de Louis-Julien Petit pousse encore un peu plus le curseur vers le haut et démontre bien que le cinéaste français est un cinéaste sur lequel on peut compter. Cinéma social, comédie qui parle bien de son genre, le tout est saupoudré d’histoires et de personnages très bien ajustés. Bref, on rit, on pleure, puis on rit et surtout la somme de tout ça, fait qu’on sort de la salle le sourire aux lèvres.
Note : 15/20
Par Cinéted