avril 29, 2024

La 8e Nuit

Titre Original : Je8ileui Bam

De : Tae-Hyung Kim

Avec Sung-Min Lee, Hae-Joon Park, Yoo-Jeong Kim, Da-Reum Nam

Année : 2021

Pays : Corée du Sud

Genre : Horreur, Thriller

Résumé :

Armé d’un chapelet et d’une hache, un moine pourchasse un esprit millénaire qui prend possession des humains et sème la désolation sur Terre.

Avis :

En matière de cinéma d’horreur, l’Asie bénéficie d’une notoriété mondiale. Si l’on compte certaines itérations à la violence graphique, le continent se distingue surtout dans les récits de hantise et une approche toute psychologique du genre. Face au Japon, à la Thaïlande ou à la Chine, la Corée propose quelques incursions intéressantes. En comparaison des polars ou des thrillers, il ne s’agit toutefois pas du type de productions le plus distribué en dehors des frontières du pays. Néanmoins, on a eu droit à des métrages notables, comme 2 sœurs, The Quiet Family ou Into the Mirror. Avec La 8e nuit, première réalisation de Kim Tae-hyung, on s’insinue dans le folklore coréen, teinté de légendes bouddhistes et chamanistes.

L’entame nous explique le mythe censé être le point de mire de l’intrigue. D’emblée, on distingue un récit manichéen à outrance où les forces du mal et du bien se vouent un éternel combat. Il ne s’agit pas d’une synthèse ou d’une allégorie. Les enjeux se contentent de cette linéarité confondante de naïveté. Certes, il y a bien une confrontation brutale et sanglante. Afin de changer la face du monde, les incarnations ou le cheminement apportent quelques intonations décalées. Il n’en demeure pas moins une approche apocalyptique, variante des croyances occidentales et moyen-orientales. Dans les faits, il subsiste une puissance maléfique qui souhaite déchaîner l’enfer sur terre, sous le prisme de la peur et du désespoir.

« Malgré quelques séquences intéressantes, il faut se contenter d’un jeu du chat et de la souris. »

Au sortir de ces considérations, on pourrait néanmoins apprécier le clivage entre légendes antédiluviennes et contexte contemporain. Il est vrai que les incursions paranormales détonnent au détour d’un entrelacs de ruelles faites de bric et de broc ou d’un tunnel obscur. Cependant, le cinéaste délaisse bien vite le traitement initial qui laissait augurer un angle axé sur l’épouvante et l’effroi. L’entité maléfique se substitue alors aux spectres errants. Malgré quelques séquences intéressantes, il faut se contenter d’un jeu du chat et de la souris, où la possession semble être le seul moyen de locomotion de l’antagoniste. Le concept n’est pas sans rappeler Hidden, même si le registre demeure différent.

On y retrouve d’ailleurs une autre occurrence commune avec le film de Jack Sholder. À savoir, une enquête policière. Le cinéma coréen est connu pour sa propension au mélange des genres. Preuve en est avec The Strangers qui entremêlait avec brio le thriller, le polar et l’horreur ; le tout sur fond de chamanisme. Les bases sont similaires avec La 8e nuit. Seulement, le résultat est aux antipodes. Ici, les investigations des enquêteurs font office de remplissage pour densifier un propos simpliste. Ces circonvolutions narratives se parent de personnages et d’intrigues secondaires dispensables. Dès lors, le fil conducteur présente des difficultés à maintenir la cohérence de l’ensemble.

« Le rythme se complaît dans une évolution lénifiante. »

Les connexions sont poussives, parfois téléphonées quand elles ne sont pas rocambolesques. Au-delà de cette progression chaotique, le rythme se complaît dans une évolution lénifiante. Certes, on peut toujours apprécier une approche contemplative pour étayer une atmosphère ou exacerber les émotions. Cependant, on se confronte à des longueurs pénibles où le vœu de silence des moines démontre vite ses limites, alors qu’on distinguait un potentiel à établir une communication autre que par les mots. Cela sans compter sur l’absence de terreur inhérente à l’entité. La faute à des mimiques grotesques des possédés et des trucages abominables. Mention spéciale à l’éruption arachnéenne d’une multitude d’yeux sur le faciès d’un des intéressés.

Au final, La 8e nuit est une production Netflix dénuée d’ambitions. Fidèle aux standards de la plateforme, le film de Kim Tae-hyung ne parvient pas à exploiter son sujet, comme son environnement. On a beau apprécier la qualité de la photographie ou certains aspects du cadre (la maison de la chamane, la forêt, les ruelles délabrées…), on reste perplexe quant à la pertinence de l’entreprise. Cette dernière manque cruellement d’identité, piochant çà et là quelques idées conceptuelles. On regrette également une narration mal structurée, une présentation laborieuse et, surtout, un traitement sans subtilité. Là où il aurait été judicieux de privilégier une approche psychologique, on se heurte à un scénario facile, aux séquences trop explicites qui confèrent parfois au ridicule.

Note : 08/20

Par Dante

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