avril 29, 2024

Vitalic – Voyager

Avis :

S’il y a bien un genre musical dans lequel les français excellent, c’est la musique électro. Il faut dire qu’avec la pléthore de DJ qu’on se tape, et les succès mondiaux de David Guetta et consorts, il est difficile de passer à côté de ce que l’on appelle aujourd’hui, la French Touch. Comme dans tout genre musical, il y a à boire et à manger, de grosses productions que l’on met en avant à une scène underground qui tente de nouvelles choses pour faire évoluer cet « art ». Bien évidemment, il est plus intéressant de farfouiller dans des groupes pas trop connus qui essayent de nouvelles combinaisons, plutôt que d’aller vers le tout-venant, ne cherchant qu’à faire du profit et de la musique distrayante pour la masse. En ce sens, Vitalic tente une approche risquée, se voulant accessible, tout en incluant des sonorités revêches pour le grand public.

Derrière ce pseudo se cache un dijonnais qui répond au doux de Pascal Arbez-Nicolas. Poussé dès son plus âge par son père à étudier la musique classique, il va apprendre le trombone, mais c’est à dix-huit ans, alors qu’il est à un concert des Daft Punk, qu’il va se prendre une grosse tarte et se jeter à corps perdu dans la musique électronique. Son crédo, c’est d’utiliser un seul synthétiseur pour tout un album, donnant alors une homogénéité qui permet d’octroyer une identité à chacun de ses skeuds. Voyager, son quatrième album (et celui qui nous préoccupe aujourd’hui), en est un exemple fort, puisqu’il n’utilise qu’un Buchla, ce qui lui donne des aspects un peu Cold Wave, mais aussi une certaine rigidité. Et des références à d’autres musiciens électro qui ont déjà tracé leur identité. Du coup, difficile pour Vitalic de s’imposer chez le néophyte.

L’introduction de l’album est pourtant étonnante. On peut y entendre une petite guitare, qui sera par la suite enrichi par un son de clavier assez « rigolo » et une boîte à rythme assez classique afin de créer une ambiance un peu dansante. On y décèle aussi un aspect rétro, et El Viaje donne alors envie d’aller plus loin dans l’écoute. Mais les choses vont rapidement dégringoler avec Waiting for the Stars où l’on va entendre le mancunien David Shaw. Si le démarrage peut évoquer très rapidement Depeche Mode, on sombre dans l’électro mercantile avec une rythmique aérienne et des paroles lénifiantes. En fait, on a l’impression que Vitalic noie le poisson avec des débuts intrigants, puis sombre assez vite dans la facilité. Même Levitation manque d’engagement et d’identité. Le début pourrait presque évoquer Skrillex, mais ça part très vite en électro insignifiante avec des paroles incompréhensibles.

Et en parlant de références qui baignent tout l’album, Hans is Driving est un hommage à peine déguisé à Kavinsky. Malheureusement, c’est mou, sans un élément qui pourrait nous faire adhérer au concept. On y retrouve même des trucs qu’aurait pu faire Gainsbourg, dans la langueur du chant, mais là, on s’emmerde sec. Puis Use it or Lose it avec le batteur Mark Kerr manque cruellement d’allant. C’est bien simple, il s’agit d’un titre totalement transparent qui ne reste aucunement en tête. C’est alors que Lightspeed fait son apparition, et là, on va de suite penser à Mr Oizo (Quentin Dupieux) et son Flat Beat. Les sonorités sonnent de façon identique, et la seule différence viendra d’une petite mélodie récurrente, évoquant alors une comptine pour enfant. Il est difficile de se détacher de toutes ses références et de trouver une once d’imagination dans cet album.

Eternity va alors venir nous titiller les esgourdes durant son début. Ici, l’électro laisse la place à un vrai piano mélodieux et mélancolique. On peut se dire alors que Vitalic va proposer enfin quelque chose de nouveau, de plus original et bucolique. Malheureusement, après une rupture silencieuse, l’artiste retombe dans ses travers et on va se retrouver avec un titre sans véritable enjeu. C’est dommage, certaines idées sont bonnes, mais elles ne sont pas bien exploitées. Nozomi sera un morceau complètement inconséquent et sans intérêt, alors que Sweet Cigarette ressemble à n’importe quel titre que pourrait sortir n’importe quel DJ qui a plus les mains en l’air lors d’un concert que sur ses machines. Enfin, Don’t Leave me Now, reprise de Supertramp, pourrait fonctionner grâce la belle voix de la chanteuse, mais arrive bien trop tard pour nous rattraper.

Au final, Voyager, le quatrième album studio de Vitalic, est une déception, même pour quelqu’un qui ne verse pas dans la musique électronique. Les morceaux semblent trop calibrés pour donner une vraie identité à l’artiste, qui ne trouve pas forcément le juste équilibre entre musique un peu underground et gros beat pour faire bouger les foules. En fait, il y a une pléthore d’idées intéressantes dans cet album, mais elles sont toutes mal employées, et c’est bien dommage…

  • El Viaje
  • Waiting for the Stars feat David Shaw
  • Levitation
  • Hans is Driving feat Miss Kittin
  • Use it or Lose it feat Mark Kerr
  • Lightspeed
  • Eternity
  • Nozomi
  • Sweet Cigarette
  • Don’t Leave me Now

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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