avril 27, 2024

RRR – Dans la Frénésie de l’Action

De : S.S. Rajamouli

Avec N. T. Rama Rao Jr., Ram Charan, Alia Bhatt, Ajay Devgn

Année : 2022

Pays : Inde

Genre : Action

Résumé :

À l’époque coloniale, en Inde, les anglais enlèvent une jeune fille d’une communauté tribale. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que cette tribu a un protecteur : Bheem. Peut-être que soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique. Mais la force est du côté des justes.

Avis :

S.S. Rajamouli est un réalisateur indien qui officie dans la branche du cinéma Tollywoodien, c’est-à-dire un segment de la production indienne qui se fait en langue Telugu. Débutant au tout début des années 2000, S.S. Rajamouli s’est d’abord fait connaître en tant que cinéaste de films d’action, mais c’est quand il passe au film d’époque et de reconstitution entre histoire et fantaisie qu’il gagne ses lettres de noblesse, s’approchant un peu de l’aura d’un Sanjay Leela Bhansali. Au cours des années 2010, le réalisateur impose deux énormes succès au box-office indien, « La légende de Baahubali » et sa suite, deux films qui vont même aller jusqu’à avoir une renommée et une carrière à l’étranger.

Cinq ans après la suite de « … Baahubali« , S.S. Rajamouli est de retour sur les écrans pour une nouvelle super-production qui cette fois-ci, se déroule dans une époque plus proche de nous, puisque c’est dans l’Inde post coloniale que le metteur en scène a décidé de poser sa caméra, pour trois heures et sept minutes de pure folie.

Incroyable, fou, délirant, fucké de la tête, audacieux, impertinent, se fichant parfaitement des convenances et des règles, plein de surprises, S.S. Rajamouli livre un véritable festival qui ne s’arrête tout simplement jamais. Et le plus étonnant avec ce film, c’est que le réalisateur livre un film qui a de la gueule et qui en plus de ça, offre une intrigue bien plus profonde et dramatique qu’elle n’en a l’air. Bref, décidément, le cinéma indien est bourré de surprise et ce « RRR » est une sacrée découverte, doublée d’un pur spectacle en salle.

Inde 1920, le gouverneur visite avec sa femme et ses gardes la forêt d’Adilabad et c’est dans cette dernière qu’il tombe sur une communauté tribale. Dans cette communauté, une jeune fille d’à peine douze ans chante divinement, alors le gouverneur pour faire plaisir à sa femme, emmène l’enfant, au grand drame de sa mère. Ce que le gouverneur ne savait pas à ce moment-là, c’est que dans cette communauté, il y a un protecteur, et cet homme, appelé Bheem, va tout mettre en œuvre pour retrouver la petite fille et la ramener auprès des siens. Pour cela, l’homme se rend à Delhi, et son chemin va bientôt croiser celui de Rama Raju, un policier au service de l’Empire et il a pour mission d’arrêter celui qui viendra sauver la petite fille. Alors qu’il devrait être ennemi, une profonde amitié se noue entre eux alors qu’ils ignorent la mission de l’autre. Mais que va-t-il se passer lorsqu’ils vont se démasquer ?

Fabuleux ! Oui, fabuleux, puis jouissif… Oui, ce sont bien les premiers mots qui me viennent en tête à la sortie de ces trois heures de film, qui ont résonné comme un véritable festival de cinéma elles seules.

« RRR« , derrière ce titre très court, est un film qui nous offre énormément et qui nous réserve une multitude de surprises, d’action à l’indienne, de démesure, d’héroïsme, de trahisons, de suspens, de chansons évidemment et derrière ça, d’intrigue. Une intrigue moins facile qu’elle n’en a l’air et surtout qui sait se renouveler pour faire changer le film de cap en plus milieu de celui-ci et ainsi redéfinir quelques-uns de ses personnages, et derrière ça encore, à mener son intrigue vers quelque chose de plus émotionnel et touchant à suivre.

Ainsi, « RRR  » est un film qui tient un scénario à tiroirs. Pas un ou deux, mais bien trois ouvertures de film qui vont chacune expliquer l’un des « R » du titre. Le réalisateur nous entraîne dans un film qui ne va cesser de muter, histoire de se faire totalement imprévisible. Cette histoire qu’on pensait déjà toute faite d’avance est finalement très surprenante et au travers des divers rebondissements et des trahisons que tient le film, cette histoire se fait plus dramatique et terrible dans son fond.

« RRR » est un film qui parle de liberté et de vengeance. C’est aussi un film qui parle de la place de l’Angleterre à cette époque-là dans le pays et comment elle traitait la population des Indes. Le film parle aussi de résistance, de luttes des classes et il nous offre une magnifique et géniale bromance, absolument improbable, tellement drôle au départ, et finalement assez touchante au final. Les trois heures que dure le film ne se voient pas passer, car S.S. Rajamouli nous offre toujours quelque chose qui bouscule son intrigue, et c’est très bien vu.

On ajoutera à cela qu’il est bien impossible de s’ennuyer, car pour habiller et faire vivre cette histoire, S.S. Rajamouli offre à son film une mise en scène de malade. Une mise en scène pleine de ressources, d’envie de grandiose, de plans épiques et surtout d’idées. C’est bien simple, il n’y a pas une seule scène où il n’y a pas une idée pour booster le film. C’est assez fou de voir autant de créativité, d’audace, de chorégraphie, aussi bien pour les scènes clipées que pour les scènes de baston (dont certaines sont complétement hallucinées et renvoient certaines productions américaines à l’état de petits joueurs) de métaphores, et de culture, car oui, « RRR » s’inscrit purement dans la tradition des films indiens avec ses passages obligés, comme une certaine démesure dans l’action, ou encore des passages de comédie musicale.

S’il y a bien quelques scènes qui vont être surjouées, s’il y a bien l’emploi d’effets numériques qui peuvent laisser à désirer, et si encore il y a bien un sur-usage parfois des ralentis, face à tout ce que le film offre en idées, en assurance, en violence, en intrigues, en humour, drame et émotion, finalement, ces petits détails cités plus haut apparaissent comme du menu fretin face à un film généreux, fou et surtout qu’on se plaît à suivre.

Ce côté plaisant, on l’a aussi grâce à ces comédiens et notamment « le feu » et « l’eau » que sont N. T. Rama Rao Jr. qui incarne Bheem, un personnage très humain, assez dingue, mais surtout touchant, tant il est investi, et Ram Charan, qui incarne Rama, un personnage qui pour le coup pourrait bien devenir culte dans ma cinéphilie, tant je n’avais encore jamais vu un personnage pareil ! L’acteur, comme son personnage, sont tous deux bluffants, et nous mettent une sacrée claque dans tous les sens du terme. Les deux forment THE DUO et on serait presque prêt à les suivre n’importe où. Pour les accompagner, les faire se souvenir, ou pour les tuer, on trouvera d’excellents comédiens indiens tels Alia Bhatt, Ajay Devgn ou Shriya Saran pour les acteurs indiens, et du côté des britanniques, on trouvera des têtes connues comme Ray Stevenson, Alison Doody, ou Olivia Morris.

« RRR » est donc un véritable festival de bout en bout de film. Un festival de cinéma. Un festival d’actions abusives. Un festival de grandiose. Un festival de comédie. Un festival d’intrigue, car elle ne cesse de faire peau neuve. Et enfin un festival d’acting, avec des acteurs absolument incroyables en tout (bon, très bon et mauvais).

C’est assez dingue, car à chaque fois que je m’arrête sur un film indien avec tous les clichés que j’imagine et les « kitscheries », tous offrent autre chose et si c’est imparfait, et qu’il y a bien certains des clichés imaginés (voire recherchés), le cinéma indien me fait la surprise d’offrir autre chose. Quelque chose de plus grand, de plus dingue, de plus fou et de plus jouissif et « RRR« , ne fera que confirmer cette règle. Distribué dans une quinzaine de salles, franchement, le spectacle en vaut sacrément le détour !

Note : 17/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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