Avis :
Trouver un nom adéquat quand on est un groupe de métal, ce n’est pas facile. On ne compte même plus les groupes qui ont changé plusieurs fois d’appellation en cours de route, soit parce que leur premier nom ne fonctionnait pas, soit parce qu’on les confondait avec d’autres groupes déjà existants. Prenons les allemands de chez Stormhammer. Au début de leur carrière, ils ont pris le pseudonyme de Lizard. Manque de bol, c’était déjà le nom d’un groupe de rock allemand. De ce fait, ils ont changé pour S.P.Q.R. Mais là aussi, ça n’allait pas forcément, puisque les dragons, il ne faut pas les mélanger avec les romains. Ils décident alors de prendre le nom de Steamhammer. Sauf que c’est aussi le nom d’un groupe des années 70. C’est alors que le groupe adopte définitivement le nom de Stormhammer en 2000, sept ans après leur formation initiale.
Heavy/Thrash/Power
C’est bien gentil de changer de nom à toute berzingue, mais Stormhammer, c’est quoi ? IL s’agit d’un groupe qui mélange plusieurs styles. En premier lieu, lorsque l’on écoute les premiers riffs, il s’agit d’un Power puissant, mélodique et très rapide. Welcome to the End, leur cinquième effort, ne déroge pas à la règle. Après une introduction guerrière, Northman dévoile les prémices d’un genre codifié au possible, avec ce qu’il faut d’énergie, de puissance et de moments fédérateurs. Mais au-delà d’un Power assez classique qui se retrouvera aussi dans les paroles (Coucou Black Dragon qui sera l’apogée du genre), Stormhammer lorgne du côté du Heavy, avec notamment quelques solos aux riffs plus légers. Secret et The Law peuvent en attester, avec quelques passages techniques assez intéressants. Bref, d’un point de vue instrumental, Stormhammer, c’est du solide qui vise dans deux domaines distincts, mais très proches.
Jusque-là, on pourrait dire que le groupe n’a pas inventé la poudre, et que des formations qui officient dans ce mélange, il y en a des tonnes. Ce qui fait la vraie particularité de Stormhammer, c’est la voix du chanteur, qui est dans un registre Thrash. Relativement grave, éraillée, cette voix permet de donner une réelle identité au groupe, qui peut alors assimiler trois genres en un seul. Et des morceaux plutôt rugueux, on va en avoir quelques-uns. On pense à The Heritage et son démarrage percutant. On peut aussi citer Road to Heaven, même si au niveau des riffs, on est sur quelque chose de plus Heavy. Néanmoins, c’est assez intéressant de voir que les trois styles interagissent bien et offrent un truc à part, qui permet aux allemands de se différencier de la masse. Mais tout n’est pas rose non plus, et parfois, certains morceaux manquent de cohérence.
Trop long
Si les mélanges sont bons et que, globalement, l’album est réussi, il ne va pas éviter certains écueils. En premier lieu, il y a beaucoup trop de pistes. Quatorze morceaux pour plus d’une heure d’écoute, il faut avoir les reins solides pour proposer cela sans trembler. Le groupe tombe dans le piège d’une trop grande générosité, et se répète inlassablement sur certains titres. On a l’impression que tout cela manque de variété. Si on peut exclure des titres comme My Dark Side, plus mélodique que le reste, le sentiment de redondance est bien présent. Une redondance qui se retrouve dans les structures même des morceaux. Chaque titre se termine comme le précédent, à savoir un refrain répété ad nauseam pour étirer la durée. C’est assez pénible, surtout quand c’est répété jusqu’à la lie. Le groupe est sûr de lui, sûr de son effet catchy, mais à la fin, ça gonfle.
C’est cette dichotomie qui empêche l’album d’être vraiment bon. D’un côté, on a des riffs brutaux, une rythmique endiablée et des titres assez accrocheurs baignant dans un univers médiéval fantastique connu. De l’autre, on a trop de titres qui se ressemblent et des fins de morceaux qui se répètent inlassablement, jusqu’à créer une lassitude. Il est dommage que le groupe ne se soit pas plus restreint à quelque chose de plus simple, plus direct, et donc moins grandiloquent, notamment dans la durée des titres, et de l’album en général.
Au final, Welcome to the End, le sixième effort de Stormhammer, est un album qui est plutôt satisfaisant. On sent toute la générosité des allemands, et cette envie d’offrir toujours plus. Cependant, entre quantité et qualité, il faut faire le tri, et on se retrouve clairement face à un surplus qui nous laisse perplexe. Oui, c’est efficace sur l’instant, mais tout cela manque de moments entêtants et de titres qui restent longuement en tête. En bref, un album recommandable, mais qui oublie un peu trop la sobriété pour mieux nous percuter les tympans.
- The Beginning of the End
- Northman
- Welcome to the End
- The Heritage
- Secret
- The Law
- Watchmen
- Road to Heaven
- My Dark Side
- Into the Night
- Spirit of the Night
- Soul Temptation
- The Awakening
- Black Dragon
Note : 14/20
Par AqME