avril 24, 2024

Kvelertak – Splid

Avis :

Quand on est un amateur de musique, on a toujours tendance à écouter un peu de tout. Bien évidemment, on a toujours un style pour lequel on a plus d’affection que d’autres, mais les mélomanes sont curieux et essaient toujours de jeter une oreille à diverses choses. C’est un peu le cas de Kvelertak, groupe norvégien fondé en 2007 et qui éclate au public en 2010 avec un premier album fortiche. Il faut dire que les membres sont fons de plusieurs genres de rock, allant du Punk au Prog en passant par le Black, et ils ont eu envie de rentrer toutes leurs influences dans un style hybride, le Black’n’Roll. Et à ce jour, Kvelertak est le seul groupe à proposer cela. Splid, quatrième effort du groupe, marque un tournant pour la formation, puisque c’est le premier avec le nouveau chanteur, Ivar Nikolaisen. Est-ce un problème ?

Mélangez-moi

Avec cet album, le groupe norvégien avait annoncé la couleur en prônant un changement de cap assez radical, ce qui allait dérouter les fans. Ajoutons à cela le départ du chanteur fondateur qui avait une voix criarde très particulière, et on obtient un objet de curiosité qui appelle malgré tout à l’écoute. Car oui, Kvelertak est un groupe assez difficile d’accès, qui ne se limite pas à un seul genre, et dont chaque titre mérite une écoute particulière. Ici, ça commence assez fort avec Rogaland. Dépassant les cinq minutes, on assiste à une montée en puissance, qui lorgne vers un rock prog avant de plonger dans une sorte de punk virulent qui arrive tout de même à s’insérer dans diverses sources. Back-up aériens, solo bien placé, on reste sur un titre hybride qui est vraiment à l’image du groupe, pas facile d’accès, mais d’une richesse folle.

Crack of Doom lorgnera du côté du Hard bien énervé, tout en gardant un aspect Prog/Punk très étrange. L’apport de Troy Sanders (bassiste et chanteur de Mastodon) n’est pas négligeable, aussi bien dans le chant clair que dans la direction du morceau, qui se veut percutant, technique, tout en rentrant dans une durée plus commune. C’est avec Necrosoft que l’on rentrera de plein fouet dans l’ancien Kvelertak, avec un titre puissant, très court, mais qui ne laisse aucune seconde de répit. Encore une fois, nous sommes à la frontière du Black, avec un blast virulent, et du Punk, avec des grattes qui ne sont pas si lourdes que ça. Le mélange est surprenant, mais fonctionne à plein régime, surtout dans ses ruptures de tons et sa propension à ne pas ennuyer, ne restant jamais monolithique. Et cela malgré son côté massif et rageur.  

Plus c’est long, plus c’est bon

Il en va de même avec Discord, qui commence en beuglant avec un riff saturé qui revient sans cesse, mais le refrain est plutôt intéressant et apporte de la nuance au sein du titre. On retrouvera cela dans les morceaux courts comme Uglas Hegemoni, qui a des relents punks très forts, ou encore Tevling qui évoque Time After Time de Cindy Lauper dans son introduction et sa conclusion. Des choix surprenants pour un groupe comme Kvelertak et qui risque fort de désorienter les fans de la première heure. Mais c’est surtout dans les titres très longs que le groupe trouve ses lettres de noblesse. Bratebrann débute comme un bon Rock un peu Stoner des familles, avant d’enquiller sur quelque chose de plus rugueux, mais surtout de plus complexe à appréhender. Dans cet exercice, le groupe se régale, joue avec plusieurs genres et délivre toutes ses capacités.

Cet élan plein de fougue et d’imagination, on le retrouve surtout vers la fin de l’album, avec des morceaux qui dépassent allègrement les sept minutes. Fanden ta Dette Hull ! en est un exemple parmi d’autres, mais il est vraiment synthétique de tout ce que le groupe veut faire passer. Ça démarre comme un bon vieux Heavy des années 70/80 avant de partir en vrille, avec un mélange un peu punk, et des incrustations Black avec du blast qui défouraille. Bref, c’est d’une grande richesse, et c’est toujours étonnant. La force d’ailleurs de cet album, c’est qu’à chaque écoute, on découvre une nouvelle facette. Et que dire de Delirium Tremens qui se conclut dans un ouragan de folie douce parfaitement orchestrée. Du délire.

Au final, Splid, le dernier album en date de Kvelertak, est une superbe surprise. Il est fort probable que les fans des débuts soient totalement déroutés par ce changement de cap, mais la prise de risque est clairement payante. Le groupe gagne en maturité, mais aussi en accessibilité. Ce qui peut paraître étrange quand on sait que Splid est l’album le plus complexe du groupe. Mais il réside dedans tellement d’amour de tous les genres, d’honnêteté et de technique, qu’il est difficile de s’en passer. A l’image de l’artwork complètement dingue, Splid est un album de grande qualité, dont le seul défaut serait peut-être de ne pas avoir un titre un poil plus calme, plus viscéral, pour toucher notre petit cœur tout mou.

  • Rogaland
  • Crack of Doom feat Troy Sanders
  • Necrosoft
  • Discord
  • Bratebrann
  • Uglas Hegemoni
  • Fanden ta Dette Hull !
  • Tevling
  • Stevnemote med Satan
  • Delirium Tremens
  • Ved Bredden av Nihil

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.