avril 20, 2024

Planète Terreur

Titre Original : Grind House : Planet Terror

De : Robert Rodriguez

Avec Rose McGowan, Freddy Rodriguez, Josh Brolin, Marley Shelton

Année : 2007

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Dans une petite ville, William et Dakota Block, un couple de médecins, constatent que leurs patients sont soudain frappés par la gangrène et affectés par un regard vide et inquiétant…
De son côté, Cherry, go-go danseuse, s’est fait arracher la jambe lors d’une attaque. Wray, son ex-petit copain, veille sur elle. Mais Cherry a beau être au plus mal, elle n’a pas dit son dernier mot.
Tandis que les malades se multiplient et deviennent des agresseurs enragés, Cherry et Wray prennent la tête d’une armée destinée à empêcher l’épidémie de se propager. Si des millions d’individus sont contaminés et beaucoup succombent, une poignée d’entre eux se battront jusqu’au bout pour se réfugier dans un lieu sûr…

Avis :

C’est au milieu des années 2000 qu’est venue à l’esprit de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez l’idée d’un double programme en hommage aux films Grindhouse de la belle époque. Aux Etats-Unis, ce terme désigne des salles de cinéma qui proposaient des doubles programmes de films bis, avec de l’exploitation dedans. Ainsi, en 2007, les deux compères ont réalisé un film chacun, qui fut proposé aux salles, avec en guise d’entracte, de fausses bandes-annonces. Le problème, c’est qu’en Europe, les spectateurs ne sont pas habitués à ce genre de programmation. C’est pour cela que le producteur exécutif prend la décision de scinder les deux films, les sortant avec quelques mois d’écart dans les pays non anglophones. Et après le slasher Boulevard de la Mort, c’est au tour des zombies de Planète Terreur de venir nous titiller la rétine, à défaut de nous bouffer le cerveau.

Petites cervelles

Robert Rodriguez le sait, avec Planète Terreur, il faut faire un film simple, volontairement outrancier, pour coller au maximum à ces petites productions Z qui ont pullulé aux States dans ces salles de cinéma Grindhouse. Pour cela, il va alors griffonner un petit scénario sur un bout de papier tout ce qu’il y a de plus classique. Et c’est ce que va être Planète Terreur, un film dont le scénario est un grand n’importe, le but ici étant d’apporter de l’érotisme, du gore et des punchlines débiles. Ainsi donc, on va suivre Cherry, une gogo-danseuse qui veut changer de vie, mais qui se retrouve avec son ex à devoir combattre des zombies qui sortent d’un camp militaire. Une petite équipe se met en place pour échapper à l’invasion et combattre des soldats déjà infectés qui veulent les pleins pouvoirs. Bref, c’est con comme la lune.

A travers ce scénario, Robert Rodriguez ne cherche pas à faire révolutionnaire, mais à coller à une ambiance craspec qui respecte des codes déjà établis. De ce fait, on va avoir droit à tout le toutim sur les militaires badass et corrompus, mais aussi sur des lieux qui se prêtent à renforcer un aspect ben dégueulasse, bien dégoulinant. Outre la base militaire qui n’est qu’un hangar gris, on va surtout avoir droit à un restaurant dégueulasse, avec un chef cuistot ragoûtant, qui ne souhaite qu’une chose, faire le meilleur barbecue du pays. On aura aussi droit à un hôpital peuplé d’incompétents et de médecins bizarres, dont la lumière jaune pisse contribue à baigner tout le métrage dans une atmosphère salle et lugubre. Epaulé par Quentin Tarantino, Rodriguez peaufine sa mise en scène et ne cède pas à un immobilisme qui le caractérise. Ici, tout est vivant, ou mort, mais vivant.

Du sale

En dehors de l’ambiance poisseuse que le film véhicule très bien, Planète Terreur tient aussi la route grâce à des acteurs qui s’en donnent à cœur joie et des personnages assez attachants. Très clairement, le scénario prend trois options qu’il réunit à la fin. On aura droit à la gogo-danseuse qui croise son ex, au restaurateur creepy qui renoue avec son frère qui est le chef de la police locale, et enfin, au couple de médecins dont elle veut quitter son mari qui pète littéralement les plombs. Ces trois segments se rejoignent très vite et tout ce petit monde va s’entendre comme larron en foire. Ce tissu de personnages atypiques donne aussi tout son charme au film, qui se permet de l’excès à chaque plan et sur chaque dialogue, n’ayant jamais peur du ridicule. Mais c’est aussi ce qui donne un tel cachet au métrage.

Fidèle à une certaine réputation, Robert Rodriguez va envoyer du lourd d’un point de vue gore. S’entourant de pointures comme Greg Nicotero (The Walking Dead) ou encore Tom Savini (qui joue un rôle dans le film, mais qui a sûrement donné des conseils dans les make-up), le film présente des passages bien dégueulasses, digne héritier des films Grindhouse de la belle époque. Le sang coule à flots, les corps sont démembrés, certaines parties pendouillent alors que d’autres personnages fondent comme neige au soleil, le cinéaste pousse tous les curseurs à fond et ne se fixe aucune limite. Cela participe à une sorte de joie hystérique gorasse, rappelant les plus belles œuvres de Peter Jackson avec Braindead, jouant à l’écho avec Une Nuit en Enfer, ou lorgnant parfois du côté d’un Herschell Gordon Lewis. Et dans les années 2000, c’était comme une sorte de revival salvateur.

Tout numérique

On pourrait croire que pour coller à l’esprit des films d’exploitation, Robert Rodriguez tournerait en pellicule, mais ce n’est absolument pas le cas. Ici, tout est numérique, et les effets de vieillissement se sont faits en post-production. Cela a eu pour conséquence de faciliter le travail des comédiens, qui ont travaillé comme d’habitude, ne se souciant pas de la présence, ou non, de pellicule. Néanmoins, cela enlève un petit peu de charme à l’ensemble, et notamment sur les effets visuels qui sont parfois vulgaires. Par exemple, lorsque Quentin Tarantino perd sa bite, on voit bien que ce sont des effets numériques, et quinze ans plus tard, cela se voit. Alors oui, c’est volontairement laid pour coller à l’esprit des films d’exploitation de l’époque, mais justement, un véritable effet artisanal aurait été plus efficace. Et cela se répète plusieurs fois dans le film.

Au final, Planète Terreur est un film qui garde son penchant sulfureux et jouissif malgré les années qui passent. Certes, c’est con comme les blés et certains passages sont outrageusement nuls, mais ça fait partie d’un tout qui s’assume et n’y va pas avec le dos de la cuillère. Robert Rodriguez le sait, Quentin Tarantino le sait, nous sommes dans de l’exploitation, les spectateurs attendent donc un spectacle qui colle à cela, et on peut dire que le compte y est. Il est juste dommage que derrière ce côté « hommage », le réalisateur ne cherche pas à dénoncer quelque chose, n’aille pas plus loin dans sa démarche, pour dépasser un simple statut de film fait pour la galéjade.

Note : 15/20

https://www.youtube.com/watch?v=4-5y9hBJfeU

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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