avril 26, 2024

La Voix des Ténèbres – Dean Koontz

Auteur : Dean Koontz

Editeur : Pocket

Genre : Horreur

Résumé :

Le pacte était scellé : ils étaient « frères de sang ». Mais l’expression n’avait pas tout à fait la même signification pour Colin et pour Roy.
Pour Roy, tuer c’est l' »éclate ». Mieux que les filles, mieux que le football, mieux que tout. Quoiqu’encore adolescent, il a déjà plusieurs crimes parfaits à son actif. Mais il se sent seul. Il voudrait bien avoir un ami sûr avec qui partager sa passion.
Colin ferait l’affaire. Roy lui confie son secret. Mais il refuse tout d’abord de le croire puis recule bêtement devant un meurtre pourtant sans risque.
Qu’importe : Roy est obstiné et tient en réserve un argument décisif…

Avis :

Parmi les auteurs d’horreur les plus connus et les plus « vendeurs », Dean Koontz se hisse souvent en haut du tableau. Toujours dans l’ombre de Stephen King, il n’en reste pas moins un auteur qui compte et un écrivain suivi par de nombreux fans. Cependant, Dean Koontz n’a pas l’aura du maître de l’horreur. Ces récits sont souvent moins impressionnants et plus simples dans leur intrigue. On peut évoquer Tic Tac qui n’est rien d’autre qu’une poupée maléfique qui va faire tourner en bourrique un pauvre hère malchanceux. Avec La Voix des Ténèbres, on retrouve un petit peu les tics d’écriture de Dean Koontz, qui a du mal à se défaire d’un scénario simpliste pour évoquer des personnages troubles, ou au comportement vicieux. Et même s’il s’attaque à des adolescents, on reste toujours en surface d’un truc qui aurait pu avoir plus d’ampleur.

Frères de sang

Colin est un jeune homme qui vient d’arriver dans la ville de Santa Leona. Un peu geek sur les bords, il est passionné par les films d’horreur, devant lesquels il exorcise un peu toutes ses phobies. Il va rencontrer Roy, LE jeune homme en vogue au lycée, qui va devenir son meilleur ami, et même son frère de sang. Mais Roy a beau avoir l’air cool, il est aussi très bizarre, et laisse sous-entendre qu’il a déjà tué. Et d’ailleurs, pour lui, tuer, c’est l’éclate. Colin pense que c’est un jeu, jusqu’au jour à Roy commence à s’en prendre à lui. Portrait d’une jeunesse sans repères dans les années 80, troubles psychotiques, adolescents dangereux, Dean Koontz mélange un peu tous les atours du thriller sulfureux pour fournir une relation toxique et peindre le portrait d’une jeunesse que personne ne croit, dont personne ne fait cas.

Le début du roman est assez intrigant car il utilise de longs dialogues pour montrer l’aspect factice de la relation entre les deux garçons. Colin pense que Roy lui fait passer un test, mais Roy met mal à l’aise de suite, avec des réponses laconiques et une aura étrange émane de ses mots. Très rapidement, on pense au film Boys Next Door avec Charlie Sheen, qui suit le parcours de deux jeunes qui perdent pied et se mettent à tuer des gens autour d’eux. Ici, c’est presque pareil, sauf que l’on va faire face à une dualité entre deux garçons dont les objectifs sont différents. Colin pense se faire un ami en vue et sortir de sa solitude. Roy espère enfin trouver quelqu’un comme lui, dont le meurtre devient un jeu et une façon de se sortir d’un ennui banal. Dean Koontz parvient à construire une amitié malsaine.

Manque d’ampleur

Si l’amitié entre les deux garçons fonctionnent, on a tout de même l’impression que l’auteur se focalise uniquement sur eux, et très peu sur leur environnement. La ville de Sante Leona se résume à la plage, une salle d’arcade et quelques maisons abandonnées. Les deux garçons n’ont pas d’autres relations, ce qui est assez étonnant venant de Roy, puisqu’on nous raconte qu’il est très populaire dans son bahut. En fait, il manque un réel contexte à cette histoire pour qu’elle aille plus loin. Dean Koontz s’intéresse davantage à la psychologie des deux protagonistes, mais il en oublie de créer un cadre cohérent, pouvant jouer avec d’autres relations. De ce fait, on s’ennuie poliment face à cette histoire un peu redondante, avec un garçon creepy et un autre influençable mais pas forcément influencé. Alors oui, on aura quelques petits éléments, mais ça reste trop timide.

Par exemple, on peut citer les parents de Roy, des gens absents, qui vivent dans un milieu aseptisé dans lequel personne ne se parle. On pourrait presque croire à un fait surnaturel, à des extraterrestres au mode de vie étrange, mais il n’en sera rien, l’auteur n’utilisant même pas cet effet pour créer une dichotomie des genres. Quant à Colin, sa mère est jeune, belle et passe son temps à travailler dans une galerie d’art, délaissant son enfant. Il y a d’ailleurs un gros problème dans le récit qui concerne Weezy, la mère de Colin. En effet, cette dernière est persuadée que son film se drogue avec des pilules et elle passe son temps à ne pas l’écouter, ce qui en fait un personnage antipathique et surtout peu crédible. Elle n’accorde aucune confiance à son gosse, mais le laisse tout le temps seul. Bref, il y a quelques menus défauts.

Tout est factice ?

Outre les relations parentales qui sont complexes des deux côtés des enfants, on se retrouve aussi avec des passages qui ne servent à rien, si ce n’est à remplir le livre de quelques pages supplémentaires. On pense ici à Colin qui part en bateau avec son père et les amis de ce dernier. Une pêche au gros qui vire en carnage en pleine mer et en beuverie de beaufs. Cette relation avec le père n’est jamais reprise dans le roman et c’est bien dommage. De même, la relation entre Colin et son amoureuse reste trop terre à terre et manque de magnétisme. Certes, c’est une bouffée d’air pour le « héros », mais il n’hésite pas à l’utiliser pour piéger son « ami ».

On peut aussi évoquer le dialogue avec la mère de Roy, qui voit son fils comme un Damien de la Malédiction, mais dont l’échange ne servira à rien, surtout dans le final, qui n’utilisera rien de ce qu’il met en place.  A l’image des autres romans de Dean Koontz (du moins ceux que j’ai lu), le final arrive de façon abrupte et n’offre pas de réelle conclusion, nous laissant dans l’expectative de quelques réponses qui ne viendront pas. C’est plutôt dommage.

Au final, La Voix des Ténèbres n’est pas un mauvais roman en soi. Dean Koontz tisse une relation toxique entre un enfant solitaire qui pense trouver l’ami rêvé et un enfant tyrannique qui a un sérieux grain. C’est assez intéressant et pose un regard acerbe sur une relation qui n’a pas de repères dans une société où les adultes n’en ont cure. Cependant, le manque de contexte, d’environnement propice à une ambiance morbide, fait que le roman manque d’ampleur et de volonté de percuter son lecteur. Un roman mineur donc, assez court, qui peut faire le taf, mais qui ne vise pas plus loin.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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