avril 26, 2024

Restless Revolver – Running Dry

Avis :

Il est toujours difficile de passer outre ses références, de bien les digérer pour avoir une identité propre et se démarquer de la concurrence. Malheureusement, ce n’est pas trop le cas de Restless Revolver. Avec une telle pochette et un tel nom, on pourrait croire que le groupe vient des Etats-Unis, mais il n’en est rien. En effet, le groupe provient de Mandal, une ville norvégienne dans laquelle les gens aiment se mettre sur la trogne. Plus sérieusement, il s’agit-là d’un groupe tout jeune, fondé en 2015 et qui surfe sur une vague un poil désuète, à savoir le Hard Rock des années 70/80. Jouer sur la corde nostalgique est plutôt une bonne chose, encore faut-il y apporter quelque chose de neuf. Et ce n’est guère le cas ici, puisqu’avec Running Dry, Restless Revolver décoche un premier album très simple, peut-être trop, qui singe plus qu’autre chose.

Le premier titre, Highway, rentre parfaitement dans la catégorie des morceaux que l’on a déjà entendu une million de fois. Le groupe pioche allègrement chez AC/DC et d’autres groupes un peu Hard des années 80 et tente vainement d’y apporter sa patte. Malheureusement, ça restera sympathique, mais sans jamais dépasser ce statut. Avec I’m the Man, les norvégiens lorgnent vers quelque chose de plus ardu, de plus puissant, mais on ressentira une certaine redondance à l’écoute. On va vite se rendre compte que ce sentiment provient d’un manque cruel de variations au sein du morceau, qui reste très monolithique. Il n’y aura pas de solo, pas de pont marquant, et finalement, au bout d’un moment, on va s’ennuyer sévère. Ce n’est pas mauvais pour autant, mais il manque au titre une construction plus complexe, ou un moment vraiment prégnant.

En fait, le gros défaut du groupe, ce n’est pas tant sa technicité, qui est plutôt bonne, mais cela vient d’une volonté de faire quelque chose de commun, énergique, mais qui n’a pas vraiment d’identité. Par exemple, Punk Dunk n’est pas un morceau punk, même s’il veut nous le faire croire. On aura droit à un solo un peu pété, rapide, mais qui n’apporte rien au titre. Pire, il rompt une sorte d’énergie qui aurait pu être communicatrice. Alors ce n’est pas mauvais, mais c’est anodin. Il en va de même avec Rock’n’Roll et son refrain très classique et sa guitare rythmique qui reste sur un même ton monocorde. Ou encore Is This Love qui manque de profondeur. Dans un pub, avec quelques pintes, le groupe peut donner envie de danser, mais on sent tout de même que c’est très limité. Surtout en termes de production.

C’est d’ailleurs un problème récurrent dans ce genre de groupe. L’enregistrement n’est pas optimal, on sent qu’il y a quelques errances, et les arrangements sont mal foutus. Par exemple, la voix du chanteur prend souvent le dessus sur la musique et tout cela manque d’ampleur. Evil Woman pourrait tenir de belles promesses avec ses débuts bluesy et son énergie montante, mais rien ne va vraiment prendre. D’autant plus que l’on aura l’impression d’écouter les mêmes riffs que dans les morceaux précédents. Tout cela d’imagination et de prise de risque. I Feel Nothing sera plus dans un délire Hard, mais il restera trop sage. Néanmoins, c’est dans ce titre que le chanteur laissera sa voix aller à plus de maîtrise et des moments fort sympathiques. On sent un sacré potentiel dans ce morceau, qui se saborde un peu à cause de la production aléatoire.

Fort heureusement, Balls on Fire va venir sauver son petit monde. Car depuis le départ, on sent un petit ennui s’insinuer en nous. Et c’est alors que Restless Revolver dégaine ce titre qui saura nous faire rebondir et donner envie de bouger dans tous les sens. Alors certes, ce n’est pas un titre mirobolant, mais il est bourré d’énergie et de bonnes intentions. On prend un vrai plaisir à l’écoute. Fake News se prend pour un petit AC/DC, mais sans l’ampleur du groupe australien. Running Dry viendra nous réveiller un petit peu, notamment sur la prestation vocale du chanteur, qui va se mettre à crier, et qui maîtrise mieux sa voix dans ces moments-là. On aurait presque aimé un passage plus métal pour entendre plus de rugissement de cet acabit. Enfin, Be Free s’amuse à singer Motörhead et ça reste dans le domaine du sympathique.

Au final, Running Dry, le premier album de Restless Revolver, est un effort assez sympathique, mais on ne va pas se le cacher, totalement anecdotique. Le groupe norvégien imite ses pairs sans jamais y apporter un peu de nouveauté et au bout d’un moment, l’ennui vient pointer le bout de son nez. Cela est dû à une production aux fraises et à un chant qui n’est pas assez marquant. D’ailleurs, le chanteur a pris la poudre d’escampette avec ce premier album, ce qui peut, potentiellement, dire que le groupe va pouvoir recruter quelqu’un de meilleur. C’est tout le mal qu’on leur souhaite, ainsi qu’une maison de disque, car là, on ne dépasse jamais vraiment le groupe qui anime des fêtes de villages un peu énervées.

  • Highway
  • I’m the Man
  • Punk Dunk
  • Rock’n’Roll
  • Is This Love
  • Evil Woman
  • I Feel Nothing
  • Balls on Fire
  • Fake News
  • Running Dry
  • Be Free

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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