avril 20, 2024

Last Night in Soho- Quand Wright s’Attaque à l’Horreur

De : Edgar Wright

Avec Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Matt Smith, Diana Rigg

Année : 2021

Pays : Angleterre

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

LAST NIGHT IN SOHO met en scène l’histoire d’une jeune femme passionnée de mode et de design qui parvient mystérieusement à retourner dans les années 60 où elle rencontre son idole, une éblouissante jeune star montante. Mais le Londres des années 60 n’est pas ce qu’il parait, et le temps semble se désagréger entrainant de sombres répercussions.

Avis :

On ne présente plus aujourd’hui le britannique Edgar Wright, réalisateur qui s’est fait une place folle dans le cœur des cinéphiles depuis le début des années 2000. Après « Baby Driver » et ses poursuites en bagnoles déjantées, Edgar Wright a ressorti de ses tiroirs un projet vieux d’une bonne dizaine d’années, « Last Night in Soho« . Après « Baby Driver« , le metteur en scène avait l’envie d’un projet plus intime. Un film plus intime qui réservera toutefois son lot de surprises, de défis, d’évolution et le tout livré dans le style génial qu’on aime tant du réalisateur.

Sixième film pour Edgar Wright, « Last Night in Soho » était de ces films qui faisaient le plus saliver d’envie. Il faut dire qu’au fur et à mesure de sa carrière, le cinéaste a toujours placé la barre haute et après le jouissif et fou « Baby Driver« , on était très curieux de voir où le réalisateur allait bien pouvoir nous emmener. Après les comédies geeks, après une incursion dans le cinéma romantico-d’aventure avec une touche de SF, ou encore le cinéma d’action et film de braquage, Edgar Wright s’aventure dans un film d’horreur. Oui, un film d’horreur, et pas un simple film d’horreur. Non, « Last Night in Soho » tient de très belles touches d’épouvante, de voyage dans le temps et de nostalgie, et le résultat est une petite bombe jouissive à souhait, visuellement magnifique, et au-delà de ça, qui nous emporte avec fracas de surprise en surprise.

Hellie a toujours rêvé d’être styliste. Habitant dans les Cornouailles avec sa grand-mère, la jeune fille vient d’être acceptée dans une prestigieuse école de Londres. Pour elle, la grande vie commence et la capitale va être le terrain de jeu qui va mettre ses rêves en place. Depuis qu’elle est petite, Hellie a d’étranges visions. Des visions qui pourraient même être un pouvoir et à Londres ce don, ou cette malédiction, va s’accentuer quand la jeune fille peut aller dans le passé et plus précisément dans les années 60.

Quel plaisir de se plonger dans ce nouvel Edgar Wright. Bourré d’originalité, inattendu, beau dans tous les sens du terme, surprenant, intriguant et plus largement prenant, « Last Night in Soho » est le genre de film qu’on adorerait voir bien plus souvent.

Comme je le disais, « Last Night in Soho » a très longtemps maturé dans l’esprit de son réalisateur et c’est sûrement ce qui fait que ce premier essai dans le film d’horreur pour Edgar Wright ne ressemble à aucun autre film. Écrit par Wright et Krysty Wilson-Cairns (à qui l’on doit le scénario du « 1917 » de Sam Mendes), « Last Night in Soho » est un scénario dingue qui ne va cesser de nous surprendre sur tout son long. Nostalgique, nous entraînant dans une époque enchanteresse, Edgar Wright joue énormément avec les miroirs et les différents reflets qu’ils peuvent renvoyer, déformant ainsi le regard qu’on peut avoir sur des événements passés. Terrible dans son écriture et très riche, « Last Night in Soho » est un film qui est aussi bien un film d’émancipation, de découverte, qu’un pur film d’horreur qui nous réserve une enquête passionnante, et des fulgurances horrifiques qui vont monter crescendo jusqu’à éclater dans un film fou, où révélations et autres twists font très bon ménage.

Toujours dans cette écriture, « Last Night in Soho » est aussi un film qui nous offre des personnages passionnants et touchants, notamment ces deux héroïnes qui sont absolument parfaites, l’une observant la vie de l’autre, à travers une ficelle scénaristique temporelle absolument pas expliquée et c’est très bien ainsi.

Du côté de la mise en scène, « Last Night in Soho« , c’est du caviar. Pour commencer, le film est purement et simplement magnifique. Décors, ambiance, costumes, et puis cette lumière incroyablement belle créée par Chung Chung-hoon, directeur de la photographie à qui l’on doit une partie des lumières des films de Park Chan-wook. Ensuite, il y a cette originalité dans la mise en scène, qui ne cesse d’inventer encore et encore. Je ne crois pas qu’il y ait une scène sans une idée. Ça fuse, c’est prenant, et derrière ça, tout est un plaisir à suivre, des merveilles des découvertes de Londres, à l’horreur des fantômes qui vont se faire de plus en plus présents. Comme toujours chez Edgar Wright, le film nous réserve une BO aux petits oignons. Que ce soit la BO créée par Steven Price ou la chest list de sons des sixties, « Last Night in Soho » est encore une fois un pur plaisir.

Puis dernier élément, le réalisateur nous a réuni une bande d’acteurs, et surtout d’actrices, car c’est une première chez Edgar Wright. Si son film nous réserve de bons personnages masculins portés par des acteurs aussi passionnants qu’inquiétants, comme Matt Smith ou Terrence Stamp, « Last Night in Soho« , ce sont avant tout ces deux comédiennes qui sont géniales et ne cessent en quelque sorte de se renvoyer la balle. D’un côté, on trouve alors Thomasin McKenzie, qui est parfaite en jeune fille découvrant Londres à différentes époques, et qui s’engouffre dans une histoire au bord de la folie. Puis de l’autre côté, il y a la belle Anya Taylor-Joy qui ne cesse, de films en séries, de grandir et s’imposer et « Last Night in Soho » en est encore une grande preuve. Décidément, on va encore entendre parler de cette fille pendant très longtemps, et ça nous ravit au plus haut point. À noter aussi un dernier rôle pour Madame Diana Rigg, qu’Edgar Wright chouchoute pour encore une fois nous plus grand plaisir. Le réalisateur lui offre même une dernière scène d’une très belle poésie qui conclut en beauté la carrière de la Dame.

Après « Baby Driver« , le réalisateur revient en force et en très grande forme, nous offrant un film d’horreur temporel qui ne ressemble à aucun autre. Magnifique, sombre, nostalgique, fou et surprenant, « Last Night in Soho » s’inscrit très facilement dans ce que l’année 2021 nous aura offert de mieux. Décidément, Edgar Wright a tout compris. Vivement son prochain !

Note : 17/20

Par Cinéted

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