avril 26, 2024

Louloute – L’Ennui de la Nostalgie

De : Hubert Viel

Avec Laure Calamy, Alice Henri, Bruno Clairefond, Erika Sainte

Année : 2021

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Années 80, Normandie. Entre les vaches, le Club Do’ et les gros pulls en laine, Louloute rêve, tombe amoureuse et se dispute avec ses proches. Alors que la ferme familiale s’endette, sa vie va changer à jamais.

Avis :

Réalisateur indépendant français, Hubert Viel n’est pas vraiment connu et son cinéma a plutôt tendance à se faire discret. Débutant sa carrière dans les années 2000, il réalise son premier long en 2013, « Artémis, cœur d’artichaut« . Très inspiré par le cinéma d’Éric Rohmer et Jean-Luc Godard, il livre un second film en 2016, « Les Filles au Moyen Âge« .

Son « Louloute« , il y a longtemps qu’Hubert Viel y pense, il devait même être d’ailleurs son deuxième court-métrage. Travaillant dessus à la fin des années 2000, le film ne s’est jamais tourné et c’est seulement après « Les Filles au Moyen Âge » qu’Hubert Viel, sur les encouragements d’une amie, est revenu sur cette histoire.

« Louloute« , c’est le genre de film qui, dès que je suis tombé sur sa bande-annonce, avait de petits trucs en plus qui me faisait espérer trouver la pépite de la semaine. Le film s’annonçait lumineux, nostalgique et drôle, et finalement, même si « Louloute » tient un joli cachet et de très belles envolées nostalgiques, le métrage d’Hubert Viel se pose comme une déception. Long, lent, confus, dispatché, « Louloute » a bien trop de sujets en lui et finalement, on n’arrive pas vraiment à cerner ce que Hubert Viel voulait nous raconter avec cette histoire-là.

Louise est professeur d’histoire géographie. La trentaine, Louise habite dans son monde. Un jour, elle tombe sur Dimitri, le nouveau professeur d’anglais, et il se trouve qu’elle connaît bien Dimitri, puisqu’elle en était amoureuse quand elle était petite fille. Cette rencontre, plus le fait que le lendemain, avec son frère et sa sœur, ils vont mettre en vente la ferme familiale, la fait se replonger dans ses souvenirs d’enfance.

Une déception, une belle et triste déception que ce « Louloute« , qui était un film qui faisait plein de jolies promesses sur le papier. Il faut dire que le film était porté par une jolie bande-annonce et une affiche qui donnait un ton lumineux. « Louloute » laissait présager une plongée dans l’enfance, et dans ce voyage, on imaginait bien les rires, les émotions et les rêveries d’une petite fille. On ajoutait alors à cela la présence lunaire de Laure Calamy, actrice qui s’impose de plus en plus dans le paysage du cinéma français, au point d’en devenir une essentielle. Bref, vous l’aurez compris, le film d’Hubert Viel donnait énormément envie de s’y arrêter et cette envie est d’autant plus grande avec le fait que le film est assez peu distribué.

Mais voilà, malgré de jolies qualités, « Louloute« , c’est avant tout une vraie déception. On lui laissera une photographie superbe, une plongée dans les années 80 très bien fichue, ou encore des acteurs au top, notamment le couple Bruno Clairefond et Laure Calamy qui composent de doux parents. On lui laissera aussi un ton très joli, entre nostalgie et douleur des souvenirs. Puis on lui laissera un choix assez audacieux dans sa scène finale, qui sera de toute beauté. Pour le reste, « Louloute » va être plus laborieux qu’autre chose.

Ce qui sera le plus dérangeant avec le film d’Hubert Viel, c’est son scénario, qui a bien du mal à trouver sa direction. Fait de flashbacks, on ne sait pas trop où le réalisateur veut aller avec cette histoire. S’aventurant sur trop de sujets et trop d’intrigues à la fois, « Louloute » est un film qui parle aussi bien de l’enfance, des souvenirs d’enfance, des rêveries d’une petite fille, que de la vie dans les années 80, la vie à la ferme, les difficultés des agriculteurs, la pression financière, le couple, ou encore les blessures faites dans l’enfance qui restent une fois adulte et avec lesquelles il faut composer pour vivre. Sur le papier, « Louloute » est un film riche, mais à l’image, le résultat est plus compliqué que ça et « Louloute » laisse la sensation de ne pas savoir de quoi il veut vraiment nous parler.

On suit pourtant ces allers/retours avec un certain intérêt, mais au-dessus de ce dernier, il y a surtout l’espoir que « Louloute » nous accroche enfin, et ça, ça n’arrive pas, et le film d’Hubert Viel n’avance jamais vraiment. Cette sensation est aussi développée avec ce montage, dont finalement, on ne sait pas trop quoi en penser, car on ne sait pas pourquoi le réalisateur a choisi de nous montrer tel ou tel moment et au-delà de ça, on a l’impression que le film est fait de plein d’idées, plein d’envie, mais sur l’ensemble de ces sujets, ça ne fonctionne pas. On ressort avec l’idée qu’un film sur l’enfance d’une petite fille et un autre sur la difficulté des agriculteurs aurait été bien plus clair et plus intéressant que le schéma qu’Hubert Viel a choisi d’emprunter pour nous raconter « Louloute« .

Esthétiquement joli, justement interprété, « Louloute » n’aura finalement pas réussi à convaincre et surtout à m’emporter. Long, ennuyant et surtout confus, entre nostalgie, blessures d’enfance, difficultés agricoles, désillusions, crise politique, « Louloute » a bien du mal à conjuguer tous ses sujets et l’on reste à se demander finalement de quoi voulait vraiment nous parler ce film. Moi qui pensais passer un moment des plus sympathiques et lumineux, ce fut l’inverse que j’ai trouvé là et j’en ressors déçu, très déçu. Dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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