octobre 14, 2024

Joe Bell

De : Reinaldo Marcus Green

Avec Mark Wahlberg, Reid Miller, Connie Britton, Morgan Lily

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic, Drame

Résumé :

D’après l’histoire vraie de Joe Bell et de son fils de 15 ans, Jadin, qui s’est suicidé en 2013 après avoir été victime d’homophobie. Après la mort de son fils, Joe Bell a décidé de traverser les Etats-Unis pour lui rendre hommage…

Avis :

Réalisateur américain, Reinaldo Marcus Green nous vient du cinéma indépendant. Il commence sa carrière au début des années 2010, tout d’abord en tant que producteur, puis par la suite en tant que metteur en scène. Ainsi, en 2011 et 2015, Reinaldo Marcus Green se fait la main et réalise pas moins de six courts-métrages qui vont petit à petit lui assurer une certaine renommée. En 2018, Reinaldo Marcus Green a alors réussi à convaincre pour faire un premier film. Toujours inédit chez nous, ce premier film, titré « Monsters and Men« , avait été projeté au festival de Deauville la même année et je dois dire que malgré un sujet très intéressant, puisque le cinéaste s’intéressait au racisme aux Etats-Unis, ce premier film s’était posé comme une déception.

Produit par Jake Gyllenhaal et Cary Joji Fukunaga, inspiré d’une histoire vraie et tenu par un sujet en or, « Joe Bell« , le deuxième film de Reinaldo Marcus Green réunissait encore une fois tous les bons points et s’annonçait bouleversant, mais malheureusement pour nous comme pour lui, « Joe Bell » n’arrive pas à convaincre, souffrant des mêmes causes que « Monsters and Men« . Abordant le harcèlement scolaire, l’homophobie, le poids de la culpabilité ou encore la rédemption, si « Joe Bell » tient de beaux moments de cinéma, sur son ensemble, le film apparaît comme lourd, appuyé, et derrière ça, assez ennuyant.

Joe Bell a décidé de marcher à travers les États-Unis pour se rendre à New York, ville dans laquelle son fils voulait vivre. Le fils de Joe a été victime de harcèlement scolaire, à cause de son homosexualité, alors après trop de souffrance, Jaden a mis fin à ses jours. Aujourd’hui, Joe marche pour son fils et dès qu’il le peut, il s’arrête dans les écoles et les associations pour parler de harcèlement, de différence et d’acceptation.

Un peu comme pour la première œuvre de Reinaldo Marcus Green, je n’avais pas entendu parler de ce film, mais dès que je suis tombé sur le synopsis de ce dernier, « Joe Bell » m’a donné une folle envie de m’y arrêter, car tout comme « Monsters and Men« , le projet avait un sacré bon sujet qui pouvait donner naissance à un bouleversant moment de cinéma. Mais bon, comme vous l’aurez compris, il ne sera rien de tout cela, et « Joe Bell » ne restera qu’un très bel espoir. Un espoir qui peut même être agaçant quand on y pense, tant le projet réunissait bien des ingrédients pour un résultat comme celui-là.

Alors c’est vrai que sur son ensemble, « Joe Bell » peut se laisser suivre, car dans le fond, la rédemption de ce père, porté un excellent Mark Wahlberg, peut être touchante. Mais dans ce même ensemble, que ce soit sur les sujets du harcèlement scolaire, l’homophobie, ou encore le coming out, l’acceptation de soi, ou encore le deuil, on va trouver des films qui sont bien mieux, plus sensible, plus prenant, plus émouvant, mieux écrit, et au-delà de ça, moins ennuyant. Çà et là, on pense à des films comme « 1:54« , « Prayer For Bobby« , « Love Simon« , « Juste une question d’amour« , ou encore « Le premier qui l’a dit« , qui avec des histoires et des thèmes qui s’approchent plus ou moins, nous prendront bien plus que le film de Reinaldo Marcus Green.

Cette déception est véhiculée aussi par une incompréhension, car « Joe Bell » est un film qui est écrit par Diana Ossana et Larry McMurtry, le duo à qui l’on doit le magnifique et culte « Le secret de Brokeback Mountain« . Avec un CV pareil à l’écriture, on se demande comment Ossana et McMurtry ont pu nous livrer un film aussi fade, aussi lourd, et derrière ça, parfois même brouillon. Oui, l’intrigue fait des allers-retours dans le passé des personnages, pour nous raconter le coming out, le harcèlement, la détresse, le suicide, la douleur, puis la décision de Joe Bell. Souvent confus, très prévisible, et manquant cruellement d’émotions, « Joe Bell » arrivera à seulement quelques rares occasions à nous prendre (la scène avec Gary Sinise est superbe), malheureusement, dès que le film commence à remonter sa pente, il nous lâche aussitôt et retombe dans l’ennui et le convenu.

Cet ennui est aussi amené par la mise en scène de Reinaldo Marcus Green, qui encore une fois nous donne la sensation qu’il n’ose pas aller au bout de ses idées et de ses personnages. Un peu comme « Monsters and Men« , « Joe Bell » donne la sensation que son réalisateur s’est dit qu’il tenait un bon sujet et qu’il n’avait qu’à filmer ses personnages pour que ça marche. Or, il faut plus qu’un Mark Wahlberg sur le bord d’une route, se remémorant des souvenirs (d’ailleurs pas forcément cohérents quand on y pense), pour offrir un film bouleversant et ça, même si je le répète, à quelques rares occasions, le film peut être touchant.

Lourd, mal fichu, assez cliché, et surtout long, ce deuxième film pour Reinaldo Marcus Green est donc encore une fois une déception. Si le réalisateur fait un chouilla mieux que sur « Monsters and Men« , ce n’est pas encore suffisant pour nous convaincre et surtout nous emporter dans cette histoire vraie, qui avait pourtant en elle tous les ingrédients pour nous laisser k.o. et au-delà de ça, portait en elle un sublime message. Dommage. En espérant que la troisième soit la bonne.

Note : 07/20

Par Cinéted

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