avril 19, 2024

Arsène Lupin Contre Arsène Lupin

De : Edouard Molinaro

Avec Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Cassel, Françoise Dorléac, Geneviève Grad

Année : 1962

Pays : France

Genre : Policier

Résumé :

Le jour des obsèques d’André Laroche, c’est le scandale et la stupéfaction : le monde découvre en effet que son alter-égo n’était autre que le célèbre Arsène Lupin ! Autre coup de théâtre, les deux fils du plus grands des voleurs décident de poursuivre l’œuvre de leur père en organisant de nouveaux cambriolages spectaculaires…

Avis :

Edouard Molinaro est un cinéaste français qui a fait de la comédie son genre de prédilection. Loin du mouvement de la Nouvelle Vague, le metteur en scène lui préfère de loin des films populaires et il restera attaché à cette envie de divertir et d’amuser toute au long de sa carrière. Après avoir réalisé quelques drames, films policiers et autres comédies dramatiques, c’est en 1962 qu’Edouard Molinaro commence vraiment à s’orienter vers la comédie, avec notamment cet « Arsène Lupin contre Arsène Lupin« .

Arsène Lupin, un personnage qui fascine et comme tout bon personnage qui arrive à autant fasciner, il a eu droit à plusieurs d’adaptation cinéma. Des films sur Arsène Lupin, on ne les compte plus, tant il y en a, sa première apparition datant de 1908 avec « Une aventure d’Arsène Lupin » réalisé par Edwin Stratton Porter, pour aller jusqu’en 2021 avec « Lupin« , série Netflix inspirée du personnage. Bref, dans cette longue liste, on trouve donc le film d’Edouard Molinaro et parmi tous les projets, le film de Molinaro se pose comme une curiosité. Une curiosité aussi bien dans ce qu’il raconte, que dans la façon qu’il a de raconter son intrigue. Edouard Molinaro offre alors un film qui est bourré de bonnes idées et qui sait se faire intéressant, mais a contrario, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » déçoit, offrant un style plus qu’étrange, qui donne la sensation que le film ne sait pas sur quel pied danser.

André Laroche est mort, et le jour de ses obsèques, c’est le drame, car le monde apprend qu’il est en fait Arsène Lupin. Pour François, c’est un double coup de théâtre ce jour-là, car le jeune homme d’une vingtaine d’années découvre que Laroche, et donc Lupin, est son père, et ce dernier lui a laissé un message avant de mourir. Laroche a eu une aventure avec une femme et cette aventure a donné naissance à un autre fils, François a donc un frère. Laroche lui demande alors de retrouver ce frère, de ne rien lui cacher et de continuer à faire vivre son nom. Ce que François ne savait pas, c’est que le frère en question, Gérard, sait qu’il est le fils de Lupin et il a déjà décidé de continuer l’œuvre de son père…

« Arsène Lupin contre Arsène Lupin » en voilà un titre plein de mystère. Un mystère qui tend encore un peu plus vers la curiosité à la lecture des noms qui se trouvent sur l’affiche. Ressorti récemment chez Gaumont en Blu-ray, je me suis donc lancé dans ce film d’Edouard Molinaro et je dois bien dire que j’en ressors assez partagé, et même plutôt déçu.

« Arsène Lupin contre Arsène Lupin » est un film qui tient de bonnes idées, et notamment celle de nous offrir une intrigue qui tourne autour de deux fils que Lupin a eu avec deux femmes venant de mondes tout à fait opposés. Le scénario peut amuser avec ces frères qui ne se connaissent pas, mais qui ont la « même idée », celle de continuer à faire vivre l’œuvre de leur père. Ainsi, de ce côté-là, le film d’Edouard Molinaro enchaîne les aventures, les cambriolages, les maquillages et le divertissement. Dans ce film, on rend hommage au père, on se lance à la recherche d’un trésor de Poldavie, on combat des comtes qui sont méchants, et on dragouille la belle, la magnifique, Françoise Dorléac.

Comme toujours chez Édouard Molinaro, le rythme ne faiblit jamais et une aventure en entraîne une autre. Le scénario est souvent accompagné de répliques savoureusement balancées par des acteurs qui s’amusent pleinement. D’ailleurs, en parlant des acteurs, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin« , ce sont deux voleurs pour le prix d’un, et pour incarner ces deux Lupin, deux jeunes acteurs bourrés de talent et d’élégance, Jean-Claude Brialy ici fils de bourgeois et Jean-Pierre Cassel, fils de serveuse. Le duo, dans ses affrontements et ses entraides contre le diabolique comte Von Krantz, fait mouche et il est très plaisant à suivre.

Ainsi donc, le film enchaîne les qualités, mais derrière, ou devant ça (cela dépend des moments), « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » est un film plein de défauts, de maladresses et d’étrangeté dans ses choix, notamment de mise en scène. Ainsi, dans cette optique-là, l’idée de pasticher le film entre cinéma muet et parlant donne un résultat dont on ne sait que faire. Puis au-delà de ça, le montage est loin de toute nuance et quand il passe d’un style à l’autre, c’est « si radical », que ça nous sort du film, ça nous sort de l’intrigue et l’on se demande vraiment quel était le but de cette idée-là, car elle ne fonctionne pas. On ajoutera à cela un humour qui a une tendance à se faire lourd. Si parfois ce dernier est léger, apportant même quelque chose de pétillant, bien souvent, Édouard Molinaro en fait trop, en plus de poser des questions, ça peut aussi agacer.

Ainsi, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » est un film duquel je ressors terriblement partagé. Amusé d’un côté, déçu de l’autre, curiosité sympathique qui frôle la fantaisie d’un côté et comédie, et plus largement film, qui ne sait pas sur quel pied danser, de l’autre. Bref, entre ses qualités, ses défauts, ses maladresses et ses très bons moments, reste le duo/duel Jean-Claude Brialy/Jean-Pierre Cassel qui lui fait des merveilles, et ne serait-ce que pour ce duo, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » mérite bien qu’on y fasse un petit arrêt.

Note : 11/20

Par Cinéted

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