avril 26, 2024

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile – Efron à Contre-Courant

De : Joe Berlinger

Avec Zac Efron, Lily Collins, Kaya Scodelario, John Malkovich

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic, Thriller

Résumé :

Liz, une mère célibataire tombée amoureuse de Ted Bundy, refuse de croire à ses crimes pendant des années.

Avis :

Joe Berlinger est un nom qui, à première vue, ne me parlait pas du tout. J’ai donc été jeter un rapide coup d’œil à sa filmographie, pensant trouver un jeune débutant et c’est presque un vétéran que j’ai trouvé-là. Commençant sa carrière dans les années 80, Joe Berlinger a surtout « fait parler » de lui lorsqu’il s’est attaqué à la suite du « … projet Blair Witch« . Pour le reste de sa carrière, Berlinger se partage entre la réalisation et la production, et le bonhomme a un domaine de prédilection, le crime, et plus largement les tueurs. Ainsi, il a réalisé pas mal de documentaires et de séries-documentaires. D’ailleurs, quatre mois avant la sortie du film sur lequel on s’arrête aujourd’hui, Joe Berlinger avait déjà consacré quelques heures à Ted Bundy avec sa mini-série « Ted Bundy : Autoportrait d’un tueur« , série disponible sur Netflix.

Zac Efron dans la peau de Ted Bundy … Il n’a suffi que de cet argument pour me donner l’irrésistible envie de m’arrêter sur le film de Joe Berlinger (même si je dois avouer qu’il est resté dans ma liste un sacré bout de temps). L’histoire de Ted Bundy est une horreur et il est presque logique, avec un parcours et un personnage comme celui-ci, que le cinéma s’intéresse à cette vie. Des films sur Bundy, on en trouve quelques-uns, et dans cette « masse », celui de Joe Berlinger s’éloigne de ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Si vous vous attendiez à un thriller, un polar, ou encore à un film d’horreur sanguinolent, alors passez votre chemin, car Joe Berlinger livre toute autre chose et son point de vue sur cette histoire est vraiment intéressant.

Le jour où Liz rencontre Ted dans un bar, c’est presque un coup de foudre. Il faut dire que Ted a tout de l’homme parfait. Très beau garçon, gentil, prévenant, il est étudiant en droit et il a un très bel avenir qui s’ouvre devant lui. Bref, il pourrait même être l’homme parfait. Pourtant, cette vie merveilleuse va être brisée lorsque Ted se fait arrêter quelques années plus tard. Il se fait arrêter pour avoir griller deux stops, mais bientôt, les accusations d’enlèvements et de meurtres se succèdent. Ted a beau crier son innocence, plus les mois, les années et les verdicts tombent, et plus Liz a des doutes.

C’est donc un film étonnant que livre là Joe Berlinger avec ce « Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile » (mais quel titre sans fin). Avec un personnage comme Bundy, il était presque logique qu’on s’attende à un thriller sombre, et finalement, le réalisateur américain a fait un autre choix et c’est tout l’inverse qu’il offre là. « Extremely Wicked … » sera donc un film déroutant, qui retracera le parcours judiciaire du tueur de femmes. Ici, Joe Berlinger ne veut pas s’arrêter sur les meurtres de Bundy. Non, lui, ce qui l’intéresse avec ce film, c’est la personnalité de Bundy, et derrière ça, son histoire d’amour avec Elizabeth Kendall. Le choix est assez osé et c’est l’une des très belles saveurs de ce film. Ainsi, Ted Bundy nous est présenté comme le gendre idéal et ce gendre crie son innocence à qui veut bien l’entendre.

Ce qui est très intéressant aussi avec ce film, c’est que connaissant le portrait de ce monstre qu’était Bundy, « Extremely Wicked … » joue énormément avec les manipulations que le personnage peut faire. Offrant un portrait trouble et troublé, offrant un personnage tout en nuances qui ressemble à monsieur tout le monde, on aime beaucoup cet angle d’attaque, et même si l’on connait la finalité de cette histoire, Joe Berlinger injecte une sorte de suspens qui nous tient en intérêt jusqu’au dernier acte de ce film. Puis c’est aussi très intéressant d’avoir le point de vue de l’entourage de Bundy, qui a presque découvert les horreurs du type en même temps que le reste du pays. D’ailleurs, la dernière scène est très forte en émotion, résumant parfaitement les personnages de Bundy, mais aussi de Liz, piégée toutes ses années dans le doute.

Derrière le personnage de Bundy, ce qui est aussi très intéressant avec « Extremely Wicked … », c’est la reconstitution très fidèle des évènements. Si la rencontre entre Liz et Ted est quelque peu romancée, pour le reste, Joe Berlinger présente parfaitement l’enchaînement des péripéties qui ne vont faire qu’enrichir la « légende » de Ted Bundy. Arrestations, évasions, procès, provocation, et même une sorte de show que Bundy met en scène, se représentant lui-même dans ces procès. Bref, « Extremely Wicked … » est bien construit et avec sa façon de raconter autrement Ted Bundy, ça rend le film aussi intéressant que dérangeant, car oui, il y a de quoi être très dérangé face à ce monstre, caché sous les traits de ce gendre idéal, qui en serait presque touchant.

Il faut dire aussi que ce sentiment est développé grâce à la superbe interprétation de Zac Efron qui trouve là un rôle à l’opposé de ce qu’il a l’habitude de faire. En entrant dans la peau de Ted Bundy, Zac Efron prend un risque (tout comme Joe Berligner de l’avoir engagé) et c’est plus que payant, le comédien trouvant enfin un rôle qui démontre son talent. A noter aussi une belle composition pour Lily Collins, en amoureuse perdue.

Si le scénario est terriblement intéressant, du côté de la mise en scène, même si le film jouit d’une belle reconstitution et qu’au-delà de ça, on ne s’ennuie pas un instant, « Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile » tient une construction assez classique et a contrario de son scénario, assez peu surprenante. Heureusement, le film fonctionne très bien et l’on se laisse totalement prendre dans cette histoire. Puis comme je le disais, on saluera l’idée et l’envie de faire un film sur Ted Bundy autrement, mais c’est vrai aussi que côté mise en scène, « Extremly Wicked … » n’est pas plus marquant que cela. On retiendra toutefois que le film a d’excellentes scènes de procès, ainsi qu’une idée assez fascinante et déconcertante, face à ce Ted Bundy agréable, charmant, charmeur et presque amusant, car avec ce trait-là, très bien mis en valeur, à plusieurs moments, on pourrait presque se mettre dans la peau de l’entourage de Bundy et se dire qu’il ne peut être le monstre qui est décrit au cours des procès.

« Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile » est donc un bon film, qui propose un portait de Ted Bundy et de son entourage très intéressant. Loin du glauque, des horreurs et des meurtres, Joe Berlinger nous entraîne dans un film ambigu et presque manipulateur, qui nous tient du début jusqu’à sa fin. Même si du côté de sa réalisation, l’ensemble reste très classique, je ne regrette pas de m’y être arrêté.

Note : 14/20

Par Cinéted

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