novembre 5, 2024

Squid Game – Un Vrai Phénomène?

D’Après une Idée de : Hwang Dong-Hyuk

Avec Jung-Jae Lee, Park Hae-Soo, Jung Hi-Yeon, Heo Sung-Tae

Pays : Corée du Sud

Nombre d’Episodes : 9

Genre : Thriller

Résumé :

Tentés par un prix alléchant en cas de victoire, des centaines de joueurs désargentés acceptent de s’affronter lors de jeux pour enfants aux enjeux mortels.

Avis :

Certains succès sur Netflix sont souvent inattendus et inondent rapidement le marché, si ce n’est notre quotidien. Prenons par exemple Squid Game, série sud-coréenne qui a connu un succès monstre (près de 111 millions de visionnages en dix-sept jours) et qui a envahi les cours de récréation des écoles. Et pas pour le plus bel des exemples. Série violente, sorte de Battle Royale où des gens dans le besoin jouent à des jeux d’enfants en misant leur vie, Squid Game a eu tôt fait de prospérer dans le milieu éducatif. Le 1, 2, 3, soleil a viré au pugilat et il n’en fallait pas plus pour créer un mouvement de panique au sein du corps enseignant et des parents (notamment ceux qui ont laissé sciemment leurs enfants regarder cette série). Pour autant, la série n’est pas en faute, ni même Netflix, mais cela suffit pour attiser la curiosité.

Squid Game, nouvelle référence ou pétard mouillé ?

Jeux de mains, jeux de vilains

Pour les plus rompus au genre, il n’y aura guère de surprises au sein de la série. On y retrouve tout ce qui a fait le charme du Battle Royale de Kinji Fukasaku, une pointe de Alice in Borderland et le tour est joué. Ici, 456 coréennes et coréens dans le besoin acceptent de jouer à des jeux d’enfants pour gagner une grosse somme et se sortir de la misère. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que chaque jeu est mortel et les perdants sont exécutés par les gardiens du jeu. Dans ce contexte, la série met l’accent sur six personnages dont les motivations sont plus moins importantes. Ainsi, on aura droit au père de famille qui est un peu lent et souhaite une vie meilleure pour sa fille et sa mère, ou encore le jeune premier qui a mal placé son argent.

On retrouve aussi une coréenne du Nord qui veut faire venir sa mère dans le Sud, un bandit qui fuit des assassins ou encore un jeune immigré pakistanais qui a besoin d’argent pour sa famille. Au milieu de tout ça végète un grand-père qui semble perdre la boule mais qui a des dettes. Bref, sans en faire des caisses, la série identifie très vite ces quelques portraits pour nous les servir au fil des épisodes. Des alliances vont se créer, des trahisons seront faites, et on aura aussi droit au mystérieux portrait du maître du jeu. Sans oublier le flic infiltré qui cherche son frère qui a disparu. Une multitude de personnages donc, mais qui seront dilués au fil des épisodes avec des trames narratives simples, et qui tombent parfois dans le non-sens. Car oui, malgré des qualités, Squid Game use de ficelles trop grosses pour faire avancer son intrigue.

Leur sentence est irrévocable

La série se concentre bien évidemment sur son personnage principal, un père de famille dépassé par les évènements mais foncièrement bon. Les évolutions de chacun tournent autour de lui et on va voir que certains portraits se bonifient, alors que d’autres sont de véritables ordures. On pense à son ami à qui il fait confiance, ou encore au malfrat qui est un égoïste pur. Mais avec tous ces protagonistes, il y a un problème, certaines lignes d’écriture sont faibles. On peut prendre pour exemple cette femme hystérique qui hurle sur tout le monde et qui pénible, sans pour autant créer de l’empathie. On a aussi le cheminement du policier infiltré, qui est un peu trop facile, alors que des codes sont présents dans les surveillants du jeu. Bref, Squid Game n’est pas parfait et utilise parfois des raccourcis qui font tache. Pour autant, on trouvera aussi des qualités à l’écriture.

Et notamment sur les deux premiers épisodes qui sont montés de façon intelligente. Le premier nous met directement dans le bain. On nous présente sommairement le héros, père divorcé à la dérive, accro aux jeux et qui doit beaucoup d’argent à un bandit. Par la suite, il s’engage dans le jeu et on a la première épreuve qui pose les règles de façon brutale. Le deuxième épisode se fait dans la continuité, mais en dehors du jeu. En faisant ainsi, le script permet de s’appesantir sur les six personnages principaux et de leur donner du background et une raison d’être dans le jeu. Voire même de retourner dans cette arène mortelle. En faisant ainsi, sans forcer le trait, le scénariste donne de l’ampleur à ses personnages et permet de créer du liant et de l’empathie. C’est intelligent et donne une sensation addictive au téléspectateur.

Qu’on leur donne de la brioche

Sur la forme, la série se défend fort bien. La réalisation est propre, certains passages font grincer des dents, la violence est plutôt frontale et tout l’univers enfantin offre un contraste saisissant avec la violence des actes. Les acteurs sont, eux aussi, relativement bons, évitant avec brio leu surjeu. Squid Game est une série très qualitative. Cependant, on peut lui reprocher d’avoir un message bas du front que l’on a déjà vu et revu. Ici, les pauvres amusent la galerie, des riches qui parient sur la victoire de certains numéros. On peut y voir une critique du capitalisme et de l’absence d’équité dans la société actuelle. Mais on peut aussi y voir une critique acerbe de « l’envahisseur » américain, qui est celui qui fait monter les prix et joue avec les vies de tout un chacun. Ce message n’est pas novateur et manque de finesse.

Pour autant, on appréciera l’aspect nihiliste du milieu du dernier épisode. Car si le vainqueur est joué d’avance et que la série ne réserve aucune surprise de ce côté-là, on verra que les riches parieurs ne seront pas arrêtés et continuent même leur petit jeu, malgré les déboires de cette session. Cela peut se traduire par une forme de fatalité, comme quoi rien ne change et que les riches auront toujours la mainmise sur le destin du monde et des pauvres. On est vraiment sur un final qui est anti-hollywoodien au possible, anti-spectaculaire et laisse même un goût amer en bouche.

A noter aussi que certains éléments scénaristiques auraient pu servir d’autres réflexions, comme la situation économique de la Corée du Sud, ou les rapports conflictuels entre les deux Corée (la jeune fille qui veut rapatrier sa mère), mais tout cela reste en suspend et c’est dommage.

Et à la fin

Au final, Squid Game bénéficie d’un très bon bouche-à-oreille qui surévalue un petit peu la série. Si elle est loin d’être mauvaise, elle n’a pas que des qualités et tout le bazar fait autour d’elle est un peu trop bruyant. Si on retrouve une violence presque inhérente au genre et aux coréens, si on a de bons personnages et une réalisation propre, il ne faut pas oublier que certains axes sont très faibles (le coup du policier infiltré) et que le message final reste très convenu et sans grande surprise. Pour autant, on ne boude pas notre plaisir face à une série efficace, qui s’appuie sur des concepts existants pour proposer son propre délire, tout en essayant d’y injecter du fond.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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