avril 26, 2024

Russian Circles – Blood Year

Avis :

Dans le métal, il n’y a pas besoin de chant pour évoquer un morceau. Un peu comme dans la musique classique, les mélodies peuvent raconter des histoires et certains groupes, à volonté technique, se sont passés d’une chanteuse ou d’un chanteur. Des guitaristes de talent comme Joe Satriani à des groupes comme Russian Circles, on trouve de tout. D’ailleurs, pour en revenir à ces derniers, cela fait maintenant dix-sept ans qu’ils officient dans un Post-Métal technique intéressant, sans chant, mais s’offrant de temps à autre les services de Chelsea Wolfe. Trio originaire de Chicago, le groupe offre des albums tous les deux-trois ans et commence à connaître un succès certain dans les sphères métalliques. Blood Year est le septième album du groupe et il reste dans une veine post-rock très marquée, mais réussie et qui nous embarque tout au long des sept titres.

Le skeud débute avec Hunter Moon et il s’agit d’une sorte d’introduction. Très doux, envoûtant et suave, ce premier titre nous plonge dans une ambiance feutrée très agréable, mais qui cache en son sein une certaine noirceur. On a la sensation, avec ce morceau, que le groupe veut nous plonger dans une atmosphère délétère proche d’un film d’horreur. Mais cela ne va pas forcément être le cas avec le titre suivant, Arluck. Ici, le groupe pose rapidement les bases de son œuvre, à savoir une grosse technique au service de titres à multiples facettes. Le démarrage avec la batterie est très groovy et va même continuer tout au long du morceau, même lorsque débarquent basse et guitare pour fournir un son plus lourd, plus puissant, qui ne va faire que monter crescendo.

Jouant constamment avec une basse qui apporte de la lourdeur et une gratte plus claire, Russian Circles propose une structure complexe mais lisible. De ce fait, même si le titre dépasse les six minutes, on ne ressent jamais l’ennui. Ils réitèreront cet exploit avec Milano, tout en apportant une touche plus orientale dans les sonorités. Ainsi, même si le groupe délivre encore une fois un titre dépassant les six minutes, il est différent du précédent et propose un vision plus ouverte de leur post-métal. D’ailleurs, la lourdeur des riffs apportent une vraie plus-value au titre. En abordant le morceau suivant, Kohokia, Russian Circles lorgne vers d’autres horizons. Un peu comme pour l’introduction, le groupe va livrer quelque chose de plus atmosphérique et de plus sombre. Moins lourd dans les riffs, plus complexe dans sa structure, le morceau pourrait parfaitement rentrer dans une composition des Deftones, pour ne citer qu’eux.

D’ailleurs, la voix de Chino collerait parfaitement à ce genre de mélodie. Après la petite claque que l’on vient de prendre, il est de bon ton de prendre une pause, et ça tombe bien, c’est ce que propose le groupe. Avec Ghost on High, Russian Circles offre un interlude salvateur, qui fait du bien et qui permet de reprendre des forces avant les deux dernier titres. Car oui, Blood Year est un album court, composé de seulement sept morceaux. Et si on retire l’introduction et l’interlude, cela ne fait que cinq titres, ce qui peut sembler un peu court. Heureusement, les morceaux durent plus de six minutes chacun, mais ça reste assez léger. Peu importe cependant, si l’ivresse est là. Et Sinaia va mettre tout le monde d’accord. Débutant de façon très poétique, très calme, le titre va monter petit à petit jusqu’à produire des riffs envoûtants et costauds.

On ressort de là chamboulé et charmé par la proposition des américains. Mais ce n’est rien comparé à Quarterer, le dernier titre. Ici, les américains ne mettent pas de gant et délivre un morceau d’une grosse puissance qui met K.O. du début à la fin. Lourd, sans faille et savamment orchestré, il s’agit-là du meilleur titre de l’album, allant chercher des références dans un Groove Métal/Sludge qui démontre tout le talent de composition et technique du groupe. Alors oui, on pourra pester contre la durée assez courte de l’album, mais force est de constater que sur les sept morceaux, il n’y a aucun faux pas et que l’on prend un pied monstre à chaque réécoute, chose rare que des albums plus « classiques ».

Au final, Blood Year, le dernier album en date de Russian Circles, est une belle réussite et une proposition inattendue. Entièrement instrumental, le groupe américain ne lésine pas sur les moyens et la production pour offrir un gros morceau qui tabasse bien. Oui, c’est court, oui, on pourrait avoir une plus-value avec un chant approprié, mais il n’en demeure pas moins que le trio délivre une galette puissante et addictive.

  • Hunter Moon
  • Arluck
  • Milano
  • Kohokia
  • Ghost on High
  • Sinaia
  • Quarterer

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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