Avis :
Quand on a l’aura d’un AC/DC, on fait forcément des émules et des ersatz. Dans tout le lot, il y en a des mauvais qui ne sortiront jamais de l’anonymat, puis il y a les très bons, ceux qui n’échapperont pas à la comparaison mais trouveront leur voix pour se faire leur propre identité. Et dans ce cas-là, le groupe le plus emblématique reste Airbourne. Déjà parce qu’ils sont aussi australiens, mais surtout parce que depuis le début des années 2000, ils nous fracassent le crâne avec un Hard Rock old school qui ne fait ni appel à des claviers, ni même à des arrangements alambiqués. Boneshaker est leur cinquième album studio, et comme le dit si bien Joel O’Keefe, c’est un album enregistré comme un concert, qui fleure bon l’essence et la poudre. Néanmoins, cette galette est loin d’être parfaite malgré son énergie communicatrice.
L’album débute avec le titre éponyme de la galette, et d’emblée, on est dans une ambiance assez dingue, qui donne envie de bouger la tête dans tous les sens. C’est du Hard pur et dur, qui tire ses références d’AC/DC, bien évidemment, mais on entend aussi des influences plus punks, plus vives, et un côté Motörhead pour la rapidité d’exécution. Cela ne surprendra personne, puisque le groupe rend constamment hommage à Lemmy à travers ses concerts et quelques titres. Bref, Boneshaker met de bonne humeur et lance de façon optimale l’album, donnant l’envie d’en savoir plus, ou tout du moins de se donner encore plus sur des rythmes endiablés. Ce que va faire à la perfection Burnout the Nitro avec son aspect Southern Rock dès les premières notes. La batterie scande un bon rythme et il est difficile de ne pas bouger la tête tant c’est incandescent.
Cependant, on va vite se rendre compte qu’Airbourne utilise déjà sa recette jusqu’à la lie. C’est binaire et simpliste, ça fonctionne grâce à une énergie folle, mais les structures ne changent pas d’un titre à un autre. C’est-à-dire qu’après une rapide introduction, on a droit à un couplet, suivi d’un refrain qui sera entrecoupé par des chœurs masculins fédérateurs. C’est d’une logique imparable, et si ça marche, et que ça électrise tout le monde en concert, sur album, c’est un peu moins convaincant. Ici, la démarche d’enregistrer ce skeud de façon brute et comme un live, fait que l’on adhère très rapidement, mais force est de constater que c’est un peu toujours la même tambouille. This is our City suit ce schéma structurel à la lettre, tout en singeant un peu ses aînés, ce qui lui confère un bon moment, mais loin d’être mémorable.
Mais comment résister à l’envie de reprendre le refrain et de scander ces « oh, oh, oh » au bout d’une seule écoute. L’efficacité est le maître-mot de cet album, qui respire la sueur et l’envie de frapper dans tout ce qui bouge (et ce qui ne bouge pas pour les plus sadiques). Sex to Go ira droit au but pour un titre rock’n’roll vif et rapide. Backseat Boogie s’ornera d’un refrain mémorable où les chœurs font leur boulot, c’est-à-dire donner à n’importe qui l’envie de chanter et de danser comme un fou furieux. Puis Blood in the Water va un peu changer de registre, du moins au début. L’introduction est plus saccadée, mais chassez le naturel, il revient au galop, et le groupe revient dans ses travers, même si en vrai, on adore ça. Reste alors un petit solo un peu hasardeux qui fera du bien.
Avec She Gives me Hell, on tombe dans ce que propose le groupe depuis ses débuts, c’est-à-dire un titre court, vif et concis, qui ne fait pas dans la fioriture. Cela s’enchainera avec Switchblade Angel, qui dépasse à peine les deux minutes, et se veut être un morceau percutant. C’est le cas, si l’on exclut le fait que c’est encore une fois la même recette que les autres titres, avec ce refrain repris en chœur avec les autres membres du groupe. Et puis survient Weapon of War, le morceau le plus long de l’album, qui peut se targuer d’une introduction qui fait comme une mise en scène, pour ensuite aller vers quelque chose de plus lent, de plus construit. Et de se dire que finalement, c’est mieux quand c’est court et percutant. Heureusement, Rock’n’Roll for Life clôturera l’album de la plus efficace des manières.
Au final, Boneshaker, le dernier album en date de Airbourne, est un bel effort studio qui ne fait pas de chichi et qui va droit au rock. Energique, donnant une folle envie de bouger dans tous les sens, taillé pour la scène et des prestations de zinzin, ce cinquième album est un concentré de vitalité et d’énergie bouillonnante. Cependant, pour à peine plus de 30 minutes d’écoute, on aurait aimé avoir un peu plus de consistance, et peut-être une prise de risque un peu plus prégnante. En l’état, c’est un bon album, mais il lui manque quand même le petit truc en plus qui en ferait un skeud légendaire.
- Boneshaker
- Burnout the Nitro
- This is our City
- Sex to Go
- Backseat Boogie
- Blood in the Water
- She Gives me Hell
- Switchblade Angel
- Weapon of War
- Rock’n’Roll for Life
Note : 15/20
Par AqME