Monkey Man – John Wicktiti

De : Dev Patel

Avec Dev Patel, Sikandar Kher, Sharlto Copley, Pitobash

Année : 2024

Pays : Etats-Unis, Canada, Inde, Singapour

Genre : Action, Thriller

Résumé :

Ce film aborde la quête initiatique d’un homme qui cherche à se venger des dirigeants corrompus qui ont assassiné sa mère et maintiennent les pauvres et les plus vulnérables de la société dans une constante précarité.

Inspiré de la légende d’Hanuman, l’homme singe, personnage mythique et véritable incarnation de la force et du courage en Inde, le film met en vedette Dev Patel lui-même, dans le rôle de Kid, un gamin des rues qui, après l’horrible massacre de son village natal, a grandi orphelin dans les bas-fonds de la ville fictive de Yatana. Il finit par gagner sa vie dans un club qui organise des combats clandestins où dissimulé derrière un masque de gorille, il se laisse battre au sang par des adversaires pour de l’argent.

Après toutes ces années à contenir sa rage le jeune homme trouve le moyen d’accéder à la sinistre élite de la ville. Subitement submergé par son traumatisme d’enfance il va se retourner violemment contre ceux qui lui ont tout pris et trouver ce que les mystérieuses cicatrices de ses mains cachent en vérité.

Avis :

Dev Patel est un comédien que j’ai connu avec la série « Skin« . Il avait alors dix-sept ans, il était tout frêle et déjà, il s’était imposé comme l’un des acteurs phares qu’on retient de ces deux premières saisons. Par la suite, Dev Patel s’en est très bien sorti, tournant pour Dany Boyle, John Madden, Neill Blomkamp, Garth Davis, David Lowery, M. Night Shyamalan, Michael Winterbottom, ou encore dernièrement Wes Anderson. Entre deux tournages, avant même de passer à la réalisation, Dev Patel commence à écrire un scénario qui s’inspire d’une légende indienne. Pendant huit ans, Dev Patel va retravailler son scénario, pour accoucher de « Monkey Man« , qui sera alors son premier film en tant que metteur en scène.

Initialement prévu pour une sortie sur Netflix, bien heureusement, « Monkey Man » arrive sur nos écrans de cinéma. Si j’ai un énorme capital sympathie pour Dev Patel, je dois dire que la première bande-annonce de « Monkey Man » m’avait laissé dubitatif, car le film avait tout l’air d’un « John Wick » qu’on aurait déplacé en Inde. Alors, c’est vrai qu’il y a un peu de « John Wick » dans « Monkey Man« , d’ailleurs, Dev Patel a engagé plusieurs membres de l’équipe technique, mais heureusement, « Monkey Man » est tout autre, et se pose comme un excellent film de vengeance, qui en plus de tenir une intrigue qui tient sa route, même si elle est loin d’être originale dans sa trame, le film de Dev Patel modernise et adapte une légende et un folklore, ce qui fait que ce « Monkey Man » est finalement bien plus intéressant qu’il n’y parait.

« Dev Patel, plus que de vengeance, parle de lutte des classes. »

« Bobby », la vingtaine bien entamée, survit comme il peut, travaillant où il trouve du travail, et combattant sur un ring clandestin avec le masque d’un singe. Bobby survit, car il n’a qu’une idée en tête, se venger de dirigeants politiques corrompus qui, lorsqu’il n’avait qu’une dizaine d’années, ont assassiné sa mère, et pris des terres qui ne leur appartenaient pas. Ce désir de vengeance pourrait bien se voir repu quand Bobby décroche une place dans un hôtel de luxe, où certains de ces hommes viennent s’y divertir…

« Monkey Man » est donc un film d’action qui, sur sa base, se pose comme un film de vengeance assez simple et basique. En gros, un jeune garçon veut se venger du meurtre de sa mère, tuée par des dirigeants politiques corrompus. Bon, jusque-là, il n’y a rien de vraiment original dans cette histoire, mais heureusement, « Monkey Man » va plus loin que cela, car Dev Patel a greffé un mythe indien, la divinité hindoue Hanuman. Un mythe qui glisse savoureusement dans notre époque, pour faire de son héros, son incarnation. Dès lors, avec cette deuxième histoire qui se glisse entre les lignes, « Monkey Man » se fait bien plus intéressant.

Avec ce film, Dev Patel, plus que de vengeance, parle de lutte des classes dans une Inde divisée, puis il y parle de courage, de sagesse, d’apaisement de soi, de volonté et de dévotion. Avec ça, le film tient une belle part de spiritualité, de « chamanisme », de légendes évidemment, et même de gourou et de manipulation de masse, avec ces dirigeants. Bref, s’il est vrai que cela peut apparaître comme déjà vu en quelque sorte, Dev Patel exploite bien son intrigue et l’on se plaît à suivre son élévation, dans cette tour, où d’étage en étage, ces ennemis sont de plus en plus coriaces.

«  »Monkey Man » a une belle gueule et il offre du spectacle en permanence. »

Pour raconter cette histoire, Dev Patel a choisi de s’engouffrer dans le film d’action pur et dur, et pour cela, il a imaginé des scènes de baston aussi dures que parfois, elles sont très funs. Si on pourrait reprocher, notamment en début de film, de l’action qui parfois est illisible, sur l’ensemble, « Monkey Man » a une belle gueule et il offre du spectacle en permanence et son rythme ne faiblit jamais. De plus, Dev Patel fait une jolie part à la musique et l’ambiance, conjuguant très bien une BO aux airs d’occident avec des rythmes d’orient.

Avec ça, pour mieux comprendre le personnage, Dev Patel fait aussi le choix, pendant tout le long de son histoire, de revenir en arrière pour définir le fond de la colère de son personnage, ce qui le rend touchant. Certes, comme je le disais, c’est simple et classique, mais ça fonctionne bien. Puis, ces émotions, on les doit aussi à Dev Patel acteur, qui arrive très bien à transmettre sa rage et sa douleur. La petite déception vient du fait qu’il soit dommage que le film n’offre pas vraiment d’autres personnages qui sont touchants. Il y a bien ce vieux gardien de temple, et plus largement tous ceux qui vont avec lui, mais ça s’arrête là.

Ce premier film de Dev Patel, même s’il n’est pas exsangue de défauts, se pose comme une réussite, aussi intéressante que prenante et cool par la même occasion. Il est étonnant de voir Dev Patel débarquer avec un film comme celui-ci, et pour un premier film, ce dernier a franchement de la gueule et du fond, et on adorerait voir plus de films comme celui-là, car même si c’est très simple dans son histoire de vengeance, quand c’est bien fait et efficace comme ici, ça fonctionne et l’on reste pris dedans, ne voyant pas les deux heures que dure le film.

Note : 15/20

Par Cinéted