mars 29, 2024

Attraction

Titre Original : Prityazhenie

De : Fedor Bondarchuk

Avec Irina Starshenbaum, Oleg Menshikov, Alexander Petrov, Rinal Mukhametov

Année : 2017

Pays : Russie

Résumé :

La vie change quand un mystérieux vaisseau spatial s’écrase sur Moscou.

Avis :

Le cinéma russe est perclus de chef-d’œuvres qui ont marqué l’histoire. On pense bien évidemment aux métrages de Tarkovsky, mais ce n’est pas le seul. Aujourd’hui, on remarque que le cinéma russe s’exporte un peu mieux vers chez nous. Si les films n’ont pas les honneurs de sortir sur grand écran, ils bénéficient d’un bon bouche-à-oreille et de sorties DVD plutôt sympathiques. Néanmoins, la qualité n’est pas forcément au rendez-vous. La faute à un cinéma qui veut copier à tort et à travers celui des américains et contrer les super-héros et autres blockbusters avec des idées farfelues. On se souvient encore de Guardians et ses super-héros en carton, avec des effets spéciaux abjects. On peut aussi citer Viking – La Naissance d’une Nation, qui se veut épique, mais qui balance du name drop à tout va et perd son spectateur. Attraction suit-il le même chemin, mais dans la SF ?

Twilight chez les moscovites

Fedor Bondarchuk n’est pas un néophyte dans le domaine du cinéma. Il commence sa carrière au milieu des années 2000 et obtient un joli succès avec Stalingrad, et cela malgré une histoire à la fois simple, mais complexe dans son approche. Avec Attraction, il bénéficie d’un budget assez conséquent (5 millions) et va tenter de délivrer un film de science-fiction à la fois attrayant, dramatique et épique. Un vaisseau spatial se dirige vers Moscou. Sans chercher à comprendre, les russes lancent une offensive et font s’écraser le vaisseau à plein Moscou. Cependant, les intentions des aliens sont pacifiques, et ils veulent juste réparer leur vaisseau pour repartir. Sauf qu’une partie de la population ne fait pas confiance à son gouvernement et à son armée et décide de prendre les armes pour faire partir au plus vite ce supposé envahisseur. Yuliya, fille du commandant, va faire une drôle de découverte.

Comme on peut le voir, le scénario n’est pas trop compliqué à comprendre et il le restera sur toute sa durée. On aura droit à des envahisseurs qui ne le sont pas vraiment, une révolte en carton qui trouve sa source dans la jalousie et le doute et surtout, une romance à l’eau de rose entre une jeune fille et un extraterrestre humanoïde qui va apprendre les défauts et les forces de l’humanité. Le début du film est pourtant assez prometteur. L’apparition du vaisseau, sa traque et son crash sont très impressionnants, aussi dans la mise en scène que dans les effets spéciaux. Il y a du budget, mais aussi et surtout un certain savoir-faire qui permet de donner de l’ampleur à cette séquence, et même un côté dramaturgique concernant l’héroïne, qui va vivre un drame en perdant sa meilleure amie.

Propagande ?

Il s’agit-là du premier point de départ d’un feu qui va couver sur d’autres aspects, comme la ségrégation de la population, la colère des habitants qui se sentent délaissés et une pénurie d’eau qui semble provenir des aliens. Les idées de l’explosion sont là et le film essaye d’être monté comme une cocotte minute. Mais il n’arrive jamais à prendre de l’ampleur, la faute à un scénario qui se focalise sur une jeune fille changeante et qui fait marcher son père, commandant en chef de l’armée. Le film va alors minimiser sa rebellion pour se concentrer sur une amourette ado entre une humaine et un alien et créer ainsi de la jalousie auprès d’un homme borderline. Une romance téléphonée qui ne sert aucun propos et qui n’arrive pas à rendre le final tragique. D’ailleurs, on se fout bien de ce qui peut arriver aux personnages, tant ils sont pénibles.

C’est un réel problème, car on ne va ressentir aucune empathie. Le commandant/colonel est un homme froid et droit, à l’image finalement que l’on peut se faire de l’armée russe. Sa fille fait des pieds et des mains pour le faire tourner en bourrique et en devient insupportable. Tout comme l’extraterrestre qui cabotine sans le vouloir ou le boyfriend jaloux qui vrille pour une amourette qui était vouée à l’échec. Bref, malgré l’ampleur de la catastrophe, le film se retrécit dès qu’il faut aborder de bons sujets, préférant tomber dans le mélo sans saveur et déjà vu. D’ailleurs, on peut même se poser la question sur le fond du problème, celui qui amène à la révolte des habitants. Outre le fait que cela ne soit pas crédible, cette rebellion nait des doutes des habitants envers leur gouvernement, qui semble leur mentir. Alors qu’il fait tout pour protéger tout le monde.

Ce n’est pas beau de copier !

Sur son fond, le film peut alors avoir des atours de propagande. En effet, la révolte, les problèmes, proviennent des gens qui ne font pas confiance en leur gouvernement. Ainsi donc, l’armée a raison de ne pas intervenir et les réels méchants sont les humains en désaccord avec les plans mis en place. Si on considère aussi le message sur l’humanité qui est belle malgré ses imperfections et la mort, on reste dans une histoire assez lénifiante.

Mais Attraction n’est pas dénué de bonnes choses. Les acteurs sont plutôt bons et les effets spéciaux sont bons. La réalisation est aussi relativement propre. Fedor Bondarchuk fait du bon boulot et soigne ses images. Les décors sont impressionnants et il y a un vrai travail. Cependant, entre la musique mélo lente dans les moments épiques et des ralentis à outrance, il manque au film une vraie identité visuelle. On sent que le cinéaste imite un peu trop ses homologues américains et le film en devient par moments presque ridicule, la faute à des passages forcés qui casse le rythme.

Au final, Attraction n’est pas un mauvais film en soi. La mise en scène est sympathique, les acteurs sont plutôt bons et les effets spéciaux sont convaincants, en plus d’aborder une invasion alien qui n’en est pas une. Malheureusement, le film se plombe avec une romance qui prend trop d’importance et que l’on a déjà-vu plusieurs fois (Twilight, Numéro 4, etc…) ainsi qu’une narration qui n’invente rien et se contente de proposer une montée en puissance qui frôle parfois le n’importe quoi. Oui, une révolte qui prend sa source dans la jalousie d’un jeune queutard, fallait oser. Bref, un film attrayant, mais qui retombe rapidement dans des travers pénibles.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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