Auteurs : Nicolas Jarry, Jean-Luc Istin, Lucio Leoni, Leogrin
Editeur : Soleil
Genre : Fantasy
Résumé :
8000 ans après, l’âme du Dieu Corgone rôde encore… Une femme et elle seule sera capable de le terrasser. Mystère, magie et aventure, tels sont les ingrédients de cette incroyable épopée celtique ! Le Mal s’éveille d’un long sommeil… 8000 ans se sont écoulés depuis que le Dieu Corgone a été vaincu, pourtant son âme hante à nouveau Asceltis, le Pays aux Mille Peuples. Les héros de jadis sont morts et la magie n’est plus qu’une source tarie… Néanmoins, un dernier espoir subsiste. Elya, la Sylve, fille d’un druide Scent et d’une Naïade, porte en elle un lourd secret, un secret capable de terrasser un dieu. Un Oslan hors-la-loi, un templier Kâgne et un jeune Naadir se joindront à elle. Mais tous ignorent jusqu’où les conduira leur quête…
Avis :
S’il y a bien un truc qui est incertain dans le domaine de la bande-dessinée, et encore plus chez Soleil, et encore plus quand c’est de la Fantasy, c’est de savoir si une série va avoir une fin. Car oui, comme pour le cinéma, la bande-dessinée est sujette à une règle commerciale : si ça marche, on continue jusqu’à la lie, si ça merde, on arrête et on ne donne pas de fin pour les quelques fans. Une réalité dure qui force scénaristes et dessinateurs a toujours assuré sur un rythme infernal et qui pousse le consommateur à se méfier de ce qu’il achète, de peur de ne pas avoir une histoire complète. Bref, Soleil sont les experts pour cela et fort heureusement, ce ne fut pas le cas des Brumes d’Asceltis. Mieux, la série mère a tellement marché que des spin-off ont vu le jour.
Cependant, ici, ce qui nous intéresse, c’est clairement les deux cycles des Brumes d’Asceltis, série de Fantasy pur jus qui est apparu au début des années 2000 et qui a connu une fin en 2015 au bout du septième tome. Divisé en deux cycles, on aura les quatre premiers tomes qui formeront une histoire autour d’Albian, un naadir, Elya, une sylve, Allila, une sukir et Aka, un Oslan. Des termes étranges pour désigner des créatures assez random que l’on pourrait assimiler à des hobbits, des elfes et des nains. Quoi qu’il en soit, ce premier cycle va raconter l’histoire d’un ancien Dieu qui va reprendre vie et dont Elya est la seule capable de le tuer en retrouvant les armes du Dieu en question. Une quête se met donc en place dès les premières planches pour nous plonger dans une aventure grandiloquente où les déités jouent avec les pauvres mortels.
Jusque-là, Les Brumes d’Asceltis ne trouve pas forcément d’originalité. On pompe un peu chez Lanfeust de Troy, beaucoup dans le Seigneur des Anneaux, on mélange le tout avec des créatures imaginaires et un univers qui se veut original et on pense que le tour est joué. Sauf que la série sent un peu le réchauffé au départ. Un sentiment qui va vite se dissiper au fil des tomes tant le scénariste fait des efforts pour rendre son récit intéressant et pour épaissir ses personnages. Ainsi, chacun aura une fonction qui lui est propre. Albian est un jeune intrépide qui ne tient pas en place, mais qui s’avère assez faible. Une faiblesse qui fera de lui le personnage central de l’histoire. Elya, très puissante, va gagner en charisme, tandis que d’autres, comme Aka, se rachètent une tenue et démontre qu’il ne faut pas juger une personne par rapport à sa race.
Chaque personnage trouve son importance et l’évolution, bien que rapide, va permettre de ressentir de l’empathie pour eux. Même lors de disputes et de jugements à l’emporte-pièces, on ressent que les choses vont aller de l’avant, pour le meilleur comme pour le pire. Car Les Brumes d’Asceltis fait partie de ces rares histoires où personnes n’est à l’abri et n’importe qui peut mourir n’importe quand. Le ton est d’ailleurs donné dès le premier tome et cela se confirme dans le deuxième. Bref, la violence est présente et on pourrait presque croire qu’il n’y a pas de héros. C’est l’une des forces de ce récit, en plus du message acerbe sur les croyances et la puissance des dieux. Dans son fond, la BD est un pamphlet contre les croyances, ou tout du moins contre des déités qui jouent avec les mortels, comme si ces derniers n’étaient que des moins que rien.
Le second cycle se déroule dix-sept ans après les premiers faits. On va suivre les enfants d’Albian, qui partent à sa recherche et qui va tomber dans une convergence avec d’autres personnages. Si on y retrouve des personnages du premier cycle, dont Allila et Aka qui ont bien évolué, on suivra principalement les deux enfants d’Albian, Orian et Elya (qui a le même nom que la sylve du premier cycle). Encore plus grandiloquent, toujours en bataille avec des dieux égocentrés, Les Brumes d’Asceltis ne change pas vraiment de direction si ce n’est cette volonté de créer quelque chose de plus puissant et qui ne se fixe pas vraiment de limite. Et c’est grâce à cette dynamique, grâce à ce découpage assez dense, que la BD gagne tous ses galons. Ce n’est pas forcément original, mais ça se lit comme du petit lait et ne connait quasiment aucun temps mort.
Au final, Les Brumes d’Asceltis, malgré son aspect Fantasy classique, reste une bonne bande-dessinée. C’est agréable, c’est dynamique et les dessins sont très beaux. Pour installer cet univers, il y a un très gros boulot et c’est vraiment intéressant. D’autant plus que le message sur les croyances est bien amené et se révèle plutôt intelligent. Il est juste dommage que l’univers ne soit pas plus étoffé et qu’il faille aller piocher dans les spin-off de la série pour trouver un peu plus de profondeur dans le monde d’Asceltis qui aurait plus de 1000 peuples. Bref, une BD qui n’est pas forcément un immanquable, mais qui ravira certainement les amoureux de Fantasy.
Note : 14/20
Par AqME