avril 25, 2024

L’Enfant du Passé

Titre Original : Hjemsokt

De : Carl Christian Raabe

Avec Synnove Macody Lund, Ebba Steenstrup Saheim, Ken Vedsegaard, Jorunn Kjellsby

Année : 2017

Pays : Norvège

Genre : Horreur

Résumé :

A Oslo, alors que Noël approche, Catherine est obligée de quitter précipitamment Marcus, son compagnon : elle vient d’apprendre la mort de son père, qu’elle n’avait pas vu depuis des mois et doit se rendre dans l’arrière pays, pour s’occuper de la vente de la maison familiale dont elle hérite. Quand elle se rend dans la demeure, elle croise une vieille femme qui lui parle du passé.

Avis :

Le cinéma scandinave est un peu à part dans le domaine du cinéma européen. Plus froid, parfois plus morbide, mais bercé par une poésie macabre qui lui est propre, on peut retenir quelques chefs-d’œuvre de l’horreur dans le cinéma nordique. Comme par exemple Morse de Thomas Alfredson qui est un véritable bouleversement. Cependant, comme tout cinéma, il a aussi sa part de mauvais films, de mauvaises idées et de mauvais projets. Disponible depuis quelques temps sur Prime Video, on aurait pu croire que L’Enfant du Passé allait nous prendre à la gorge avec un film de fantôme froid et distant, mais terriblement empathique. Se basant sur une femme qui renoue avec un passé douloureux, le film de Carl Christian Raabe accumule pourtant tous les poncifs du genre pour susciter un ennui véritable et une envie de zapper au plus vite. Voyons voir pourquoi.

Souvenirs, souvenirs

Pour la petite histoire, on va suivre une jeune femme qui apprend le décès de son père juste avant Noël et qui hérite d’une vieille maison de famille dans un bled paumé. Elle doit alors se rendre dans l’arrière-pays pour voir l’état de la maison, la faire estimer et la vendre. En arrivant sur place, elle va rencontrer une petite fille qui rôde autour de la maison, mais aussi une vieille femme qui semble la connaître et qui va lui remémorer quelques éléments de son passé. Bien évidemment, on nage en terrain connu, et on sait rapidement que l’on est tombé sur un film de fantôme. La baraque, les souvenirs, les personnages étranges qui resurgissent d’un passé oublié, tout est réuni pour aller dans une seule direction, le film de fantôme.

Sauf qu’au lieu de susciter de l’effroi, le film va déclencher en nous une colère sourde, qui est juste la résultant d’un ennui sévère. Le scénario est assez indigent. Il est bien trop simpliste, mais même avec cela, il n’arrive pas à créer du sens au métrage. On va donc suivre cette jeune femme, détestable et hautaine, qui navigue dans la baraque, exige des choses de la part des gens qu’elle voit, et refuse un passé qui n’est pas si terrible que ça. Tous les clichés possibles sont utilisés pour tenter de créer une ambiance particulière, mais rien n’y fait, on se fera chier. Il faut dire que malgré sa faible durée, le film n’arrive jamais à ménager son suspens, la faute à une écriture redondante, à des effets de style inutile, et à un secret familial basique qui n’a que peu d’intérêt et d’explications.

Picard et Thiriet main dans la main

Ce qui est étrange, c’est ce mélange entre du Fulci et un climat nordiste. On va retrouver quelques éléments d’un cinéma gothique. La maison qui grince, les portes qui claquent, les apparitions furtives, le mystère autour de cette famille et cette gamine qui est omniprésente. Bref, on ressent de nombreuses influences qui proviennent plutôt d’un cinéma latin. Et transposer cela avec une imagerie plus froide, fidèle au climat de la Norvège, on se rend vite compte que ça ne marche pas. La mise en scène plate n’aide pas non plus, mais force est de constater que la neige ne s’acclimate pas avec la noirceur d’un gothisme. L’ambiance est indolore, incolore et L’Enfant du Passé manque de moments vraiment impactant pour nous cueillir. C’est en partie pour cela que le film ne nous prend jamais. Il lui manque une ambiance plus prégnante.

Et des personnages plus empathiques. Il est toujours compliqué de s’impliquer dans un film d’horreur si les personnages sont antipathiques, et c’est ce qui se passe ici. Le personnage principal est une femme assez mutique, pénible, très hautaine et qui prend les gens de haut. Son départ dans l’arrière-pays ne lui fait guère plaisir, prétextant que tous les habitants de cette région sont des ploucs. Elle est d’ailleurs très désagréable avec l’agent immobilier, avec les personnes de son passé, et mettra un temps fou à s’adapter à la petite fille qu’elle croise souvent. Du coup, on va rapidement détester cette femme et son histoire. On ne pourra pas se raccrocher aux personnages secondaires non plus. Non seulement car ils sont transparents, mais aussi parce qu’ils n’ont pas de fonction particulière, si ce n’est de dévoiler des bouts d’intrigue au détour d’une conversation. C’est trop peu…

Relation platonique

Enfin, s’il y a bien une chose qui cloche dans ce film, c’est sa mise en scène. A l’image de son histoire et de l’ambiance imposée, c’est plat, mou et sans vie. Carl Christian Raabe n’arrive pas à proposer des plans intéressants. A aucun moment du film on ne frisonne, pas même lors du final qui bouge un peu. La faute à une mise en scène sans identité, creuse, lambda et qui manque de vie, de mouvements. Très clairement, on a la sensation de regarder un vieux téléfilm que l’on peut trouver un après-midi pluvieux sur les chaînes hertziennes. Et il en va de même sur les effets de peur, ou les effets gores, qui sont totalement absents du film. La sobriété pose ses limites dans ce film, qui est plus dramatiques qu’autre chose, mais qui n’arrive jamais à imposer le cauchemar de son personnage principal.

Au final, L’Enfant du Passé est un très mauvais film. Jouant la carte de la maison mystérieuses remplis de moments passés, le film de Carl Christian Raabe n’arrive jamais à dépasser son stade de téléfilm ennuyeux. Entre un scénario indigent, une mise en scène plate et des personnages antipathiques au possible, il est bien complexe de trouver des bons points à ce film. Inoffensif, ne réinventant rien du tout, on peut clairement dire que nous sommes face à un ratage en bonne et due forme, qui ne profite même pas des décors sublimes et enneigés de la Norvège.

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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