avril 20, 2024

Ne te Retourne Pas

De : Marina De Van

Avec Monica Bellucci, Sophie Marceau, Brigitte Catillon, Andrea Di Stefano

Année : 2009

Pays : France

Genre : Thriller

Résumé :

Jeanne, plongée dans l’écriture d’un premier roman, constate des changements mystérieux autour d’elle et voit son corps se transformer… Son entourage ne semble pas s’en apercevoir.
Troublée, elle découvre chez sa mère une photographie qui la met sur la trace d’une femme, en Italie. Jeanne, désormais transformée, y trouvera la clef d’un étrange passé…

Avis :

Réalisatrice française a l’univers très singulier, Marina De Van, ancienne élève de la Fémis, a commencé sa carrière comme actrice et scénariste chez François Ozon. Marina De Van tient un bon rôle dans « Sitcom » (c’est la fille suicidaire de la famille), puis travaillera en tant que scénariste sur « Les amants criminels« , « Sous le sable » et « 8 Femmes« . Ayant des désirs de réalisation, Marina De Van commence très tôt à réaliser. Dans les années 90, elle enchaîne les courts-métrages, puis en 2002, elle livre « Dans ma peau« , son premier long, film qui montre déjà l’intérêt de la réalisatrice pour faire un autre genre de cinéma français.

Il lui aura fallu alors sept années de travail pour que son deuxième voit le jour. Sept années d’écriture, mais aussi de recherche de financement, pour que « Ne te retourne pas » voit le jour. Projet on ne peut plus particulier, échec critique et public retentissant, « Ne te retourne pas » est un film très particulier et une véritable expérience. Doté d’une atmosphère incroyable, doté d’une idée qui mérite qu’on s’y intéresse tant elle est originale, et enfin doté d’un casting inédit Sophie Marceau, Monica Bellucci, le second film de Marina De Van ne méritait pas tout ce qu’il a pu se prendre en pleine tronche et ça, même s’il faut bien le dire, il demeure un film étrange, qui donne l’impression de se compliquer l’écriture, pour finalement être assez « basique » dans son intrigue.

Jeanne, une biographe de talent, se lance dans l’écriture de son premier roman de fiction. Un premier roman qui parlerait de souvenirs d’enfance, chose que Jeanne n’a pas. Obsédée par son écriture, et déçue par les premières réactions de son éditeur, Jeanne voit alors sa vie peu à peu changer. Une table de cuisine qui n’est pas dans le bon sens, puis une décoration qui ne lui parle pas, alors même qu’elle en reconnait certains éléments, puis d’un coup, son mari et ses enfants qui ne sont plus tout à fait les mêmes. Et enfin, qui est cette femme que Jeanne voit dans les reflets ou dans la caméra de son mari… Peu à peu, Jeanne disparaît pour laisser place à une autre Jeanne…

Marina De Van est une auteure qui aime oser aller là où beaucoup n’imagine pas s’aventurer et c’est ce qui fait d’elle une réalisatrice intéressante. Pour son deuxième film, Marina De Van tient une idée assez folle qui, quand on la survole, peut aisément donner une bonne réflexion sur la folie, la perte de repères et sur ce qui fait qu’on est soi-même. D’ailleurs, le début de « Ne te retourne pas » est un sans-faute. Très vite, quand on entre dans le film, Marina De Van impose un certain ton, et surtout, elle arrive à nous envoûter avec une atmosphère incroyable. « Ne te retourne pas » tient quelque chose d’assez inédit, et suivre cette femme sombrant petit à petit est assez passionnant en un sens. Il n’empêchera que malgré tout, malgré les déceptions, « Ne te retourne pas » aura de bonnes idées, et explorera (pas assez et maladroitement) des pistes intéressantes. Ainsi, avec cette très étrange histoire de transformation, la cinéaste abordera des thèmes intéressants. Qu’est-ce qui fait qu’on est qui nous sommes, qu’est-ce qui fait la folie, est-on sûr de la folie, ou encore le passé qui est capable de hanter un esprit. Autant de thèmes et de réflexions qui sont intéressants dans le film de De Van et c’est pourquoi, quand sonne l’heure de la résolution de cette intrigue, « Ne te retourne pas » déçoit quelque peu.

Le film de Marina De Van décevra aussi dans son ensemble à cause de son rythme. Si, quand on entre dans ce dernier, Marina De Van donne un très joli ton, qu’elle va d’ailleurs garder sur toute son œuvre, très vite aussi « Ne te retourne pas » donne la sensation de patauger, comme si Marina De Van avait l’idée et la direction, mais elle ne sait pas vraiment comment emprunter son chemin. Ains donc, « Ne te retourne pas » est longuet, et il a tendance à traîner, à boiter comme le personnage de Jeanne, qui ne sait pas où elle va dans cette enquête. Cette sensation est dommage, car « Ne te retourne pas » à de très bonnes idées et il est un film marquant en un sens. L’ambiance est tenue et soignée, même si l’on s’y ennuie, Marina De Van arrive en permanence à piquer notre curiosité. On notera aussi la qualité des effets spéciaux, qui transforment peu à peu Sophie Marceau en Monica Bellucci, ce qui est aussi hypnotisant que dérangeant. Idem d’ailleurs sur les personnages et les acteurs qui composent la famille de Jeanne. Puis il y a la BO de Luc Rollinger, magnifique, qui se pose quelque part entre poésie, douceur et noirceur.

« Ne te retourne pas« , c’est aussi un film qui se repose sur ses deux actrices principales. Si l’on peut citer Thierry Neuvic, Andrea Di Stefano ou encore Brigitte Catillon, il est vrai que le film de Marina De Van tient et « captive » par les performances de ces deux comédiennes, qui finissent par se confondre, se mélanger, et devenir l’une et l’autre, une seule et même femme.

La démarche est donc très intéressante, le style, le genre et l’univers ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît. Le film est bourré de bonnes idées, puis il est tenu par deux excellentes comédiennes. Bref s’il est vrai que « Ne te retourne pas » est un film qui a une tendance à décevoir et devant lequel on peut s’ennuyer, il reste toutefois un film appréciable et intéressant. Un film qui ose s’aventurer là où pas grand monde ose aller. Certes, tout n’est pas réussi et oui, le film se complexifie pour finalement pas grand-chose, mais au-delà de ça, il est une vraie proposition de cinéma qui tient une ambiance forte, une ambiance marquante et ne serait-ce que pour cela, et d’autres qualités évoquées plus haut, le film de Marina De Van ne méritait pas toutes les horreurs qu’il a pu prendre dans la tronche.

Note : 12/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.