décembre 10, 2024

Portrait de la Jeune Fille en Feu – Romantisme

De : Céline Sciamma

Avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino

Année : 2019

Pays : France

Genre : Drame, Historique

Résumé :

En 1770, Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

Avis :

Céline Sciamma est une des cinéastes françaises les plus prometteuses que les années 2000 ont vu naître. Après des études à la Fémis, la réalisatrice se fait remarquer dès son premier film, « La naissance des pieuvres« , film pour lequel elle révèle aussi une actrice, Adèle Haenel. Depuis ce premier film, la réalisatrice n’a cessé d’impressionner. « Tomboy« , son deuxième film est un petit bijou, quant à « Bandes de filles« , son troisième, il lui a fait passer avec excellence le cap compliqué du troisième long-métrage. Après une pause de cinq années où elle s’est concentrée sur l’écriture de scénario, offrant notamment à André Téchiné l’un de ses plus beaux films, « Quand on a 17 ans« , Céline Sciamma est de retour sur les écrans avec « Portrait de la jeune fille en feu« .

Alors qu’elle a toujours filmé notre époque avec son regard singulier, pour son quatrième long-métrage, la réalisatrice française s’aventure sur d’autres sentiers. Avec « Portrait de la jeune fille en feu« , Céline Sciamma ose le film d’époque et le moins que l’on puisse dire, c’est que la jeune femme a du talent à revendre. Romantique, esthétique, magnifique, ce nouvel essai nous entraîne avec sensibilité, retenu et passion dans une romance entre les magnifiques Adèle Haenel et Noémie Merlant dans la France de 1770.

1770, quelque part en France. Marianne, une jeune femme, est peintre et elle vient d’être engagée pour réaliser le portrait d’une jeune femme promise en épousailles à un homme de Milan. Le souci, c’est que la jeune femme en question, du nom d’Héloïse, refuse ce mariage et elle a trouvé la parade pour que ce dernier ne se fasse pas, elle cache son visage aux peintres qui viennent pour réaliser son portrait. La mère de cette dernière a donc eu l’idée d’engager Marianne, et de la faire passer pour une demoiselle de compagnie. Ainsi, Marianne pourra voir le visage d’Héloïse et la peindre le soir en cachette…

Elle aura pris son temps pour effectuer son retour sur les écrans et on peut aisément dire que l’attente en valait la peine. Surprenant, revenant là où on ne l’attendait pas, le film d’époque, Céline Sciamma nous offre ici un film très différent de ce qu’elle a pu faire auparavant et en même temps qui résonne comme logique dans sa filmographie, tant finalement l’œuvre présentée respire et transpire le cinéma de Céline Sciamma.

Original, le scénario écrit par Sciamma est de toute beauté. Certes, on pourra lui reprocher d’être simple et presque déjà vu, mais à cela, on lui opposera le fait que la réalisatrice l’impose avec grâce, délicatesse et surtout avec beaucoup d’amour. Un amour qui transparaît à tout instant. Il transparaît dans l’intrigue qui naît entre ces deux personnages, mais il transparaît aussi dans la manière que Céline Sciamma a de nous raconter cette histoire.

« Portrait de la jeune fille en feu« , derrière ce titre poétique et intrigant, se cache une histoire tout en retenue, tout en désir, tout en charme. « Portrait de la jeune fille en feu« , c’est des regards, ce sont deux jeunes femmes que tout oppose et tout rassemble à la fois. C’est une romance épurée qui naît petit à petit au travers des regards, des instants, des silences qui sont bien plus évocateurs que les plus grands des discours. Céline Sciamma filme la naissance des sentiments de ces deux femmes avec beaucoup de pudeur et de bienveillance. La réalisatrice nous touche en plein cœur, car elle laisse peu à peu s’imposer comme une évidence cette aventure, même si l’on devine bien qu’elle ne sera qu’un instant fugace dans la vie de ces personnages. Bien entendu, à travers cette intrigue, le scénario abordera tout un tas de thématiques importantes et qui sont chères au cinéma de Céline Sciamma. Les conventions, l’homosexualité, le regard des autres, la découverte des sentiments, la peur d’être soi-même… Bref, comme je le disais, si la forme est différente de ce que propose habituellement la cinéaste, le fond est clairement un film de Céline Sciamma, et c’est un grand Céline Sciamma, et son très récent prix dans la catégorie meilleur scénario est plus que mérité.

Si le scénario de « Portrait de la jeune fille en feu » est très beau, le film de Céline Sciamma réserve aussi bien d’autres qualités, et ici, il est impossible de ne pas s’arrêter sur la mise en scène qui est de toute beauté. On peut même dire que le film est une claque esthétiquement parlant. Éclairé avec une lumière naturelle, et bien souvent à la chaleur des bougies, ce quatrième film nous envoûte par ses cadres, par la beauté de ses images. S’aventurant dans une histoire de peintre et de peinture, Céline Sciamma a tenu à ce que le film soit aussi à cette image, et réussit à offrir des images qui sonnent et résonnent comme une magnifique galerie de tableaux de maître. Et alors qu’on aurait pu tomber dans une sorte exercice démonstratif, cela aurait pu résonner comme une peinture sans vie, mais ce n’est pas le cas, tout sonne juste, évident, vivant, simple et réel. On est captivé, hypnotisé et au-delà de cela, tout simplement bouleversé aussi bien par la démarche de la réalisatrice que par l’histoire qu’elle nous raconte.

« Portrait de la jeune fille en feu« , c’est bien sûr une romance sublime entre deux grandes actrices, Adèle Haenel et Noémie Merlant. La première est comme toujours juste et surprenante. Haenel est bouleversante de retenu, de silence, de tristesse et de désir et l’on est vraiment touché par ce personnage qui se sent piégé et qui va peu à peu se révéler à nous. Merlant, quant à elle, crève l’écran, trouvant là son meilleur rôle. Céline Sciamma l’a filmée avec beaucoup d’intensité, et l’actrice nous captive du début à la fin.

Puis derrière ces deux actrices flamboyantes, j’ai envie de mentionner une belle révélation. Le film de Céline Sciamma tient très peu de personnages, en dehors de Haenel et Merlant. Alors il y a bien Valeria Golino qui a un petit rôle intéressant, mais celle dont on retient surtout le rôle et le nom, c’est la jeune Luàna Bajrami, dans le rôle de la servante. Si Céline Sciamma a tendance à mettre ce personnage sur des sentiers qui ne sont pas vraiment utiles, ce personnage est l’une des lourdeurs du film, l’actrice derrière le personnage est incroyable et il est clair qu’elle le tire vers le haut et efface quelque peu les dites lourdeurs.

Ce retour derrière la caméra de Céline Sciamma démontre bien qu’on tient là une cinéaste importante. Osant prendre des risques, s’aventurant là où on ne l’attendait clairement pas, Céline Sciamma, avec « Portrait de la jeune fille en feu« , plus qu’un des très beaux films français de cette année, nous offre surtout l’une des plus belles romances de cette année.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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