De : Ridley Scott
Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Guy Pearce, Idris Elba
Année : 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction, Horreur
Résumé :
Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.
Avis :
Qu’est-ce qui peut motiver un réalisateur connu et reconnu de faire une préquelle à l’un de ses films phares près de 33 ans plus tard ? L’appât du gain ? Encore faut-il que la licence soit toujours d’actualité, et en l’état, même si la tétralogie Alien reste plus ou moins culte, elle fut martyrisée par deux spin-off d’une qualité discutable. Alors il y a peut-être une idée intéressante derrière la tête de Ridley Scott pour fournir Prometheus et replonger dans l’univers Alien. Mais attention, l’infanticide n’est pas loin et il n’est pas rare de voir des cinéastes tuer leur propre bébé à cause d’incohérences et de rejet de la mythologie de base. L’eau coulant sous les ponts des années, il faut faire attention à plusieurs choses, notamment la cohérence avec le matériau de base, mais aussi contenter des fans qui demeurent encore très nombreux. Qu’à cela ne tienne, Ridley Scott avant depuis longtemps envie de faire une préquelle pour expliquer la présence de celui que l’on nomme le Space Jokey, cet homme géant fossilisé dans le vaisseau trouver par Ellen Ripley et ses acolytes. Point de xénomorphes donc dans ce film, mais un univers bien connu et un film pour le moins inégal mais qui réussit son pari de divertissement, tout en octroyant de-ci de-là des moments de frousse sympathiques.
Le plus étrange avec ce film, c’est la haine qui a suivi de la part de certains fans, ne pouvant s’empêcher de trouver des incohérences là où il n’y en pas. Prometheus est une entrée en matière bourrée de symboliques sur la nature humaine et cette quête infinie d’immortalité. Ridley Scott, fasciné par le combat des hommes contre les dieux, nous ressert une mythologie grecque qui tient plutôt la route, en plus de mélanger deux éléments plutôt antagonistes, la science-fiction et l’antiquité. Si certains films et séries sont en plein dans ce délire comme ont pu l’être Stargate par exemple, Prometheus se dégage rapidement de ses pairs pour appuyer un message plus subtil et plus fort. Mélangeant allègrement les monstres, les robots et les humains, le cinéaste brouille les pistes et montre à quel point l’humanité ne tient qu’à un fil. A titre d’exemple, on peut voir en David, l’androïde de bord, un humain aux volontés mauvaises, comme on peut croire que le personnage joué par Charlize Theron est un robot froid et austère. En faisant cela, Ridley Scott arpente son thème de prédilection sur l’humanité et sur sa fragilité face à la technologie et aux êtres dits supérieurs.
Mais en plus de cela, le design du film est tout simplement à tomber par terre. Là encore, le réalisateur mélange les genres et oppose un contraste flagrant entre la modernité et l’antiquité. On retrouve des statues gigantesques, des amphores en guise de réceptacles et même des structures simplistes qui pourraient s’apparenter à des catacombes romaines. Tout cela est contrebalancé par la haute technologie moderne, dont les scaphandres des explorateurs qui offrent une imagerie parfaite de ce que nous pouvons devenir et donc faire. La lumière est parfaite, donnant de l’éclat aux visages des protagonistes, tout en assombrissant l’environnement, rendant le tout angoissant et dangereux. Et d’ailleurs, en faisant cela, Ridley Scott va pouvoir fournir quelques séquences assez troublantes, à l’image de ce serpent étrange qui va attaquer deux explorateurs ou encore lorsque David inocule un poison dans le verre de l’un des deux personnages principaux. Cependant, Ridley Scott ne tombe pas non plus dans la surenchère d’effets effrayants, ce qui contraste avec la licence Alien, puisqu’il va aussi fournir quelques moments plus impressionnant, comme cette tempête, donnant un cachet blockbuster au métrage.
Et quand on y pense, c’est peut-être là que le bât blesse. Car si les dates concordent et qu’au final, on comprend vite que l’on est sur une autre planète que nous sommes encore bien loin du Space Jokey, il manque un aspect réellement terrifiant à l’ensemble et le gore n’a clairement plus sa place. La faute à une volonté de rendre l’ensemble tous publics et de générer un maximum d’argent, ce qui est dommageable. Le côté horrifique est donc moins présent et ce côté suintant, un peu organique, disparait complètement, tout comme le côté miniature qui laisse sa place à un gigantisme un poil trop exacerbé à la fin.
Mais ce qui choque et déçoit le plus dans Prometheus, c’est clairement ses personnages. Si chaque acteur joue relativement bien, Michael Fassbender en tête avec son jeu monolithique, on ne s’attache pas vraiment à eux. On ne ressent aucune empathie. Et c’est dommage parce que certains designs valent le coup d’œil, à l’instar de Sean Harris et son look punk ou encore Logan Marshall-Green et son côté beau gosse cachant une part d’ombre. Mais le background n’est pas assez développé, chaque personnage se faisant bouffer par l’ambition des symboliques imposées par le cinéaste. Noomi Rapace est bien mignonne, mais elle peine à faire exister son personnage, tout comme Idris Elba, qui sera peut-être le personnage le plus « cool », mais qui n’a aucune intensité. Le summum est atteint avec Guy Pearce en vieillard, dont le maquillage est vraiment de mauvaise facture. Un détail, mais son personnage est aussi terriblement cliché. Enfin, le comportement des protagonistes est aussi parfois (pour ne pas dire souvent) incompréhensible. On trouve une nouvelle espèce qui semble menaçante, on va quand même essayer de la toucher. Notre homme est malade et ça semble contagieux, on le ramène tout de même au vaisseau pour le soigner malgré le risque d’infection. Et tout le film se base sur des choix stupides pour créer de la tension dramatique, ce qui ne peut pas fonctionner. C’est bien simple, chaque moment qui relève d’une action, c’est à cause d’un mauvais choix, ou tout du moins d’une volonté de créer des emmerdes.
Au final, Prometheus n’est pas le meilleur film de la saga, loin s’en faut, mais il fait son taf, à savoir divertir et offrir au public un visuel unique et des thématiques grandiloquentes. Si les personnages demeurent trop effacés et les séquences d’action le résultat de choix stupides, il n’empêche que Prometheus offre une nouvelle approche dans la franchise, et essaye d’étoffer une mythologie qui commençait grandement à ronronner et à virer vers le bis nanardesque, à l’image de Alien Vs Predator Requiem. Bref, un film hybride en quelque sorte mais pas inintéressant, loin de là.
Note : 14/20
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Par AqME