avril 27, 2024

Kramer Contre Kramer

Titre Original : Kramer Vs. Kramer

De : Robert Benton

Avec Dustin Hoffman, Meryl Streep, Justin Henry, Jane Alexander

Année : 1980

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Exaspérée par les priorités professionnelles de son mari, Joanna Kramer quitte son mari Ted et leur fils Billy. Le père doit alors concilier l’éducation de son fils et son travail de publicitaire mais parvient à tisser une relation très forte avec Billy. Quelques mois plus tard, Joanna est de retour et entame une procédure judiciaire pour obtenir la garde de l’enfant.

Avis :

Les chroniques familiales, au cinéma, il y en a à toutes les sauces. Dans la comédie avec des histoires qui remettent en question la place des enfants ou des parents. Dans l’horreur et le fantastique pour mettre en place des familles dysfonctionnelles et brasser des thèmes plus durs. Dans le drame, pour évoquer la dureté de la vie de tous les jours, ou encore pour montrer à quel point les parents sont importants pour les enfants. En 1980, Robert Benton lâche la bombe Kramer Contre Kramer, qui repartira avec pas moins de cinq Oscar. Film culte aujourd’hui, on pourrait craindre pourtant à un message rétrograde et des thèmes moins percutants plus de quarante ans plus tard. Pourtant, malgré son âge, le film de Robert Benton reste une énorme claque dans la gueule, et un film toujours aussi touchant.

Au nom du père

Le scénario du film est assez simple et se veut être une chronique d’un couple qui se sépare et de la bataille pour la garde de l’unique enfant. Cependant, Robert Benton va y apporter une délicatesse incroyable et un superbe message d’amour. Un amour qui se dirigera des parents vers l’enfant, mais aussi de l’enfant vers ses parents. Ici, le film débute avec le départ de la mère, qui ne se sent pas à sa place et décide de tout plaquer, laissant le père seul avec l’enfant, et son travail qui lui prend tout son temps. Durant plus d’un an, il va devoir s’organiser pour s’occuper de son fils, tout en trouvant le temps de s’impliquer dans son travail. Le début du métrage est assez incroyable, car il place l’homme comme l’élément moteur de la maison.

Celui qui doit tout gérer, aussi bien les tâches quotidiennes, que son enfant et son boulot. Pour les années 80, la révolution est bien présente, car c’est plutôt un rôle qui incombait à la femme, même si les mentalités commençaient à changer (et fort heureusement). Le démarrage nous montre donc une relation compliquée entre un père et son fils. Une relation qui va connaître des hauts et des bas et qui relate parfaitement la réalité. On ressent le malaise du père, qui ne sait comment préparer le petit-déjeuner. Ou encore celui de l’enfant, qui ne comprend pas pourquoi sa mère est partie. Il y a une vraie tendresse qui s’installe, malgré les coups durs de la vie, comme la blessure du petit garçon au parc, ou encore le travail du père qui va en prendre un coup. Le film est d’une rare justesse sur ces interactions.

Au nom de la mère

Robert Benton nous place donc à la place du père dans la première moitié du métrage. On va ressentir une profonde empathie pour ce personnage, qui essaye de tout allier, et qui va se rendre compte que l’importance de son fils, au détriment de son travail. Il va faire preuve d’opiniâtreté pour tout réussir et on ne peut qu’être touché par cet homme. A contrario, le personnage de la mère va être absent du début du film. On va la considérer comme une mère égoïste, qui a abandonné son fils et qui a tout délégué à son ex-mari. Pourtant, quand elle revient, elle va là aussi nous toucher en plein cœur. Pourtant, ce n’était pas gagné au début, faisant ressentir une profonde injustice en nous. Elle se radine comme une fleur et réclame la garde de son enfant, alors qu’elle a tout laissé tomber.

Là encore, le réalisateur place ce personnage féminin comme le méchant du film. Mais arrive la phase la plus dure du métrage, le procès. Un procès intime, où deux avocats vont se battre pour gagner, quitte à blesser tout le monde, père, mère et même meilleure amie. Ici, nos émotions vont être mises à rude épreuve, mais c’est aussi là que l’on va se rendre compte de la puissance du film. En effet, on va se prendre d’affection pour cette mère. Les arguments avancés par la défense sont justes. On va comprendre son choix, et la difficulté de l’avoir fait. On va comprendre qu’elle n’est pas si mauvaise. Et elle, de son côté, va comprendre aussi que ce procès n’est pas la bonne solution. Ni pour elle, ni pour son ex-mari qu’elle aime toujours, ni pour son fils qui va souffrir d’une nouvelle séparation.

Au nom du fils

Le film nous met alors en vrac, tout en restant sobre dans ce qu’il raconte, et très proche de la vérité. Une vérité qui va encore plus nous mettre à l’envers grâce à la prestation impressionnante de Justin Henry. Alors tout jeune acteur, le petit garçon est d’une justesse rare et il nous touchera en plein cœur. De par ses caprices, son mal être, son acceptation et son amour inconsidéré pour ses deux parents. Le film repose beaucoup sur ses épaules, lui, la victime de ce divorce et la raison de ce procès. On aura aussi droit à la meilleure amie, qui sera utilisée lors du procès, et qui souffrira de cette situation, ne voulant pas prendre parti, mais les avocats l’obligeant finalement à faire un choix. Et que serait ce film sans ses deux acteurs principaux. Dustin Hoffman est incroyable et Meryl Streep jonglera avec nos émotions.

Au final, Kramer Contre Kramer est un film qui est toujours aussi bouleversant aujourd’hui. Il s’agit d’un film qui n’a pas volé son statut et qui semble intemporel dans les thèmes qu’il creuse. Entre une mise en scène sobre mais au plus près des personnages, des acteurs d’une justesse sublime et un scénario en béton armé, le film de Robert Benton nous touche au plus profond et reste un grand classique et voir et revoir. Et si Marriage Story emprunte les mêmes chemins, et reste un bon film, il n’arrive certainement pas à la cheville de chef-d’œuvre.

Note : 20/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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