The Informant!

De : Steven Soderbergh

Avec Matt Damon, Scott Bakula, Joel McHale, Melanie Lynskey

Année: 2009

Pays: Etats-Unis

Genre: Comédie, Thriller

Résumé :

Quelle mouche a donc piqué Mark Whitacre ? Pourquoi un des cadres supérieurs les plus brillants du géant agroalimentaire Archer Daniel Midlands (ADM) décide-t-il soudain de dénoncer les pratiques de sa société et de devenir le chevalier blanc du consommateur ? Se prend-il pour un justicier ? Un héros ? Espère-t-il une médaille ou la reconnaissance éternelle du bon peuple ?
Avant d’obtenir tout cela, Whitacre va devoir fournir au FBI des preuves concrètes des manœuvres illicites d’ADM. Porter un micro, jouer les agents secrets… L’ennui, c’est qu’il a
tiré lui-même des profits non négligeables des dites manœuvres, et que son témoignage, pour le moins… fluctuant, risque fort de compromettre le travail des enquêteurs. Peut-on se fier à cet homme à l’imagination galopante? Y a-t-il la moindre parcelle de vérité dans ses allégations ?

Avis :

Steven Soderbergh est un réalisateur américain qui est un véritable bourreau de travail. Ayant une folle envie de cinéma, ayant une envie de toujours raconter des histoires, le réalisateur, dans les années 2000, était porté par une cadence folle, allant parfois jusqu’à sortir quatre films par an, comme cette année 2009 justement qui voit renforcer sa filmographie de quatre métrages, avec les deux « Che« , puis « The Girlfriend Expérience » et enfin, « The Informant !« .

Quelques mois après avoir dirigé Sasha Grey en Call-girl, Steven Soderbergh change totalement d’univers et revient au cinéma en compagnie de « The Informant !« , un petit cru Soderbergh, mais un cru tout ce qu’il a de plus sympathique, notamment parce qu’il est emmené par un Matt Damon improbable qui s’éclate dans la peau d’un menteur pathologique. S’inspirant d’une d’histoire vraie, Steven Soderbergh nous propose donc de nous plonger dans le cirque pour un film qui va se révéler être attachant.

Mark Whitacre est un cadre très bien placé qui travaille chez Archer Daniel Midlands, qui est tout simplement l’un des géants de l’agroalimentaire. La vie sourit à Mark de son sourire le plus éclatant et son avenir s’annonce sans aucune ombre. Et pourtant, c’est dans ce cadre-là que Mark va décider de dénoncer son groupe, qui en secret s’accorde avec ses rivaux sur des prix. Mark, en discrétion, va devenir informateur pour le FBI et sa vie va en être chamboulée à tout jamais…

Avec une cadence d’autant de films par an, il vrai que tout ne peut pas être de qualité supérieure et Soderbergh ne peut pas faire de grand film à tous les coups. Certains de ses films peuvent même passer totalement inaperçu et c’est le cas de « The informant !« , ce qui est dommage.

Pour clôturer ses années 2000, Steven Soderbergh a décidé de s’aventurer dans une farce, car oui, c’est ce qu’est « The informant !« . Une farce où mensonges et vérités se conjuguent, se confondent et finalement s’entremêlement tellement que cette histoire un peu folle en devient aussi fascinante qu’elle peut avoir tendance à nous perdre de temps à autre.

« The Informant !« , c’est donc l’histoire d’un homme en manque de reconnaissance et qui va trouver un moyen très étrange de se faire remarquer. Le principal atout de ce film, c’est Matt Damon qui s’en donne à cœur joie pour composer le personnage totalement décalé qu’est Mark Whitacre. Franchement, ce personnage est génial, car il est totalement imprévisible. Menteur pathologique, fourbe, naïf et en même temps extrêmement intelligent, Matt Damon tient là un personnage complexe et c’est presque jouissif de le suivre dans ces mésaventures et cette série de mensonges et de dissimulations. Et c’est qui est encore plus terrible, c’est la façon dont ces mensonges entraînent tout le monde avec lui, d’où l’idée d’une farce finalement. Cette vie que nous proposent de suivre Steven Soderbergh et Matt Damon est une farce et un peu comme tout le monde dans ce film, on se fait avoir.

Puis avec ce personnage décalé, avec cette idée de chevalier blanc qui vient défendre le consommateur, Steven Soderbergh s’amuse avec l’idée et l’image de l’American dream et de l’assesseur social. « The Informant ! » est un film qui est très riche. C’est un film qui est aussi dense, puisque Steven Soderbergh nous propose une histoire qui se déroule sur plus de dix ans. C’est un film qui aborde beaucoup de sujets en peu de temps et c’est peut-être là son plus grand défaut, car même si l’on s’amuse à suivre ce personnage et cette affaire, il faut dire que parfois le film est confus, et l’on peut avoir tendance à s’y perdre. Tout n’est pas toujours très clair, et finalement, on se dit que soit Steven Soderbergh aurait dû resserrer son intrigue, soit il aurait dû prolonger son film pour pleinement tout développer, et cette deuxième solution n’aurait pas été dérangeante, puisque malgré tout, on se plaît devant « The Informant ! » et en avoir plus, aurait été aussi sympa.

Pour ce film, Steven Soderbergh nous plonge au cœur des années 90 et son ambiance est chouette, son rythme ne possède pas de temps mort, et qu’au-delà, le film essaie plein de petites choses à droite et à gauche. On appréciera le petit côté humoristique qui souligne tout le film et pousse encore un peu plus à l’idée d’une farce.

Par contre, dans un autre sens, on restera dubitatif sur la photographie, qui en plus de se tromper d’époque, renvoyant souvent aux années 50, a parfois des couleurs, notamment en soirée, tellement appuyée, que tous les personnages ont un teint orange, ce qui a tendance nous sortir à chaque fois de l’histoire, avec des interrogations sur le pourquoi de ce choix.

Enfin, il faut absolument mentionner le travail génial de Marvin Hamlisch qui s’occupe de la BO et livre là l’une des meilleures BO d’un film de Soderbergh. Une BO jazzy et folk à la fois. Une BO cool, décontractée, qui donne une jolie saveur à l’ensemble et pousse encore un peu plus l’idée de farce. En plus de ça, cette BO sait aussi se fait plus « sombre » et elle souligne parfaitement les émotions et les troubles des personnages.

« The Informant ! » n’est pas un grand film de Steven Soderbergh, mais ce n’est pas pour cela qu’il n’est pas intéressant, divertissant et attachant. C’est même d’ailleurs ce dernier adjectif qui lui convient le mieux. « The Informant ! » est un film attachant de par son intrigue, son ambiance et surtout, ce personnage, impeccablement campé par un Matt Damon qu’on n’avait encore jamais vu comme ça. Sans être un essentiel de la filmographie de Soderbergh, « The Informant ! » mérite toutefois qu’on s’y arrête et qu’on lui fasse un peu plus de lumière.

Note : 14/20