avril 26, 2024

Joe Bonamassa – Redemption

Avis :

Joe Bonamassa est un guitariste qui n’a plus rien à prouver à personne. Apprenant la guitare dès l’âge de quatre ans, le musicien s’ouvre très rapidement au blues et au rock qui deviendront son fonds de commerce. Ouvrant pour les plus grands lors de gros concerts, il va devenir une vraie pointure à partir des années 2000, atteignant même la première place dans les charts, notamment avec So, It’s Like That, son deuxième album. Ogre de travail, il va participer à plusieurs projets durant une même année, parvenant à exister parfois dans trois projets en même temps, comme en 2011 où il sort deux albums (l’un avec des reprises, un autre avec Beth Hart) et un album avec son groupe Black Country Communion. Bref, Joe Bonamassa est un tueur et avec Redemption, sorti en 2018, il propose son treizième album solo qui ne contient que des titres exclusifs. La question que l’on peut se poser, c’est est-ce que ce dynamisme, est-ce que cette prolifération, ne nuit pas à la qualité de son travail ? On sait pertinemment que quantité n’est pas toujours égale à qualité, et est-ce que cet adage colle à l’artiste en question ? La réponse est clairement non et Redemption est là pour le prouver, puisque ce treizième album est une réussite.

Le skeud débute avec Evil Mama et on retrouve le style si particulier de Joe Bonamassa. C’est-à-dire un mélange très rythmé de blues, de rock et de jazz. L’ensemble fonctionne à merveille, laissant bien évidemment beaucoup de place à la guitare, mais avec des cuivres et d’autres instruments qui se répondent pour offrir un ensemble gracieux et terriblement dansant. Ce côté festif, on va le retrouver dans plusieurs pistes de l’album, mais surtout dans King Bee Shakedown, le morceau suivant, qui donne une furieuse envie de dandiner du fessier. Si l’aspect blues passe un peu derrière le côté rock n’roll, on retrouve un joli solo qui rappelle les fondamentaux du musicien. Des fondamentaux qui reviennent nous prendre à la gorge sur des titres tout simplement sublimes, comme le très efficace Love is a Gamble, où le rythme est purement blues, et la voix du chanteur comme parfaitement à ce genre musical. C’est doux, technique et vraiment addictif. Dans le même style, on peut citer Just Cos’ You Can Don’t Mean You Should, un peu plus rock, mais qui possède une ligne de basse qui souligne parfaitement cet aspect bluesy. Quant à Redemption, qui est le morceau éponyme de l’album, on se retrouve face à un country blues aux relents rock qui fait plaisir à attendre, un titre que ne renieraient pas les Rival Sons, mais en version plus calme.

Mais si le blues et le rock sont le sel de Joe Bonamassa, l’artiste essaye toujours de sortir des sentiers battus, ou de varier ses capacités afin d’aller là où on ne l’attend pas forcément. Par exemple, Molly O’ fait penser à un bon vieux rock irlandais des années 80, mais toujours en gardant la particularité du guitariste qui offre sa voix chaude et ses gimmicks à un titre touchant et très réussi. On peut aussi évoquer Pick up the Pieces, qui est un morceau jazzy à souhait, prenant ses origines dans les films des années 40/50, où l’on imagine bien un groupe de gangsters faire une partie de poker à l’arrière d’un bar mal famé. C’est à la fois grisant et entêtant, le chanteur donnant l’envie de s’envoyer un bourbon tout en dodelinant de la tête au rythme de la basse. Mais très clairement, là où le musicien gère le mieux son art, c’est dans les ballades et les moments plus calmes. Ainsi donc, la première grosse baffe que l’on va prendre sera avec Self-Inflicted Wounds, qui prend aux tripes, notamment grâce à son rythme lancinant, mais grâce à son refrain qui rentre immédiatement en tête. C’est beau, c’est plein d’émotion, et ça marche du feu de dieu. Et que dire du sublime Stronger Now in Broken Places, qui demeure un morceau ultra classique, mais qui est fait avec le cœur et qui touche au plus profond. D’une douceur infinie, ce titre est un petit bonbon qui fait du bien et qui montre à quel point l’artiste est complet, aussi bien dans la maîtrise de son instrument que dans sa maîtrise vocale.

Au final, Redemption, le dernier album en date de Joe Bonamassa, est une belle réussite. Si certains titres restent plus classiques que les autres, l’artiste n’hésite pas à se mettre en danger sur certaines pistes, allant chercher des références dans le jazz des années 40 ou encore le rock des années 80. Il en résulte un album complet, varié, qui donne autant envie de pleurer que de danser en l’espace d’un peu plus d’une heure. Bref, une bien belle galette pour un artiste prolifique, mais toujours aussi talentueux.

  • Evil Mama
  • King Bee Shakedown
  • Molly O’
  • Deep in the Blues Again
  • Self-Inflicted Wounds
  • Pick Up the Pieces
  • The Ghost of Macon Jones
  • Just Cos’ You Can Don’t Mean You Should
  • Redemption
  • I’ve Got Some Mind Over What Matters
  • Stronger Now in Broken Places
  • Love is a Gamble

Note: 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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