Titre Original : The Lady From Shangai
De: Orson Welles
Avec Orson Welles, Rita Hayworth, Everett Sloane, Glenn Anders
Année: 1948
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame, Policier
Résumé :
A Cuba, Michael, marin irlandais en quête d’un emploi, sauve d’une agression une jeune femme, Elsa. Le mari d’Elsa, avocat célèbre, offre à Michael d’embarquer sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Elsa et Michael tombent amoureux et Grisby, l’associé de Bannister, s’aperçoit de cet amour. Il veut disparaître et propose à Michael 5000 dollars pour signer un papier dans lequel il confesse l’avoir tué.
Avis :
Orson Welles, génie de cinéma, d’écriture et de mise en scène, fut reconnu comme tel dès son premier film, le plus que culte et chef d’œuvre incontournable « Citizen Kane« . Mais le cinéaste n’a pas que « Citizen Kane « comme chef d’œuvre à son actif. Sa carrière compte bons nombres de films qui sont élevés à ce rang et cela sur tout le long de sa fabuleuse carrière. Une carrière qui aujourd’hui fascine et inspire encore et toujours de futurs cinéastes et les cinéphiles du monde entier.
D’Orson Welles, je ne connais que trop peu de films et c’est toujours avec beaucoup de curiosité que je me lance dans l’un d’eux. Après les chefs d’œuvre que sont « Citizen Kane » et surtout « Le Procès« , je m’attendais à un autre chef d’œuvre de la part du réalisateur, mais ce ne sera pas le cas et pourtant, on n’en est pas loin. « La Dame de Shanghai » restera un film magnifiquement dramatique, dont la beauté est affolante, mais dont il manquera un petit quelque chose pour que le film accède à la case chef d’œuvre.
Michael est un marin irlandais en quête de travail. Un soir, alors qu’il se promène dans un parc, il sauve une jeune femme d’une agression. Cette femme est l’épouse d’un riche avocat. Après avoir raconté à son mari sa mésaventure, ce dernier, Bannister, décide d’embaucher Michael comme commandant sur son yacht. Ensemble, ils partent pour un beau voyage. Parmi les passagers se trouve Grisby, l’associé du mari d’Elsa. Quand ce dernier découvre que Michael et Elsa sont tombés amoureux, il fait un chantage étrange à Michael. Grisby, qui a envie de disparaitre, propose alors à Michael de signer un papier sur lequel il est écrit que Michael a tué Grisby.
« La Dame de Shanghai » est un classique du cinéma américain. Un classique signé d’une main de maître par Orson Welles. C’est un film aussi sombre qu’il est trompeur dans sa romance que nous offre-là l’immense réalisateur.
L’intrigue est romanesque, pleine de faux-semblant qui sont toujours plus passionnants les uns que les autres. Orson Welles nous entraîne dans son histoire et l’on se laisse emporter comme une vague emporte le sable sur la plage et nous laisse nous enfoncer tranquillement dans ce dernier.
Magnifiquement raconté, même s’il faut quand même noter que le film est assez alambiqué parfois (mais ce aussi ce qui en fait le charme), « La Dame de Shanghai » demeure un petit bijou indémodable d’écriture, de rebondissements, de perfidie et de mystères. Très originale, l’histoire est aussi intrigante que prenante. Polar vicieux, film romantique logé quelque part entre le drame et la passion, Orson Welles garde son suspens entier pendant toute la durée de son film. C’est avec un joli sens de la narration que le cinéaste nous dirige vers un film que l’on peut aisément qualifié d’insoupçonnable. D’ailleurs, on est si surpris par ce final qu’il nous donne de suite l’envie de revoir le film, pour savoir si au deuxième visionnage, le réalisateur aurait dissimulé des indices par-ci par-là, qui pourrait nous donner des pistes et peut être nous dévoiler un tout autre film.
En plus d’un scénario au petit aux petits oignons, « La Dame de Shanghai » jouit d’un esthétisme magnétique. Une photographie sublime, des plans travaillés, des séquences bluffantes. Comme pour les précédents films de Welles, « La Dame de Shanghai » détient des scènes qui ne sont pas prêtes de quitter notre esprit. Et plus particulièrement la dernière scène, perdue dans un labyrinthe de miroir qui est à elle seule une leçon de cinéma.
Puis le réalisateur magnifie ses acteurs, filmant Rita Hayworth en femme fatale d’une manière totalement amoureuse. L’actrice est sublime à chaque plan. Belle, intrigante dès la première scène dans la calèche, elle dégage une telle présence que comme le personnage qu’incarne Orson Welles, on en tombe littéralement amoureux. Orson Welles qui joue aussi dans son film, dégage un charisme incroyable, un charme pas possible que seul les comédiens de ces années avaient. C’est bien simple, l’acteur n’a pas besoin de parler pour nous faire comprendre chacun de ses ressentis. Bref, c’est une grande composition qu’il nous offre et le couple fonctionne à merveille dès leur première rencontre. Puis enfin, on a envie aussi d’évoquer Glenn Anders, qui incarne à merveille l’intriguant Grisby, personnage génial et troublant que le comédien tient à bout de bras.
Magnifique, intense, prodigieux dans sa mise en scène, « La Dame de Shanghai » est à coup sûr l’un des plus grands films d’Orson Welles. Classique du cinéma, le film doit être vu ne serait-ce que pour Rita Hayworth dans un rôle qui lui sied à merveille. Ou encore pour toutes les idées que Welles développe. Ou encore pour ce final bluffant aussi bien dans sa narration que dans son visuel. Bref, « La Dame de Shanghai » est un grand bijou qui passe vraiment pas loin du chef d’œuvre.
Note : 18/20
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Par Cinéted