mars 19, 2024

Fantôme – Jo Nesbo

fantome_Jo Nesbo

Auteur : Jo Nesbo

Editeur : Gallimard

Genre : Thriller

Résumé :

Trois ans après avoir démissionné de la police norvégienne et s’être exilé à Hong Kong, Harry Hole revient à Oslo. Mais, cette fois-ci, l’affaire s’annonce plus difficile que prévue, intime et douloureuse : Oleg, le fils de Rakel, le grand amour de Harry, a été arrêté pour le meurtre d’un dealer avec lequel il s’était acoquiné. Tout semble accabler le jeune homme. Ne manque plus que le mobile.
Très vite, Harry découvre que la victime et Oleg officiaient pour un mystérieux groupe de dealers, dirigé par quelqu’un dont on ne sait pour ainsi dire rien, hormis son nom : Dubaï. L’apparition de Dubaï à Oslo a coïncidé avec celle d’une nouvelle drogue dans les bas-fonds de la ville, la fioline, une substance créant une dépendance très forte mais qui n’est pas aussi destructrice que d’autres stupéfiants comme l’héroïne.
Alors que la corruption semble gangréner les différents échelons du pouvoir politique et de la police locale, Harry met, sans le savoir, les pieds dans une fourmilière criminelle et va très vite devenir la proie des différents malfrats qui œuvrent dans l’ombre pour le maintien d’un statu quo…

Avis :

Dans la famille très étendue des auteurs scandinaves, il est parfois difficile de s’y retrouver. Valeur refuge pour tout amateur de polars, la scène nordique côtoie autant les grands noms au talent incontesté que les best-sellers dont on ignore la raison de leur succès. Encensement critique et commercial, intrigue sournoise, atmosphère délétère, sans oublier un panel de protagonistes bourrus, les superlatifs dissimulent souvent des ouvrages surestimés, voire pompeux et pénibles pour certains d’entre eux. Aussi, il est difficile de distinguer à quelle catégorie un roman appartient quand on ne connaît pas forcément son auteur.

Jo Nesbo est pourtant un écrivain confirmé (première publication en 1997) qui offre une certaine régularité dans son œuvre : 17 livres en 15 ans. Il a donc eu l’occasion de constituer un vivier de lecteurs fidèles et de perfectionner ses histoires au fil des ans. Derrière le titre nébuleux du présent ouvrage se cache la neuvième aventure de son personnage fétiche : Harry Hole. Que l’on se rassure, il n’est nul besoin de connaître la saga dans son entièreté pour comprendre ce polar. Celui-ci recèle une enquête indépendante et, malheureusement, d’une banalité presque navrante tant les ficelles se font et se défont sans la moindre surprise.

Traiter d’un thème aussi récurrent et exploité que la drogue exige une approche différente, à tout le moins singulière pour étonner et éviter de lasser son lectorat. Or, l’intrigue se montrera beaucoup trop atone pour capter notre attention. Un cadavre, des investigations, un coupable accusé à tort, une plongée dans le milieu du crime organisé et la déchéance des junkies… On pioche çà et là des idées pour les amalgamer dans un récit bancal d’une profonde platitude. Développer un contexte permet d’asseoir l’ambiance au sein des pages, s’y consacrer pleinement ne fait que rendre son histoire répétitive et vide de sens.

L’auteur évoque constamment le visage peu glorieux d’Oslo : ses quartiers sordides, ses drogués qui jonchent les rues ou ses dealers sans scrupules. Cette profusion de clichés propres aux grandes villes se poursuivra sans jamais faiblir. La multitude de trafics voit se succéder une multiplication des points de vue aléatoires et complètement surfaits. Les séquences longues remplissent les passages à vide du récit sans vraiment se justifier. On a beau s’immerger de force entre les lignes, l’alchimie ne fonctionne pas. La faute à un ennui permanent qui plombera l’intrigue du début jusqu’au dénouement.

Pour appuyer ces propos, Harry Hole occupe avec nonchalance le devant de la scène. Blasé, indifférent, compétent à l’extrême et caractériel de surcroît ; rien ne semble lui résister. Pour tout dire, on a l’impression qu’il s’extirpe d’un vieux roman noir des années 1950. Et ce n’est pas son retour aux sources, sa quête de rédemption ou ses investigations qui changeront la donne. De fait, sa personnalité fausse la suite des événements. Le suspense n’est donc pas de rigueur, même pour un esprit non averti. Les protagonistes secondaires sont, pour la plupart, antipathiques et paumés de par leurs choix et leurs motivations. Rien de bien recommandable ni de marquant.

Au final, Fantôme se révèle un polar prévisible et ennuyeux. Le rythme atone enlise la progression dans une succession de séquences sans relief. Ce n’est pas forcément mauvais ou mal écrit, mais l’absence de fulgurances, d’éléments singuliers ou de rebondissements crédibles empêche d’apprécier pleinement le livre. À cause d’un contexte surdéveloppé et de personnages creux et peu attachants, il en découle une lecture dénuée d’intérêt ou même d’un plaisir coupable. Morale douteuse et conclusion bâclée achèveront le peu d’égard que l’on aurait pu avoir. Quant au titre peu évocateur et peu inspiré, il dissimule sans doute la nature du roman. À savoir, terriblement transparent.

Note : 08/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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