
Auteur : Glenn Cooper
Editeur : Le Cherche-Midi
Genre : Thriller, Historique
Résumé :
1129. Lors du Concile de Troyes, Bernard de Clairvaux, directeur de conscience des cisterciens, joue de tout son pouvoir pour faire reconnaître par l’Église l’Ordre des Templiers, avant de militer activement pour la tenue de la deuxième croisade en Terre Sainte.
2010. Ruac dans la région de Sarlat. Par le plus grand des hasards, un étrange manuscrit médiéval est retrouvé, dissimulé dans les murs d’une abbaye cistercienne. C’est la confession d’un moine, le frère Barthomieu, datée de 1307, l’année où, sur ordre de Philippe Le Bel, les Templiers furent arrêtés et emprisonnés. Hugo Pineau, restaurateur de livres anciens, et Luc Simard, archéologue, travaillent activement sur les messages codés contenus dans le texte. Bien vite, leurs recherches les conduisent dans une immense galerie de passages souterrains située sous le village. C’est au cœur de ce labyrinthe, dans une caverne cachée, qu’ils vont tenter de percer les énigmes de Berthomieu et, peut-être, le secret des Templiers. Mais ils ne se doutent pas qu’ils viennent ainsi d’entrer dans un jeu qui va vite s’avérer mortel.
Avis :
Les nombreuses légendes qui entourent l’ordre des Templiers constituent une source d’inspiration inépuisable pour les récits d’aventures, ainsi que les thrillers ésotériques. La plupart des auteurs de renom versés dans ce dernier genre ont abordé ce thème pour un ouvrage, au minimum. On songe, entre autres, à Dan Brown, Giacometti et Ravenne ou Raymond Khoury. Sorti entre deux tomes de la série Will Piper, Le Testament des Templiers amorce l’incursion de Glenn Cooper dans ce registre. S’il est difficile de trouver une approche novatrice ou un angle guère exploité à ce sujet, force est de constater que leur histoire fédère toujours autant d’engouement et de fascination.
L’entame du présent ouvrage n’est pas pour déplaire. Elle expose les différents intervenants et une découverte initiale à même de reconsidérer l’histoire de l’humanité, du moins dans les intentions. Les premiers chapitres suggèrent donc un récit entraînant à plus d’un titre. Pour autant, la narration s’essouffle rapidement et fournit de multiples prétextes pour atermoyer sur des situations ou des séquences qui ne demandent pas tant d’attention ni de détails. On songe à la mise en place laborieuse de la campagne de fouilles et, surtout, à des moments de séduction superficiels. Au lieu de creuser la personnalité des protagonistes, cette tendance à la drague vise uniquement à satisfaire de bas instincts.
Si l’on peut toujours apprécier une manière détournée d’amener son propos, le lecteur finit par s’interroger sur le bien-fondé de l’intrigue. Certes, les recherches archéologiques demeurent attrayantes autour d’une grotte où l’art pariétal relève du chef d’œuvre. Il est aisé de distinguer la passion et l’intérêt d’une telle découverte. Toutefois, l’auteur s’écarte de son sujet si bien qu’il n’a sans doute jamais voulu mettre en corrélation les Templiers avec la période du paléolithique et d’autres digressions historiques. Ces dernières font office de remplissage pour alourdir l’action et éviter d’aborder le cœur réel du roman. À ce stade, l’est-il encore ?
On se penche sur le XIIe siècle, ainsi qu’une époque reculée (vers 30 000 avant Jésus-Christ). Avec le contexte contemporain, ils disposent d’un cadre commun. Il s’agit du seul lien tangible et plausible pour justifier à minima ces évocations aussi longues que vaines. Ces éléments vont même bifurquer vers des considérations complotistes lorsque le cœur du mystère est éventé avec autant de maladresse que de prévisibilité. Certains aspects sont avancés de façon prématurée et sans grande conséquence pour la crédibilité du récit. À ce stade, l’intrigue ne s’embarrasse d’aucune cohérence et se plaît à disséminer des allusions sur les conflits mondiaux du XXe siècle. À la rigueur, ceux-ci auraient davantage d’importance que les Templiers eux-mêmes.
C’est bien simple, il n’est fait mention de l’ordre qu’au terme de l’aventure, et ce, d’une manière négligée, presque contrainte. Au regard de l’enrobage éditorial, du titre à la couverture, ce choix relève de la publicité mensongère. Et cet a priori contribue grandement à la mauvaise appréciation générale du récit. Au lieu d’avancer une influence préhistorique qui aurait pu rappeler des œuvres telles que Les Enfants de la Terre, on se retrouve avec un camouflet littéraire mené avec bien peu d’enthousiasme. On songe à ces protagonistes agaçants ou ces enjeux qui usent de retournements de situation prévisibles pour poursuivre l’intrigue dans de piètres conditions.
On s’interroge également sur une conclusion ratée qui délaisse le thriller ésotérique au profit de considérations fantastiques aussi farfelues qu’improbables. Preuve en est avec des péripéties qui multiplient les coups d’éclat pour aboutir à un dénouement ridicule. Entre les velléités d’instances gouvernementales secrètes et les ambitions de pseudo-immortels au fil des siècles, on assiste à un terme grand-guignolesque qui n’hésite pas à sombrer dans quelques délires psychédéliques ; sexe, drogue, mais sans rock’n roll à l’appui. L’intrigue y perd tout intérêt, y compris dans les enjeux qu’elle avait dépeints auparavant.
Au final, Le Testament des Templiers demeure un ouvrage trompeur sur son contenu et son propos. Au lieu de s’insinuer dans un thriller ésotérique sur fond de mystères séculaires, on nous dessert des recherches archéologiques hors contexte. Il faut compter sur des faux-fuyants ostensibles pour éviter d’entrer dans le vif du sujet. Par la même occasion, on occulte toutes les connaissances historiques relatives à l’ordre des Templiers et cela ne concerne pas les hypothèses maintes fois ressassées. À cela s’ajoute une intrigue à la progression fluctuante, percluse de longueurs et de quelques séquences d’action guère mémorables. Il en ressort un ouvrage mensonger, pénible et guère engageant.
Note : 07/20
Par Dante