novembre 12, 2025

Le Gang des Amazones – Braquage au Féminin

De : Mélissa Drigeard

Avec Lyna Khoudri, Izia Higelin, Laura Felpin, Mallory Wanecque

Année : 2025

Pays : France

Genre : Drame, Policier

Résumé :

Au début des années 90, cinq jeunes femmes, amies d’enfance, ont braqué sept banques dans la région d’Avignon. La presse les a surnommées “Le Gang des Amazones”. Ce film est leur histoire.

Avis :

Mélissa Drigeard est une réalisatrice et scénariste française qui s’est d’abord fait connaître comme actrice avant de passer derrière la caméra. Après quelques courts métrages, elle signe des films comme « Jamais le premier soir » ou « Tout nous sourit« , des comédies modernes où l’humain, les relations et les émotions ont toujours la première place. Son cinéma est souvent lumineux et drôle, mais aussi attentif à ses personnages et à leurs blessures intérieures. Avec « Le gang des amazones« , elle quitte la comédie pure pour s’aventurer sur un terrain plus social, plus dramatique, tout en gardant cette tendresse de regard qui la caractérise.

Et si on parlait de braqueuses françaises ? C’est en écoutant un podcast d’ »Affaires Sensibles » que Mélissa Drigeard découvre l’histoire du gang des amazones. Mais là où beaucoup auraient fait un film d’action enchaînant les braquages et glorifiant ses braqueuses, la réalisatrice française a décidé, elle, de s’intéresser au pourquoi. Pourquoi, d’un coup, cinq copines se lancent à l’assaut de banques ? Il en ressort un film intéressant, plein d’aventures, ambitieux, mais derrière ça, surtout un film social touchant et riche. À ce jour, « Le gang des amazones » se pose comme le meilleur film de sa réalisatrice.

« Tout en finesse et émotion »

Dans une petite ville de province, cinq femmes d’origines et d’âges différents partagent la même galère. Mères célibataires, ouvrières ou caissières, elles travaillent dur, cumulent les petits boulots et ne voient jamais le bout du tunnel. L’une d’elles, Cathy, en a marre de tout ça. Elle veut s’en sortir et surtout sortir ses amies de la merde dans laquelle elles se trouvent. Alors elle s’intéresse à une banque. Une idée s’impose et bientôt, elle en parle aux autres.

Justesse, histoire et émotion : voici les ingrédients de ce film de braqueuses, dont l’histoire a été quelque peu oubliée avec les années, chassée par des faits divers plus durs. À notre époque, faire un film de braquage au féminin, c’est intéressant. Même si, à l’horizon, on pourrait craindre un film féministe un peu trop programmatique, fait pour « piquer » aux hommes un genre qui leur est d’ordinaire réservé (coucou « Ocean’s 8« ). Heureusement, ici, il n’en est rien. C’est même tout l’inverse. « Le gang des amazones » est un film qui retrace une histoire vraie. Et avec cette histoire, comme je le disais, Mélissa Drigeard s’est intéressée à ce déclic, à ce qui pousse toutes ces femmes à se lever un matin et à braquer des banques. Et plus loin encore, la cinéaste va raconter leur histoire : l’avant, le pendant et l’après.

Tout en finesse et émotion, « Le gang des amazones » s’emploie à retracer le quotidien de ces femmes, leur environnement social, leurs difficultés, leurs envies de s’entraider, puis leurs amitiés. Tout cela se conjugue très bien dans un récit plus dense qu’il n’y paraît. Ici, il est question de misère sociale, de justice, de coups d’éclat, de compréhension, et le tout flirte avec le documentaire. Mélissa Drigeard s’est vraiment intéressée à dresser le portrait de ses personnages plus qu’à autre chose. La réalisation ne les glorifie pas. Et tout en en faisant des victimes, elle ne les excuse pas pour autant. Non, « Le gang des amazones » est plus subtil que cela.

« un film très bien tenu par cinq comédiennes étonnantes »

En fait, ce film se pose presque comme un témoignage : celui de femmes laissées sur le bas-côté, poussées à bout par un système, et qui, face à la précarité et au manque de perspectives, n’ont trouvé d’autre moyen que cette solution. Et cette histoire, bien qu’elle se déroule entre 1989 et 1995, résonne encore aujourd’hui, de par bien des aspects.

« Le gang des amazones« , c’est aussi un film très bien tenu par cinq comédiennes étonnantes, chacune à sa manière. Si le film reste centré sur le personnage de Lyna Khoudri, excellente en braqueuse déterminée, il faut absolument mentionner Izïa Higelin et Laura Felpin, bouleversantes dans le rôle de femmes “lambda”. Ces “madame-tout-le-monde” qui n’ont aucun autre choix et qui, une fois arrêtées, vont totalement assumer leurs actes. Ensemble, elles forment un groupe crédible, émouvant, profondément humain.

Enfin, « Le gang des amazones« , c’est aussi un film qui étonne par sa mise en scène. Très différent de tout ce que Mélissa Drigeard a réalisé jusqu’à présent, le film s’aventure au début des années 90. La réalisatrice, n’ayant pas d’immenses moyens, a dû trouver des astuces pour faire revivre ces années-là sans que ça coûte un rein. Elle a donc pris la décision d’être au plus proche de ses personnages, de leurs visages et de leurs émotions, ce qui donne un sentiment de proximité rare. Peu de plans larges, mais une intimité sincère, une émotion resserrée qui fonctionne très bien.

Certes, le film est un peu long à se mettre en place et on pourrait lui reprocher un côté presque poussif au début, car il faut installer tout le contexte social que la réalisatrice veut explorer. Heureusement, grâce à une mise en scène simple et efficace, tout finit par se resserrer pour nous entraîner dans une histoire à suspense. Enfin, pour ceux qui, comme moi, ne connaissaient pas cette histoire.

En faisant le choix de se rapprocher au plus près de ses personnages, Mélissa Drigeard signe un film étonnant et touchant. « Le gang des amazones« , c’est un film de braquage, certes, mais plus que ça, c’est un film social, profondément humain, brillamment retranscrit. Un film qui dresse un portrait juste de ses personnages : avec leurs craintes, leurs décisions, leurs forces. Sans les glorifier, sans les juger non plus, Mélissa Drigeard nous les présente telles qu’elles sont, avec leurs qualités, leurs failles et leur courage. Et ça, ça m’a beaucoup touché.

Note : 15/20

Par Cinéted

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