
De : Scarlett Johansson
Avec June Squibb, Erin Kellyman, Chiwetel Ejiofor, Jessica Hecht
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Comédie
Résumé :
Eleanor Morgenstein est une femme de 94 ans pleine d’esprit et pétulante. Après une perte bouleversante, elle raconte une histoire qui prend un tournant dangereux.
Avis :
Scarlett Johansson est une actrice que j’aime beaucoup et que je suis depuis cette connerie assez tordante qu’est « Arac attack, les monstres à huit pattes« . Depuis, entre comédies, blockbusters et films d’auteur, Scarlett s’est fait une très belle place à Hollywood. Puis comme beaucoup de comédiens avant elle, elle a fini par céder à l’appel de la caméra. Ce premier film, ce sera « Eleanor the Great« , un petit film porté par une actrice, June Squibb, quatre-vingt-quatorze ans, absolument incroyable. Depuis sa présentation à Cannes et ses six minutes d’ovation, le film a plus qu’attisé ma curiosité.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, « Eleanor the Great » est un film qui est tout simplement magnifique. C’est le genre de film qui te prend par surprise : je m’attendais à un drame doux, et je me suis retrouvé embarqué dans un portrait touchant de solitude, d’amitié et de deuil, le tout livré avec une poésie inattendue. Scarlett Johansson nous offre une histoire pleine d’envolées et même si l’intrigue est assez attendue parfois, la réalisatrice déjoue tous les pièges. Et lorsqu’elle tombe dans ce qui pourrait être un piège, elle le fait sans pathos. À la fin, on en ressort le cœur suspendu, les yeux humides, le sourire aux lèvres, et surtout l’envie d’y revenir, car cette “Eleanor the Great” est une bulle d’émotions qui fait du bien. Bravo.
« Pour son premier film, Scarlett Johansson frappe fort et juste »
Eleanor Morgenstein est une veuve de 94 ans. Après la mort de sa meilleure amie, elle quitte la Floride pour s’installer chez sa fille à New York. La vieille dame s’ennuie. Elle est seule, jusqu’au jour où, se trompant de salle au centre juif de la ville, elle tombe dans un groupe de survivants de l’Holocauste. Elle commence à raconter des souvenirs de son amie décédée, comme si c’était les siens, juste pour garder son amie vivante encore quelques instants, et c’est là qu’elle rencontre Nina, une étudiante de 19 ans. Elles deviennent amies, et ensemble, elles explorent le deuil, le pardon et le fil ténu qui relie les générations.
Pour son premier film, Scarlett Johansson frappe fort et juste en livrant un film qui sonne comme un petit chef-d’œuvre. « Eleanor the Great » est un très bel exemple du film qui est capable de nous faire passer du rire aux larmes en l’espace de quelques instants. Le film mélange finesse et humour avec un parfum subtil. Eleanor, c’est une mamie qui n’a pas la langue dans sa poche et qui est capable de punchlines comme seules les vieilles personnes en sont capables. On rit beaucoup devant « Eleanor the Great« .
« »Eleanor the Great » est un film qui parle de la mémoire, du passé »
Savoureusement construit, le film oscille parfaitement entre humour et émotion. Car oui, derrière les punchlines de son personnage, Scarlett Johansson livre un film qui est bien plus dense et émouvant qu’il n’y paraît. Derrière les blagues, il y a un regard magnifique et magique sur le deuil et la solitude des personnages âgées. « Eleanor the Great » est un film qui parle de la mémoire, du passé, de ces « ceux qui restent » après un départ brutal ou non. Puis face au passé, Scarlett n’oublie pas le présent, abordant la solitude à tout âge, dans toutes conditions. La réalisatrice aborde le manque de communication, puis la culpabilité d’être là. La culpabilité d’avoir perdu ou de se terrer dans le silence.
Au fil des scènes, il se construit une véritable authenticité. C’est beau, c’est tendre, c’est dur, mais lorsqu’on fait les comptes de tout cela, ça frappe juste et fort. Après, on ne peut nier aussi que la beauté et l’émotion du film viennent de ses acteurs et actrices. Sublime June Squibb qui apporte tendresse et grain de folie. Tout comme on comptera aussi sur Erin Kellyman et Chiwetel Ejiofor qui apportent tellement à cette histoire.
« C’est délicat et intelligent. »
“Eleanor the Great”, c’est aussi un film qui tient un vrai rythme. Avec ce premier film, Scarlett a tout compris à la façon de raconter son histoire. “Eleanor the Great”, ce n’est ni bavard, ni lent. Tout est là : les dialogues, les silences, les regards, juste ce qu’il faut de musique pour souligner, sans écraser. Il y a quelque chose dans ces images, dans ces scènes et ces séquences qui fait qu’on ressent la vie, les regrets et les espoirs. Bref, l’actrice/réalisatrice démontre un très bel œil, pour un cinéma discret et doux à la fois.
Plus haut, je disais que Scarlett évitait les pièges et lorsqu’elle tombait dedans, elle arrivait à s’en sortir avec brio, et là, impossible de ne pas penser à ces scènes où le personnage raconte la vie de son amie. Il y a tout pour faire du pathos et pourtant, c’est fait avec tellement de douceur que ça marche vraiment. C’est délicat et intelligent. Et ça amène à des moments forts. Des moments qui bousculent et nous tiennent en apesanteur.

Ainsi, ce premier film signé Scarlett Johansson est un immense oui. « Eleanor the Great » est un film qui a embarqué mon cœur et mes émotions. C’est une caresse délicate qui sait nous tenir avec douceur jusqu’à son final, qui nous laisse le sourire aux lèvres, et comme je le disais avec l’envie d’y revenir. Cette première fois pour sa réalisatrice nous laisse désormais rêveur. Loin, très loin du cinéma dans lequel elle navigue depuis quelques années maintenant, avec ce film, Scarlett Johansson démontre un très bel œil et une belle envie de cinéma d’auteur, loin de toute prétention. Bref ce film est un petit bijou. Bravo.
Note : 17/20
Par Cinéted
