
Avis :
S’il est un genre qui a du mal à se démocratiser dans nos contrées françaises, c’est le Death mélodique mais à tendance progressif. Entendez par là un métal qui alterne chant clair et growl, riffs saturés et guitares aériennes, ainsi que de longues plages musicales et techniques. Si on a des groupes qui ont percé dans ce genre, comme Paradise Lost ou My Dying Bride, ils restent assez peu connus chez nous, certainement la faute à une génération qui a besoin d’immédiat et de morceaux moins longs. Une génération du vide, qui a constamment une envie de consommer à tout va, et ne semblant pas capable de se concentrer plus de trois minutes. Oui, ça fait discours de vieux con grincheux, mais c’est aussi une vérité pour qui travaille dans l’éducation, à plus ou moins grand âge. Et c’est justement à cette génération que s’adresse Nailed to Obscurity.
Formation allemande formé au milieu des années 2000, c’est en 2007 que sort leur premier album, Abyss, avant de se séparer de leur chanteur, et de signer chez Apostasy Records pour leur deuxième effort studio, Opaque. Par la suite, le groupe va signer en 2019 chez Nuclear Blast, leur permettant alors de sortir leur quatrième album, Black Frost, et il faudra attendre six ans pour voir débouler le cinquième skeud de la formation teutonne, Generation of the Void. Un album qui n’était pas si attendu que ça, le groupe n’ayant pas le même statut que les formations britanniques citées en préambule, mais qui annonce l’arrivée d’un nouveau bassiste. Et on aurait tort de se priver d’un tel groupe, car à l’écoute, ce nouvel effort est une vraie réussite, arrivant à trouver un bel équilibre entre violence et tendresse, mais aussi technicité.
Le skeud débute avec Glass Bleeding, et ça démarre très fort. Les riffs sont acérés, le chant est en growl, et rien n’est laissé au hasard. Cette percussion d’entrée de jeu va permettre alors de donner plus de force à la douceur qui arrive derrière. Le chant clair est propre, et on se retrouve un peu dans l’univers d’un Dark Tranquillity. Ajoutons à cela un superbe solo, et on a un titre vraiment excellent comme première impression. Liquid Mourning ne sera pas là pour tergiverser, arrivant à proposer un Death mélodique puissant, ne sombrant jamais dans la facilité, même si on peut lui imputer une structure similaire au premier titre. Mais qu’importe, la mélodie est prégnante, et l’ensemble se tient magistralement. Puis Overcast déboule, et ce sera une énorme mandale dans la trogne. Long de six minutes, on fait face à un titre complet et savamment structuré.

Le début est cathartique au possible, ne laissant guère de répit, et nous empoignant par le col. Puis le milieu sera bien plus doux, en chant clair, avec une mélodie plus éthérée. Quant à la fin, on va en prendre plein les tympans, faisant une boucle avec le début. Bref, un petit chef-d’œuvre. Spirit Corrosion, qui fait suite, sera un peu moins marquant, mais le groupe semble en avoir conscience, et délivre alors un titre plus mercantile, avec un refrain qui reste bien en tête. Il est même étrange que les allemands n’aient pas choisi ce titre pour défendre leur album sur la toile. Generation of the Void continuera cet assaut avec des refrains très marqués et entêtants, sans oublier une belle technique, et une certaine lourdeur dans les compositions. Lourdeur qui peut faire dichotomique avec le chant clair, relativement présent.
Arrive alors le plus gros morceau de l’album, Echo Attempt. Long de plus de huit minutes, le titre est tout simplement incroyable. D’un point de vue construction, le morceau est complexe, sans pour autant se faire élitiste. On navigue entre plusieurs rythmiques, plus chants, et l’ensemble tient la route, avec une technique solide et d’excellents passages. Allure va alors calmer tout le monde, avec près de trois minutes de calme, pour s’énerver un peu plus vers la fin. Clouded Frame viendra renouer avec un aspect à la Paradise Lost, avec une alternance growl/clair parfaitement menée, et une vraie puissance dans les riffs. Misery’s Messenger annonce un démarrage presque « country » avant de partir ailleurs, mais il s’agit du titre le plus faible de l’album. Enfin, The Ides of Life vient nous secouer une dernière fois avec fermeté mais tendresse, et c’est tout simplement divin.
Au final, Generation of the Void, le dernier album de Nailed ot Obscurity, est une vraie réussite, et un album qui possède plein de niveaux de lecture. Empruntant le sentier sinueux du Death mélodique à tendance Prog comme on peut le trouver en Suède ou en Angleterre, les allemands montrent un savoir-faire intéressant, et des compos qui valent vraiment l’écoute. Bref, un excellent album qui mérite d’être plus mis en lumière.
- Glass Bleeding
- Liquid Mourning
- Overcast
- Spirit Corrosion
- Generation of the Void
- Echo Attempt
- Allure
- Clouded Frame
- Misery’s Messenger
- The Ides of Life
Note : 17/20
Par AqME