octobre 14, 2025

Pearl Harbor – La Guerre Boursouflée

De : Michael Bay

Avec Ben Affleck, Josh Hartnett, Kate Beckinsale, Alec Baldwin

Année : 2001

Pays : Etats-Unis

Genre : Guerre, Romance

Résumé :

Amis depuis la plus tendre enfance, Rafe McCawley et Danny Walker sont deux brillants pilotes de l’armée de l’air américaine. La Seconde Guerre mondiale a commencé, mais les Etats-Unis n’ont pas encore engagé les hostilités. Rafe succombe bientôt au charme d’Evelyn Johnson, une jeune infirmière. C’est le coup de foudre. Mais ce dernier part combattre aux côtés des Britanniques. Evelyn et Danny sont, quant à eux, transférés sur la base américaine de Pearl Harbor.

La paisible existence de ces deux jeunes gens bascule lorsqu’ils apprennent la mort de Rafe. Evelyn partage son chagrin avec Danny et un amour naît de leurs confidences. Rafe est pourtant vivant. En cette journée du 7 décembre 1941, les retrouvailles et les explications vont devoir être reportées à plus tard : au même moment, près de 200 bombardiers japonais surgissent dans le ciel de Hawaï pour une attaque surprise.

Avis :

La bataille de Pearl Harbor, durant la Seconde Guerre mondiale, a fait l’objet d’un grand nombre d’adaptations au cinéma, et cela depuis les années 50 avec notamment Tant qu’il y Aura des Hommes de Fred Zinnemann. Enorme défaite américaine, très mauvaise lecture de la stratégie japonaise, il n’en fallait pas plus pour que les américains s’emparent du sujet, afin d’en faire un récit hagiographique, où les vrais méchants sont les nippons, et les américains sortent alors leurs héros de la poche pour amoindrir cette catastrophe. Michael Bay, le roi des explosions et des films à gros budget bien teubés, décide au début des années 2000 de faire un film grandiloquent sur cette célèbre bataille, mais il veut aussi y incorporer de la romance, histoire d’épaissir une intrigue au-delà de ladite bataille. Il en résulte alors Pearl Harbor, une grande fresque de trois heures.

Déjà, à l’époque, les critiques n’étaient pas dithyrambiques. Il ne suffit pas de faire un film de trois heures pour qu’il soit bien, c’est un fait, et il faut avouer que la partie romance prend bien trop de place dans ce récit à la fois historique et guerrier. Le film se découpe en trois parties bien distinctes. Et la première est peut-être la plus lourde, la plus mal rythmée, et la plus indigeste. Il faut dire que le réalisateur y injecte tout ce qui fait une romance neuneu, avec un soldat américain qui va tomber amoureux d’une infirmière, et qui va tout faire pour la conquérir, au point de lui parler comme on déclame un poème. C’est sirupeux au possible, et cela prend le pas sur l’amitié entre les deux futurs pilotes, qui vont alors se déchirer pour la même femme.

« Pearl Harbor se rattrape avec sa deuxième partie »

Parce que oui, c’est plus rigolo et mélodramatique de faire un triangle amoureux, en jouant sur la lenteur des correspondances, et sur la supposée mort du soldat, pour faire flancher le cœur de son meilleur ami et de sa petite copine. La construction est lourdingue, et le film nous plonge dans des relations ambiguës qui ne servent jamais vraiment l’intrigue. A un tel point que même lorsque les combats commencent, on se retrouve avec une infirmière triste, qui ne sait plus à quel homme se vouer. Cette première partie est vraiment lourde, d’autant plus qu’elle élude les relations secondaires, cantonnant alors les infirmières à des rôles de potiches prêtes à se faire sauter par n’importe quel homme pourvu que ce soit un soldat… Une vision très réductrice, et qui ne gagnera pas des galons au fur et à mesure de l’intrigue.

Fort heureusement, Pearl Harbor se rattrape avec sa deuxième partie qui, pour le coup, ressemble plus à du Michael Bay. Là, le réalisateur se décide à parler de la stratégie des japonais, et nous plonge en plein dans le conflit, avec les bombardements, les affrontements, et les morts injustes. Pendant une bonne heure, on va en prendre plein les mirettes, et le film ne fait pas dans la dentelle. D’autant plus que les effets spéciaux n’ont pas pris une ride, et que l’ensemble est emballé avec une belle mise en scène, et un certain sens de la dramaturgie. La panique est partout, les cadavres s’enchaînent, et globalement, la longue séquence d’attaque demeure impressionnante. Il est dommage que l’on retombe à chaque fois sur la mise en avant de deux pilotes doués qui vont, à eux seuls, mettre en déroute l’aviation nippone.

« on reste sur une émotion au rabais. »

Au-delà de ça, malgré des séquences impressionnantes et une action qui ne faiblit jamais, on reste sur une émotion au rabais. Si on assiste impuissant à la mort de nombreux soldats, notamment ceux qui seront noyés dans les cales des navires, on ne ressentira rien pour eux, car ils sont sous-développés. Le film s’attarde trop sur son triangle amoureux pour nous faire ressentir de l’empathie envers les autres personnages, et cela malgré un casting incroyable, avec un parterre de stars impressionnant. A quoi ça sert d’aligner Jon Voight, Alec Baldwin, Jennifer Gardner, Tom Sizemore, Dan Aykroyd, Cuba Godding Jr. et bien d’autres, si c’est pour faire de vagues personnages sans une grande importance. Malgré ses trois heures, Pearl Harbor manque de consistance sur ses personnages, et l’écriture s’avère trop pataude pour convaincre totalement. Et cela se ressent aussi sur la troisième partie du film.

Une fois Pearl Harbor terminé, le film envoie une troisième partie, la révolte des américains, qui vont répliquer immédiatement. Ici, le film joue à fond la carte des héros américains qui vont sauver la nation. On a droit à tous les clichés, du mécano zinzin qui arrive à créer des bombardiers légers, à l’infirmière qui règle ses comptes avec son premier amour en lui annonçant sa grossesse, le tout avec la mise en scène tape-à-l’œil de Michael Bay, filmant les larmes avec un beau coucher de soleil. Bien évidemment, la fin se veut tragique, histoire de nous faire verser une larme (sans coucher de soleil), mais cela est tellement téléphoné que rien ne viendra nous surprendre. D’autant plus que l’évènement marquant permet de régler le souci amoureux, le tout dans un happy end attendu et porté par des valeurs purement ricaines et puritaines.

Au final, Pearl Harbor est un film boursouflé à l’extrême, et qui contient toutes les scories propres à Michael Bay. Dès qu’il faut filmer de l’action et mettre en images des batailles grandiloquentes, le réalisateur est à l’aise, et offre un spectacle réjouissant. Cependant, le film s’attarde trop sur son triangle amoureux et sa romance cucul la praline, avec des émotions qui manquent de justesse et des dialogues qu’une mièvrerie à faire pâlir la plus prude des midinettes. Bref, Pearl Harbor est un film qui aurait pu prétendre à une pléthore de récompenses, mais qui se vautre trop souvent dans le mélo grotesque pour totalement plaire, et c’est bien dommage…

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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